Toujours de ma position de non-spécialiste:
ce qu'évoque Sebsheep ne serait-il pas le paradoxe de Russel?
Ce que je trouve extraordinaire dans la démonstration de ce paradoxe, qui dit en quelque sorte qu'un ensemble n'existe pas, alors même que sa "compréhension", càd la propriété de ses éléments, censée le définir, semble parfaitement admissible intellectuellement, c'est quelque chose d'assez stimulant et énigmatique pour l'esprit:
Les ensembles qui seraient ses éléments existent, par exemple des livres ne se citant pas eux-mêmes, et néanmoins leur ensemble, celui qui serait censé les contenir comme éléments, n'existe pas.
Pour ma part j'ai eu du mal à "encaisser" ça, du fait que ma première approche, en classe de cinquième du lycée en 1960, m'avait été enseignée en illustrant le concept d'ensemble par la notion de collection d'objets du quotidien.
Or, certes, il est tout à fait concevable, même pour un esprit non averti, que le catalogue des catalogues ne se citant pas eux-mêmes ne peut être constitué, puisque 's'il se cite c'est qu'il ne se cite pas, et que s'il ne se cite pas alors il devrait se citer'.
Mais "dans l'abstrait", on peut se dire dans un premier temps qu'il y aurait toujours moyen de le considérer.
J'ai lu la démo de sa non-existence dans "Introduction à la théorie des ensembles" de Paul Halmos, Jacques Gabey éditeur, dès le chapitre 2, celui sur l'axiome de choix. (démo parfaitement compréhensible pour le débutant adulte). Il en conclut ceci:
***Je cite:
... nous avons démontré que rien ne contient tout, ou, dans un langage plus frappant, il n'y a pas d'univers .
"Univers" est pris ici dans le sens de "univers du discours", signifiant, dans toute discussion particulière, un ensemble qui contiendrait tous les objets qui entrent dans cette discussion.
Dans les approches anciennes (préaxiomatiques) de la théorie des ensembles, l'existence d'un univers était considérée comme allant de soi, et la démonstration précédente était connue comme le paradoxe de Russel.
La morale de cette histoire est qu'il est impossible, particulièrement en mathématiques, d'avoir rien pour rien. Pour spécifier un ensemble, il ne suffit pas de prononcer quelques mots magiques (qui peuvent former un énoncet tel que x n'appartient pas à x. Il est nécesaire d'avoir sous la main un ensemble aux éléments duquel s'appliquent les mots magiques.
Fin de citation ***.
J'ai trouvé ce commentaire assez savoureux. Mais ce qui me semble le plus "difficile à encaisser", bien qu'en en ayant compris et logiquement accepté la démonstration, c'est que, comme il existe des livres ne se citant pas eux-mêmes, on peut définir sans contradiction (ou alors je me trompe) des ensembles ne se contenant pas eux-mêmes comme éléments, mais que néanmoins leur ensemble n'existe pas (je préfèrerais "n'est pas défini", mais là aussi je me trompe peut-être en croyant que 'n'existe pas' est la même chose que 'n'est pas défini'). En résumé, l'ensemble d'objets qui existe n'existe pas lui-même!
Je ne sais pas si cela intéresse quelqu'un chez les mathématiciens aguerris, mais pour moi l'articulation de la mathématique à la 'bonne logique paysanne' est remarquable notamment, comme dans le présent exemple, lorsque cette articulation est en fait une rupture entre le langage de l'une et de l'autre. Georges Bernard-Shaw, je crois, parlait des Anglais et des Américains comme "deux peuples séparés par une même langue". Pure analogie dans le présent contexte -mais c'était juste pour le fun.
Merci à tous pour ce que vous avez apporté dans cette discussion, et qui m'aura fait faire, je l'espère, quelques progrès depuis que j'ai ouvert cette discussion.
Salut bien à tous, et bien sûr vos remarques restent bienvenues pour moi .
P.S.: Question: Par contre s'il n'existe pas d'ensemble
B = {x appartient à A: x n'appartient pas à x },
il peut bien exister, je crois, un ensemble
B = {x appartient à A: (x n'appartient pas à x ET B différent de x)}
càd en exceptant B (comme ensemble des ensembles autres que lui-même ne se contenant pas eux-mêmes) de la propriété caractéristique. (ou je me trompe...?)
(... ceci indépendamment de l'intérêt que présenterait ou ne présenterait pas un tel ensemble...)
Cela apparemment se joue à un 'mot' près, l'ensemble B n'existant pas s'il est celui qui contiendrait tous les ensembles vérifiant la propriété, et pouvant exister s'il est défini comme les contenant sauf lui-même.
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