pétrole dans les alpes

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Pourquoi ne retrouve-t-on pas de pétrole dans les alpes de haute provence alors que du point de vue géologique on a affaire à la même structure que celle du Moyen-Orient?
Merci d'avance
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comme personne n'a l'air plus renseigné que moi, voici les réponses ou du moins les hypothèses avancées dans mon rapport.

Pour former du pétrole, il faut, au départ, des déchets organiques. Ces déchets peuvent être d’origine animale ou végétale. Ils sont composés de carbone, d’hydrogène, d’azote et d’oxygène. A leur mort, ces organismes sont généralement détruits et digérés par les bactéries.
Mais, s’ils se déposent dans des milieux pauvres en oxygène tels que des mers fermées, des lagunes, des lacs ou des deltas, ils échappent à l’action des bactéries.
Comme l’environnement est pauvre en oxygène, des réactions réductrices ont lieues et les bactéries utilisent l’oxygène et l’azote des matières organiques pour les transformer en kérogène. Les matières organiques sont recouvertes de sédiments (sables, argiles, sel,…) qui s’accumulent pendant des millions d’années. Les nouveaux sédiments compactent ceux déjà présents dont la porosité diminue et l’eau est expulsée.
Le poids des sédiments est tel que des affaissements de l’écorce terrestre peuvent se produire. Le kérogène est alors entraîné à des profondeurs importantes où la température est plus élevée. Il y subit un craquage thermique. Cette réaction élimine l’azote et l’oxygène; les chaînes moléculaires se cassent et se réorganisent en molécules plus ou moins courtes composées de carbone et d’hydrogène uniquement : les hydrocarbures.
La transformation du kérogène en hydrocarbures a lieu dans une roche souvent argileuse, appelée « roche mère ». Comme les hydrocarbures sont plus légers que les roches qui les entourent, ils ont tendance à remonter vers la surface : c’est la migration. Si les hydrocarbures arrivent en surface, les matières volatiles s’évaporent et on les retrouve sous forme de bitumes. Mais, si au cours de leur migration, les hydrocarbures rencontrent une couche imperméable, ils sont piégés. Ceux-ci se retrouvent dans une zone perméable (généralement du sable, des carbonates ou des dolomites) qu’on appelle la « roche-réservoir » et ne peuvent s’échapper à cause d’une couche imperméable (composée d’argile, de schiste et de gypse), la « roche piège » formant une structure-piège.
En résumé, il faut vraiment un concours de circonstances favorables (matières organiques, milieu réducteur, élévation de la température et piégeage) pour que naisse un gisement de pétrole. Dès lors, on comprend d’une part pourquoi seule une infime partie de la matière organique formée au cours des ères géologiques a été transformée en énergie fossile et, d’autre part, pourquoi ces précieuses ressources sont réparties de manière très disparate dans le monde.
Si on considère spécifiquement le cas des Alpes de Haute-Provence, on peut envisager que au moins une des ces conditions n’ait pas été remplie, rendant impossible la formation et le piégeage du pétrole bien que les matières organiques aient sans nul doute été présentes. Plusieurs hypothèses sont alors émises concernant la ou les conditions non remplies.
Il pourrait premièrement s’agir du milieu qui n’était pas suffisamment réducteur ou en d’autres termes qui comportait trop d’air et n’était pas assez calme. De tels milieux ont surtout été fréquentés, par toutes sortes d’animaux, pendant le Primaire, ère à propos de laquelle la colonne lithostratigraphique ne nous renseigne pas. Quant aux fossiles présents aux Secondaire et Tertiaire, il est difficile de définir leur milieu de vie parce que la plupart du temps, ces espèces ont commencé à coloniser tous les milieux de vie à partir du début du Secondaire voire de la fin du Primaire.
La deuxième hypothèse porterait sur l’absence de « roche piège ». En effet, la région visitée comportait principalement des marnes et des calcaires. Or, la marne correspond à un mélange de calcaire (20 à 80%) et d'argile. L’argile est poreuse mais imperméable alors que les calcaires sont non poreux mais perméables. Dans ces conditions, les marnes pourraient avoir plutôt tendance à être perméables. Les marnes et calcaires formant le socle des Alpes de Haute-Provence ne constitueraient alors peut-être pas de roches suffisamment « piègeantes ». Toutefois, si tel était le cas et que du pétrole s’était formé dans ces couches grâce à un milieu assez réducteur et un enfouissement adéquat pour atteindre les bonnes conditions de température et de pression nécessaire à sa formation, celui-ci se serait normalement retrouvé sous forme de bithume à l’affleurement. Cependant, nous n’avons rien remarqué de tel lors de notre stage. Par ailleurs, ce même pétrole, s’il a été formé avant le Trias, pourrait avoir été retenu par la couche de Keuper qui comporte du gypse, a priori fort imperméable. D’après les données recueillies, il n’en n’est rien.
Ceci amène à la troisième hypothèse qui concerne les conditions de pression et de température proprement dites. Celles-ci ont bien entendues existées mais il est fort possible qu’elles n’aient tout simplement pas été adéquates à la formation de pétrole. Pour que le kérogène se transforme en hydrocarbures, il faut atteindre environ 60°C, soit une profondeur à peu prés équivalente à 1500m. A ce stade, rien ne nous permet de vérifier cette hypothèse malgré qu’elle nous paraisse être la plus sensée.