Bonjour à tous !
C'est une question que j'aurais voulu poser à Deedee, hélas (étant vraisemblablement l'auteur du paragraphe concernant ce point, sur la page "particule virtuelle" de Wikipédia).*
Pour autant que je comprenne, la distinction en réel et virtuel repose en partie en ceci : si une particule existe sur une durée très grande par rapport à celle de son interaction avec d'autres particules, alors l'incertitude globale sur le temps est très grande et donc, d'après l'ultime inégalité de Heisenberg, l'incertitude sur son énergie est quasi nulle : la précision sur son énergie est très grande ;— dans ce cas, la particule est considérée comme réelle.
À l'inverse, si la durée caractéristique de la particule est de l'ordre de celle de l'interaction, l'incertitude sur son énergie est grande : la particule est considérée comme virtuelle.
Ce qui confère donc un caractère quelque peu arbitraire de la distinction entre une particule réelle et une particule virtuelle. Ou dans les termes du wiki :
"En fait, la particule est considérée comme virtuelle seulement si elle apparaît et disparaît au cours du processus. Tandis que si ce qui advient de la particule après le processus est ignoré, on considère la particule comme réelle.
En réalité, si l'on observe la particule avec un appareil de mesure, la particule réelle est également incluse entre deux interactions : une émission ou une interaction et une détection. Par exemple, le photon réel émis par le processus ci-dessus sera observé et donc absorbé par une molécule de nitrate d'argent d'une plaque photographique ou par interaction avec un électron comme dans le premier diagramme, à l'aide d'un détecteur photoélectrique.
Cette distinction virtuel - réel basée sur le fait que la particule n'existe que le temps du processus considéré est donc conventionnelle et dépend du point de vue."
J'incline pourtant à penser qu'on peut limiter cet arbitraire, et pour au moins deux raisons :
1) Même si elle peut s'avèrer très courte (je songe à des expériences de collisions à haute énergie), la durée de vie d'une particule réelle est observable et mesurable dans des expériences. Leir désintégration est un événement mesurable et les particules sont considérées comme ayant existé pendant un temps fini et mesurable
2) La durée de vie d'une particule réelle peut varier de très courte à très longue. Certaines particules, comme le proton, sont incroyablement stables et peuvent exister pendant des durées qui dépassent de loin l'âge de l'univers. En revanche, la durée de vie d'une particule virtuelle est intrinsèquement brève (la faute au principe d'incertitude de Heisenberg).
Et je prends l'exemple de l'oméga charmé (Ωc). Lorsqu'il est produit dans des collisions proton-proton à haute énergie, comme celles observées au LHC, sa durée de vie peut sembler plus courte en raison des conditions énergétiques extrêmes et de la densité des interactions. Cependant, des mesures plus récentes semblent suggérer que sa durée de vie pourrait être presque quatre fois plus longue que ce qui avait été observé précédemment....
Cf: https://home.cern/fr/news/news/physi...ues-physicists
En somme, la distinction entre particules réelles et virtuelles serait fondée sur la mesurabilité et la variabilité de leur "durée de vie". Les particules virtuelles sont des constructions théoriques qui ne sont pas directement observables et ont une existence éphémère dictée par des principes théoriques, tandis que les particules réelles ont des durées de vie qui sont observables et peuvent s'étendre sur un large éventail de temps.
Qu'en pensez-vous ?
*J'aimerais ne pas (trop ?) entrer dans les considérations ontologiques (simples outils de calcul, ne correpondant à rien de physique VS modèles pour des fluctuations de champs ayant des effets physiquement attestables). J'ai cru comprendre que Deedee était favorable à la seconde option (avec certaines réserves), quoique minoritairement défendue.
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