Week-end de pentecôte en famille dans la reculée de Baume-les-Messieurs, dans le Jura. Le ciel y est magnifiquement préservé, la grande ville la plus proche étant Besançon à plus de 70km.
Etant logé en chambre d'hôtes je ne peux pas utiliser le 200, fût-il de voyage, car je ne dispose pas du temps nécessaire au montage et à la mise en température. De plus le premier quartier de lune n'incite pas à tenter le ciel profond.
Je décide donc de m'équiper ultra-léger: ma lunette d'autoguidage, une achromatique Antares 80/480, un pied photo et trois oculaires. J'embarque donc les Plössl de 32 et 25mm et le Nagler de 13mm. Celui-ci m'offre un champ immense et un grossissement de 36x, le maximum avec cette lunette avant que le chromatisme devienne vraiment rédhibitoire. Les achro à court f/D c'est quand même très limité. Je rajoute le filtre Baader Fringe Killer dans le sac au cas où.
Après un petit coup d'oeil à la Lune le premier soir, je m'installe un peu mieux pour le second. Je m'abrite derrière un mur pour masquer les quelques lampadaires du village. Le ciel est très prometteur!
Première cible, la Lune à nouveau. Elle rentre plus que largement en entier dans le Nagler. Elle montre un beau liseré vert sur le limbe... L'ajout du filtre Fringe Killer l'estompe très efficacement et fait gagner un gros cran en finesse d'image générale mais teinte l'image en jaune. Le spectacle n'en est pas moins agréable, la Lune est un monde dont je ne me lasse pas.
Je pointe ensuite Saturne: là encore, le Fringe Killer se révèle indispensable. La planète se présente, à ce faible grossissement, comme un petit disque barré d'un très fin trait et flanqué de deux satellites. Mais l'essentiel n'est pas là: le champ considérable du Nagler permet de l'admirer flottant dans l'espace, entourée de dizaines d'étoiles. C'est la première fois que je la découvre sous cet angle.
Cette mise en bouche, terminée, je pars à l'assaut du ciel profond. Entre le premier quartier et le diamètre de 80mm dont je dispose, je ne vais pas taquiner la galaxie de magnitude 12... Mais je vais tenter quelques cibles brillantes. J'enlève le Fringe Killer qui me mange de la lumière, sur les objets diffus c'est moins critique.
Je pointe tout d'abord M13. Là encore, la vision de l'amas lui-même est bien sûr très en-deçà de ce que sort le 200. Je vois néanmoins une belle tache floue bien brillante qu'avec un peu d'imagination j'arrive à discerner légèrement granuleuse. Mais surtout, quel champ! L'amas est littéralement perdu dans l'immensité étoilée. Je discerne sans problème la couleur des plus brillantes étoiles, la belle bleue et la grosse orangée qu'on voit si bien sur les photos. La vision est féerique.
Je pointe aussitôt M57 pour voir ce que ça donne. Elle m'apparaît comme un minuscule rond de fumée verdâtre, posé comme un bijou dans un ciel de velours constellé d'étoiles (ce CROA va finir par ressembler à un discours du maire de Champignac...) Les deux étoiles de la Lyre qui l'encadrent sont tout juste en dehors du champ.
Avant de partir, je tente M51 et M97. Mais la Lune est vraiment près de la zone. Il est possible que je les aies devinées mais je ne saurais l'affirmer. L'absence de chercheur point rouge (j'ai un 6x30 de base) ne m'aide pas à pointer!
Il est temps de replier le matériel. Mais sur le chemin du retour, le Scorpion me fait coucou de la pince entre deux montagnes... Il y a M4 dans le coin, ça se tente! Je repose vite fait la lunette et parcours la zone avec le 32mm. Hop, le voilà! Tache floue très étendue mais faible, le Nagler l'assombrit trop. Je ne suis néanmoins pas mécontent de l'avoir vu.
Voilà donc un baptême du feu pour mon Nagler de 13mm sur un instrument inattendu mais tout de même très convaincant. Associé à la petite focale de la lunette, il m'a permis de découvrir des objets connus avec un oeil nouveau, les replaçant dans leur contexte cosmique.
C'est décidé, cet été j'y retourne avec le 200!
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Envoyé par Vincent Becker 
!! ) 
ciel secret ?
