Bonjour, bonsoir,
Comme le titre l’indique, je voudrais parler d’un Paradoxe de Zénon, qui m’a longtemps fait croire que l’espace était discontinu, mais maintenant j’ai de sérieux doutes… En tout cas, le Paradoxe de Zénon a quelque chose de fallacieux, car, comme on va le voir, il suppose de considérer à la fois que l’espace est continu et discontinu, ce qui n’est bien sûr pas acceptable.
Je considère le cas d’une flèche qui est censée ne jamais atteindre sa cible, car la distance qui les sépare ne devient jamais nulle. En effet, quand la flèche a parcouru la moitié de la distance qui la sépare de la cible, soit AB/2 , il reste encore la même distance à parcourir. Ensuite, quand la flèche a parcouru la moitié du trajet restant, soit AB/4, il reste encore AB/4 à parcourir, et ainsi de suite. On obtient une suite qui converge vers zéro mais dont aucun terme ne vaudra jamais zéro, ce qui semble vouloir dire que la flèche n’atteindra jamais sa cible, puisque la distance qui la sépare de cette dernière ne s’annule jamais.
Certains pensent que le problème est résolu dès qu’on fait intervenir la notion de convergence de la suite, mais je pense que cela ne règle en rien le problème. La distance qui sépare la flèche de sa cible ne vaudra jamais zéro, donc la flèche ne devrait pas atteindre sa cible, point barre.
Ce constat est très troublant, car on sait bien qu’en fait la flèche va atteindre sa cible. Mais il y a ce qu’on peut considérer bel et bien comme une erreur dans le Paradoxe de Zénon :
En effet, si on considère que la flèche parcourt AB/2, puis AB/4, puis AB/8 etc… on voit bien que cette distance tend vers zéro, qu’elle peut donc être aussi petite que l’on veut sans jamais être nulle, ce qui veut dire qu’on considère que l’espace est continu. Si l’espace n’était pas continu, il existerait une distance «*d*» au-delà de laquelle on ne pourrait pas descendre, c’est-à-dire qu’il ne serait pas possible, par exemple, de parcourir d/2. Les objets en mouvement feraient des «*bonds*» au lieu d’avoir à parcourir toute la distance en continu.
Dans le Paradoxe de Zénon, on considère donc sans le dire que l’espace est continu. Mais il y a alors un problème : on a commencé par dire que la flèche avait déjà parcouru AB/2, et que seulement alors elle parcourait AB/4, ensuite AB/8 etc… Si l’espace est discontinu, il n’y a pas de problème : la flèche se déplace en faisant des «*bonds*» de longueur d ou nxd, où n est un nombre entier non nul. On comprend bien alors que la flèche va finir par atteindre sa cible.
Mais si l’espace est continu, comme on l’a supposé, c’est une autre histoire… Quand la flèche se trouve à son point de départ, elle doit déjà parcourir, par exemple, la distance d dont on a parlé précédemment. Mais si l’espace est continu, cette fois-ci elle doit d’abord avoir parcouru la distance d/2 pour qu’il puisse être question de parcourir la distance d. Et avant cela, elle doit déjà parcourir la distance d/4, d/8, d/16 etc… Comme cette suite tend vers zéro, mais cette fois dans un domaine continu, on voit que pour s’éloigner de son point de départ, la flèche doit parcourir la plus petite des longueurs d/2, d/4, d/8, d/16 etc… et finalement on trouve qu’elle doit parcourir la distance nulle, c’est-à-dire qu’elle doit rester sur place, et ceci une infinité de fois, puisqu’il y a une infinité de termes dans la suite d/2, d/4, d/8 etc… Autrement dit, au fur et à mesure que le temps passe, la flèche doit rester à son point de départ et elle ne parcourra donc jamais la distance AB/2, et n’atteindra donc jamais sa cible.
On voit donc qu’il y a une véritable erreur dans le Paradoxe de Zénon : on suppose sans le dire que l’espace est continu, mais si l’espace est continu, on n’avait alors pas le droit de dire «*quand la flèche aura parcouru la longueur AB/2*», puisqu’on a vu que la flèche va en fait toujours rester à son point de départ. Le Paradoxe de Zénon ne prouve donc rien, il n’est tout simplement pas valide.
On pourrait être tenté de conclure que tout cela montre que l’espace est discontinu, mais ce n’est pas si simple, j’en parlerai une autre fois.
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