Il ne peut y avoir d'interprétation statistique quand on sait tout. Or, quand un système supposé parfaitement isolé est dans un état initial supposé complètement connu, alors on sait tout tout le temps. Voila le démon de Laplace qui refait surface, son élimination reposant sur des considérations "pratiques" (ce qui est génant quand on veut appuyer les raisonnements sur des bases mieux justifiées et formalisées que des considérations réputées valides For All Practical Purpose).
On peut effectivement obtenir la croissance de l'entropie d'un système qui serait pourtant parfaitement isolé, mais à condition de ne pas tout savoir au départ et à condition de considérer une durée d'isolement réaliste (c'est à dire un système qui resterait isolé pendant un temps plus faible que la durée de vie supposée de l'univers par exemple).
L'appel à ces considérations dites "réalistes" ne doit pas pour autant masquer par quoi se traduit physiquement ce caractère réaliste, notamment l'absence pratique d'un isolement parfait, impossibilité pratique à l'origine de l'irréversibilité des évolutions réputées telles. En particulier, il n'y a pas de décohérence quantique possible pour un système et un appareil de mesure quantique qui formeraient un tout parfaitement isolé.
Ce qui est une autre façon d'exprimer le fait qu'il est impossible, en pratique, d'isoler un système.
Du moins explicitement. En effet, il n'est pas possible d'obtenir une évolution irréversible d'un système vraiment parfaitement isolé gouverné par des lois réversibles. C'est pourtant ce que l'on observe en pratique...parce que, en pratique, les systèmes ne sont jamais isolés.
Dans le théorème H, l'interaction avec l'extérieur provoquant l'irréversibilité (d'un gaz parfait "isolé") est modélisée par l'hypothèse du chaos moléculaire. J'étais arrivé à cette conclusion (après avoir pas mal potassé la question), conclusion qui s'est trouvée confirmée par une page du site du CNRS http://cel.ccsd.cnrs.fr/cours/cel-3/pottier8.pdf, page malheureusement devenue inaccessible. Elle avait été dénichée par Zoup1 lors d'une discussion sur cette question. Je l'avais lancée à l'époque ou j'avais encore des doutes (j'en conserve malgré tout) sur l'impossibilité (ou, à minima, la grande difficulté) de se passer de l'observateur pour définir l'écoulement du temps.
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