Doctorat en cotutelle

[invitebc62664e]

Bonjour,

Je commence ma dernière année de MBA (école de commerce) et je voudrais poursuivre l'an prochain par une thèse en sociologie des organisations.
On m'a proposé une convention Cifre, donc pas de problème pour le financement. Par contre, je ne sais pas comment m'y prendre du point de vue académique. Ai-je une légitimité, avec mon MBA, pour me présenter dans un doctorat de socio? Comment trouver un directeur de thèse? Faut-il passer un concours quelconque pour s'inscrire dans une école/université? Quelles sont les écoles/universités reconnues dans cette matière?
Et comme si cela n'était pas suffisamment compliqué, je voudrais faire une thèse en cotutelle franco-japonaise. Mais comment se passe le système de cotutelle? Faut-il aussi passer un examen d'entrée pour le Ph.D de l'université étrangère? Et comment contacter un directeur de thèse potentiel? J'ai bien repéré sur Internet des chercheurs qui s'intéressent à mon sujet, mais ne vais-je pas avoir l'air ridicule si je leur envoie simplement mon CV en disant "Bonjour-je-sors-de-MBA-prenez-moi"?
J'ai presque un an pour mettre tout ça en place, dont trois mois en échange universitaire au Japon, mais je suis pleine d'interrogations!
Quelqu'un aurait-il un avis, des éclaircissements, une expérience?
Merci!
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[bratisla]

bonjour,

dans tous les cas de cifre que j'ai vu passer, le montage financier est assuré par le laboratoire et l'entreprise avant de partir en chasse d'un candidat, ou alors qu'on en a un bon sous la main. Donc, si on t'a proposé un cifre, il n'y a pas de question à se poser sur le sujet de thèse (déjà défini par la convention) et peu de latitude de choix de directeur de thèse (un hdr du laboratoire, en général il n'y en a pas des centaines). Par contre, il me semble que le cifre exclut par nature toute possibilité de cotutelle officielle : tout au plus peut-on espérer collaborer avec un institut japonais (sur de la socio ) et arracher un couple de mois.
Si tu t'orientes vers une thèse en cotutelle, il faut déjà savoir si ton diplôme de MBA est bien un diplome de master en bonne et due forme : le Japon (comme tous les pays sauf la France) ne connait pas le système d'école de commerce, et ce sera beaucoup plus difficile de négocier sans master en poche. Ensuite, les thèses en cotutelle peuvent se financer par une grande variété de moyens, donc il faut bien surmonter la peur du ridicule et proposer son CV aux chercheurs français et japonais dans le domaine - ils feront circuler, et peut-être se dessinera une solution de cotutelle (ou quelqu'un est à la recherche d'un étudiant motivé pour une cotutelle). A la réflexion, c'est même le moyen qui assure le plus de chances : monter une cotutelle demande plus de travail que monter une thèse simple, et donc il faut plus pousser à la roue.

[invitebc62664e]

Merci de ta réponse. Mais ce que j'ai du mal à comprendre, étant complètement en dehors du système universaire, c'est: faut-il d'abord trouver un directeur de thèse ou s'inscrire dans une université? Bêtement, quand je pense inscription dans un nouvel établissement, je pense concours ou au moins sélection. Ce serait donc le fait de trouver un directeur de thèse qui te permettrait de t'inscrire quelque part, et non l'inverse? C'est peut-être une question idiote...
Pour la convention cifre, on ne me l'a pas proposée dans le cadre d'une convention avec un laboratoire. Il se trouve que je suis actuellement en stage et qu'au fil des discussions avec mon maître de stage nous en sommes venus à la conclusion que ce serait une excellente idée. Il faut donc que je fasse tout moi-même, trouver le sujet et le directeur. Le problème, justement, c'est que nous n'avons aucun contact ni l'un ni l'autre avec des laboratoires, mis à part dans le programme doctoral de mon école qui a l'inconvénient d'être reconnu comme Ph.D et non pas comme doctorat universitaire français, ce qui me gêne un peu (en plus du fait que l'une des raisons pour lesquelles je veux faire ce doctorat est d'échapper au monde des écoles de commerce). Pour le MBA en revanche, pas de problème, il est reconnu au niveau master.
Pour en revenir à la cotutelle, j'ai cru comprendre, dans la brochure de l'ANRT, qu'il y avait moyen de s'arranger pour faire passer ça en cifre. Mais il faut trouver les deux directeurs de thèse d'abord, et je me sens un peu dans la peau d'une ado qui se demanderait "comment trouver un amoureux", sauf que pour moi c'est "comment trouver un chercheur?". Je suppose que je vais donc lancer des CV à la mer.

[bratisla]

je comprends mieux ta problématique maintenant, merci de tes précisions !

Alors, je vais parler d'un point de vue pragmatique : le "plus important" dans une thèse (outre l'originalité du sujet et la qualité de l'équipe) c'est le financement - pour être sûr de manger des pâtes pendant 3 ans tout en se consacrant pleinement à son projet de recherche. Donc financement il faut chercher.
Pour trouver un financement, des équipes de recherche construisent des projets de recherche et vont sonner aux portes des bailleurs de fonds. Donc, pour un master quinenveut, il faut commencer par s'accrocher à une équipe de recherche qui va nous "propulser" vers la thèse (avec éventuellement une participation). La recherche de sous commence en général en décembre/janvier, et les réponses tombent entre mai et juillet dans la majorité des cas.

