Bonjour à tous,
En "sous marin" sur le forum depuis quelque temps déjà, je lis de nombreux posts sur la rénovation, réhabilitation, reconstruction de l'habitat ancien et des règles de l'art qui y sont associées.
Je prépare un futur projet de rénovation d'un ancien corps de ferme familial dans le Vercors (38), dans le but d'y résider en famille. Des travaux importants sont prévus, et je souhaite demander conseil car j'ai quelques doutes sur un sujet qui anime les foules: l'isolation dans le bâti ancien en pierres. Plutôt rencardé sur ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire, j’admets transgresser quelques règles malgré les avertissements et j'espère ne pas payer trop cher les conséquences.
Avant toute chose, je tiens à préciser que ce post ressemble à plusieurs autres que j'ai déjà lu sur le forum, mais sur lesquels je n'ai trouvé quasiment aucun retour d'expérience après travaux, ce qui est bien dommage car les solutions proposées et probablement retranscrites sur le terrain sont potentiellement très intéressantes, sans pour autant que l'on puisse s'en inspirer et tenter de les améliorer pour des projets équivalents.
Afin de cerner un peu mieux le projet, voici quelques détails sur l'habitation en question:
il s'agit donc d'une maison en pierre, à 800m d'altitude au pied des falaises de la chaine du nord du massif du Vercors, une des plus vieilles bâtisses du hameau, construite en pierres calcaires ramassées dans les champs argileux des alentours, ou taillées dans les carrières locales (pour les quelques appuis de fenêtres et linteaux en pierre).
Les murs épais étaient à l'origine maçonnés à la terre et à la chaux, et ont été il y a plusieurs dizaines d'années, recouverts par un immonde enduit ciment taloché grossièrement: l'humidité persistante aura eût raison des parois intérieures du rez de chaussée ou l'on y retrouve salpêtre et auréoles, les dalles en béton maigre posées sur terre plein, surement sans hérisson, sont fissurées et l'eau pénètre donc dans le logement par capillarité. Les quelques parois enterrées ne possèdent pas de drain ni d'enduit coté extérieur, les pierres jointées à la terre (sans chaux) laissent donc passer l'eau qui s'infiltre petit à petit vers l’intérieur. Les planchers bois sont pourris, les nez de poutres moisis par l'humidité des murs, le manque de ventilation d'aidant pas.
Un projet de restructuration complète du bâtiment est en cours de planification pour l'année prochaine, avec à la clé des dalles à casser, des planchers à tomber, des drains à poser, des murs à décrépir, puis tout à reconstruire...
Passionné par ce type de chantier et fier de me lancer dans ce projet pour ma famille, je ne suis pas du métier mais j'ai des connaissances, un peu d'expérience, et je pense être suffisant habile de mes 10 doigts pour m'occuper de bien des tâches que je ne souhaite pas confier à des professionnels qui me semblent, en toute humilité, bien moins renseignés que moi et me proposent des solutions qui me paraissent inadaptées, le tout à un tarif qui m'apporte une grande motivation à m'en occuper moi même.
Pour en venir au fait, j'ai plusieurs points sur lesquels j’émets des doutes dans mes calculs et sur mes réflexions et pour lesquels je sollicite vos conseils et m'engage à vous apporter un retour d'expérience sur mes travaux (si toutefois j'arrive au bout vivant, vu l'ampleur des dégâts !).
Premier point: l'isolation.
Je compte isoler les murs par l'intérieur, je connais les conséquences (perte d'inertie, difficultés d'isolation etc...), mais la n'est pas la question mon choix est fait, exit l'ITE.
Je m'oriente plutôt sur le montage suivant (extérieur vers intérieur):
Enduit chaux aérienne + sable // Mur pierres calcaires 50cm // enduit chaux (type à déterminer?) + sable // Laine de bois flexible 80mm première passe // Laine de bois flexible 40mm deuxième passe sur ossature métallique 48mm // Frein vapeur étanchéité à l'air // contre ossature 48mm vide pour passer les réseaux // parement BA13.
J'entends déjà les puristes pro-chanvre ou pro-rustique me maudire, mais sachez que je fais au mieux, avec mes moyens et mes possibilités.
Mon incertitude réside sur le frein vapeur et notamment sa valeur SD: du fait du mur en pierre coté extérieur, le principe de SD décroissant est difficile à respecter, en hiver le frein vapeur nécessite une valeur SD importante pour bloquer l'humidité piégée à l'intérieur de l'habitation (merci la VMC), et s'apparente donc à un pare vapeur qui bloque complètement la vapeur d'eau: SD= 100m. Pour autant, l'humidité dans la paroi risque bien de se former quand même, et aura du mal à se dégager complètement vers l'extérieur, même si le mur en pierre est enduit à la chaux aérienne. Je pensais donc m'orienter vers un frein vapeur "hygrorégulé" qui, l'été, abaissera sa valeur SD pour laisser sécher les parois et évacuer l'humidité via l'isolant et l'intérieur de la maison. Mon raisonnement est-il correct ? Qu'en est il des freins vapeurs, existe t-il des produits capables de monter la valeur SD aussi haute l'hiver et la faire baisser très bas l'été ? Qu'en est-il de la fiabilité de ces systèmes dans le temps ?
Deuxième point: le traitement des parois enterrées.
Sur toute la face nord de l'habitation les murs en pierre sont enterrés coté extérieur sur environ 2m. Les pierres non jointées sont à même la terre argileuse qui déverse les eaux ruisselantes à même la paroi, qui s'infiltrent et ressortent dans des anciens celliers qui finirons reconvertis en chaufferie, buanderie et salle de bain: il est donc important d'assainir tout cela avant de reconstruire.
Je projette d'installer un système de drainage coté extérieur qui récupèrera les eaux qui ruissellent jusqu'à la maison, sans pour autant assécher le terrain et risquer une rétractation due à l'argile.
Je souhaiterais pour autant en profiter pour enduire les murs coté extérieur sur les parties enterrées, je connais les effets néfastes du ciment sur les pierres, mais dans mon raisonnement et ma logique, je n'arrive pas à trouver des avantages à enduire ces parties à la chaux: le but étant d'éviter à l'eau de s'infiltrer dans la paroi. Quoi qu'il arrive si des remontées d'eau par capillarité venaient à emmagasiner dans les murs, je suppose qu'elles auraient tendance à s'orienter vers l'intérieur par facilité (plutôt que vers l'extérieur, et ce, que la paroi soit enduite à la chaux ou au ciment sur la partie en contact avec la terre) pour s'assécher. Je comprends les puristes qui matraquent les non initiés à s'orienter vers ces matériaux anciens, et ils ont tout à fait raison, mais dans ce cas, j'ai beaucoup de mal à croire qu'en étanchéité est inadaptée ?
Je suis ouvert à la discussion sur le sujet, et j'aimerais vraiment arriver à trouver des personnes qui pourraient m'apporter leur retour d'expérience sur ce sujet...
J'espère avoir pu apporter le maximum de précisions mais n'hésitez pas à me demander si certains points sont à éclaircir.
J'aurais probablement d'autres problématiques liées à ces sujets que je vous exposerais ici, en espérant que le sujet intéresse !
Un grand merci d'avance et à très bientôt.
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