Bonjour à tous,
Les discussions sur ladite "dilatation" sont légion... J'espère ne pas faire doublon !
Je vois aussi que le terme est souvent critiqué sur le Forum (certains voudraient la bannir ?). De fait, son sens me paraît assez flou -- mais dans mon cas, cela vient aussi d'une compréhension toujours trop élémentaire de la relativité restreinte.
Il est bien un cas de figure où son sens me paraît limpide : celui où, deux référentiels inertiels (en mvt relatif l'un par rapport à l'autre) étant donnés, on s'attache à comparer une durée propre à une durée impropre (où j'entends par "durée impropre" l'intervalle temporel entre deux événements qui ne se produisent pas au même endroit dans le référentiel inertiel considéré). Il y a dilatation au sens où la durée T perçue par un observateur extérieur sera toujours plus longue que le durée propre τ (du fait que T= τ/√(1-v2/c2), ou formulé autrement, le temps mesuré dans le référentiel propre est toujours plus court que celui mesuré dans n’importe quel autre référentiel inertiel.
Et bien sûr, cet "effet de perspective" (avec tous les guillemets du monde) est symétrique, puisque nous avons affaire à deux référentiels galiléens, situation idéalisée s'il en est. Et c'est bien là mon problème : dans un cas comme celui des "jumeaux de Langevin", sans une telle symétrie : s'agit-il encore d'une "dilatation du temps" ? Si c'est le cas, il me semble que ce doit être en un sens bien différent ; puisqu'il s'agit alors de comparer, non pas une durée impropre et une propre, mais DEUX durées propres (une fois le jumeau voyageur revenu sur Terre). Et c'est là que le bât blesse il me semble : parler de dilatation ou de "ralentissement des horloges" pour le cas précédent, passe encore, cela constitue une traduction assez juste et intuitive, je crois, de cet "effet de perspective". Mais dès lors qu'il est question exclusivement de temps propres... cette expression est-elle encore adéquate ?
En gros, et dites-moi si je me trompe :
La dilatation du temps, c’est le fait que l’intervalle de temps séparant deux évènements ne sera pas vu comme identiques depuis différents référentiels. Chaque observateur pourra inférer, depuis son référentiel, que qu'autrui mesure un plus long intervalle que ce que lui, il mesure, avec son horloge au repos. Cette supériorité de T sur Tau, voilà ce que traduit, assez justement me semble-t-il, la dilatation. Et cela fait sens pour l'effet Doppler relativiste, la désintégration des muons, etc...
En revanche, le paradoxe des jumeaux, cela signifie "simplement" que les chemins d’espace-temps qui relient deux évènements n’ont pas toutes le même temps propre. Mais que le chemin inertiel soit celui qui maximise son temps propre, cela ne signifie (il me semble !) qu'on puisse parler de "dilatation". Il n'est pas question d'horloge "ralentie" ici. Du moins il me semble qu'il faudrait plutôt dire : la montre du jumeau sédentaire, loin de tourner au ralenti, a accumulé, "engrangé" davantage d'heures, de jours, d'années que celle de son frère, tout simplement parce que sa ligne d'univers, en géométrie minkowskienne, est forcément plus longue.
Au fond, ce n'est pas que le temps s'écoule moins vite/ralentit, mais que moins de temps s'écoule, pour le jumeau voyageur...
Cela me semble donc tout à fait différent du cas des muons. Plutôt que de dilatation dès lors, ne vaudrait-il pas mieux parler d'une simple "désynchronisation des horloges" (expression aussi équivoque, mais déjà plus juste il me semble, que celle de "dilatation dans ce cas précis), elle-même due à la disparité entre les longueurs (spatio-temporelles) des trajets auxquelles elles sont attachées ?
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