Donc, commence par mettre le pied dans la porte d'une équipe de recherche. Celui qui t'a dit qu'un cifre serait une très bonne idée étant manifestement hors du coup, je te conseille de te raccrocher plutôt à de "vrais" chercheurs. Donc tu fais un beau CV, et tu écris aux chercheurs qui t'intéressent pour nouer un premier contact - l'objectif est que ta demande enclenche un processus de recherche de bourse de thèse par l'équipe, et/ou que ton nom circule pour avoir des propositions.
Parallèlement, des équipes vont avoir des bourses de thèse sur projet, sans candidat précis (parce qu'ils veulent "du sang neuf" ou qu'ils n'ont pas de candidat potable sous la main). Pour avoir des infos sur ces bourses, et candidater, je vois trois moyens :
- cf précédemment, ton nom commence à circuler
- tu vas sur la Guilde des doctorants ou un portail d'infos sur ta thématique (ou l'assoc Bernard Gregory, peut-être) ou ici même sur futura-sciences, et tu guettes l'opportunité
- un truc qui m'a permis de dégotter un postdoc, c'est de réussir à se mettre sur des listes de mail qui diffusent des infos pour des bourses de thèse ou autres. Le mieux pour cela est d'avoir un labo de la thématique dans le coin un tant soit peu de taille respectable et organisé, de faire du charme auprès des chercheurs (doctorants, postdocs ou permanents) pour que ton nom soit ajouté à la liste de diffusion ...
- j'avais une quatrième idée en tête, mais je ne me souviens plus. Bref, l'idée générale est que ton nom circule un max, et d'avoir un max de canaux d'information ouverts.
- voilà ça me revient : tu vises une entreprise potentiellement intéressée par un cifre, tu les convainc de lancer un cifre, et ils trouveront un labo qui va obligatoirement sauter de joie à l'idée d'avoir un cifre (ça permet audit labo de se faire bien voir et d'être bien noté)

Il ne faut pas avoir peur devant ce que je t'ai dit : c'est juste un peu de relations publiques, faire un CV propre, et attendre. Et il ne faut pas désespérer : j'avais commencé à rechercher un postdoc en janvier, mon directeur de thèse à l'époque m'a dit "ouiiiii ne t'inquiète pas je vais en trouver un pour toi concentre-toi sur la rédaction" ce que j'ai fait (bêtement), j'ai recommencé à chercher en juillet et en octobre j'ai candidaté à une bourse de postdoc inopinée (le candidat initial étant allé dans le privé) suite à une info qui avait circulé sur une liste de diffusion de doctorants. Et j'ai eu un beau postdoc sans difficultés (mis à part le marseille-Brest à faire pour le déménagement)
Bon courage, ne t'épuise pas et ne désespère pas, fais-en un peu tous les deux jours tranquillement - les labos sont toujours en quête de chair à canon de recherche, y'a pas de soucis de ce côté-là.

[A voir en vidéo sur Futura]

[invitebc62664e]

Merci de ta réponse. Quand je parle de mon actuel maître de stage, je parle d'un stage capitaliste, à la direction stratégique d'une grande entreprise (on fait des choses comme ça en école de commerce...). Donc quand je dis qu'on m'a proposé un Cifre, ce n'est pas une idée en l'air, c'est quelque chose de prêt à se concrétiser, du côté de l'entreprise. Du coup, la question de manger des pâtes ne me donne pas trop de souci. Mon problème, ce serait plutôt que j'ai potentiellement des cartons Panzani plein mon placard, mais pour le moment je ne peux que contempler de loin ces hypothétiques nouilles en attendant d'être reliée à l'eau courante. Ce qui m'inquiète, c'est l'idée que les labos me rient au nez en me voyant débarquer avec mon CV étiqueté "grand Kapital" et mon aura de contrôle de gestion, et pas une once de diplôme en sciences humaines.
D'après ce que tu me dis, ce n'est pas le cas le plus dramatique qui puisse exister, donc je vais peut-être arrêter les angoisses métaphysiques et lancer ma candidature un peu partout.

[bratisla]

De mon expérience, n'importe quel labo est heureux de voir une entreprise prête à cofinancer un CIFRE : obtenir une moitié de bourse alors que l'autre moitié est assurée est assez facile, et obtenir un partenariat avec une entreprise permet au labo d'être bien "noté" et à l'université d'être "bien vue" (étant donné que c'est ce qui est le plus important de nos jours - enfin passons). On peut même envisager que le directeur/la directrice de l'école doctorale lui-même mouille sa chemise pour ne pas laisser passer cette opportunité (en tout cas, j'ai déjà vu un directeur d'ED passer une nuit blanche pour sauver une bourse de thèse).
De plus, des laboratoires en sciences de gestion existent ; et rien qu'en économie (si j'en crois un doctorant en éco) ils travaillent beaucoup par paradigmes : certains vont travailler selon le paradigme marxiste, d'autre selon le paradigme de Smith, etc. Donc venir "du Grand Kapital" n'est pas synonyme de sceau d'infâmie, il ne faut pas croire les médias de masse dépeignant les chercheurs comme des fonctionnaires feignants anarchosyndicalistes trostkistes ... (oui je sais, même le Monde laisse donner cette impression)

Cependant, si c'est une proposition "sérieuse", fais le siège de la direction de recherche de l'entreprise pour arracher un accord solide, et commence à envoyer des propositions à des laboratoires, que ceux-ci puissent à leur tour participer à la construction du projet et aient le temps de faire les demandes de cofinancement - c'est le genre de projet qui ne se fait pas en un mois fin mai, les dossiers doivent être partis entre janvier et mars (ça dépend de qui finance).