Bonsoir,
Durant mes réflexions internes, je me suis posé une question.
Est-ce que la dépression favorise-t-elle les troubles psychotiques (tel que la schizophrénie) et/ou les troubles de l'humeur (tels que bipolarité, cyclothymie) ?
Aussi, est-ce que une dépression faite à l'âge adolescent ou adulte apporte une différence sur les "chances" de développer l'un de ces troubles ?
Je suis curieuse de voir quelles seront vos réponses =)
Bonjour
En fait répondre à votre question est difficile parce que derrière le terme "dépression" peuvent se ranger des pathologies assez diverses.
Et souvent les prémices des troubles psychiatriques peuvent être des symptômes qui sont confondus avec des troubles dépressifs.
Ainsi, il n'est pas rare qu'il y ait des signes précurseurs à la schizophrénie avec par exemple
- des troubles de l'humeur : idées noires, suicidaires, tristesse, manque d'intérêt pour la vie, l'école, les loisirs
- Une aboulie : manque de volonté, passivité.
- des symptômes physiques ou psychosomatiques (douleurs inexpliquées, sensations étranges sur le corps)
- de l'anxiété
- un repli sur soi
- des difficultés sur le plan cognitif au niveau de la mémoire et de l'attention.
Tous ces symptômes peuvent être mis sur le compte d'une dépression ou même parfois d'une crise d'adolescence.
Donc, oui, une personne qui a ces troubles a des risques plus importants de déclencher une schizophrénie par la suite.
Bonjour Ocee
Je me demande si votre question ne présuppose pas l'unité de la dépression (je n'en suis pas sûr).
Le diagnostic de dépression est posé lorsqu'un individu présente un certain nombre de symptômes parmi une collection donnée.
Ces symptômes peuvent pourtant procéder de causes diverses (une carence en vitamines- dans ma région la carence en vitamine D est fréquente-; une perte d'objet - comme dans le deuil-; l'incapacité de l'individu à satisfaire des exigences qui met en question la conformité à certains idéaux et qui atteint ce qu'il pense être son "identité"; un trouble cérébral ; etc.).
Cette "unité" de la dépression n'est peut être qu'un effet de la perspective à partir de laquelle les symptômes sont considérés : se seraient alors les idéaux collectifs et les normes sociales (l'efficacité ou la performance par exemple) qui constitueraient ce cadre "unifiant".
On pourrait alors poser votre question autrement : la dépression n'est elle pas déterminée de façon singulière en fonction de la structure mentale du sujet concerné ? Elle ne serait alors pas forcément la cause de ces troubles que vous évoquez, mais un effet dont la signification dépend de cette structure (comme dans l'exemple donné par Vep, que je salue également).
Ceci n'exclut toutefois pas qu'une dépression déterminée par des carences purement matérielles par exemple s'associe causalement ou accidentellement à un certain état considéré comme pathologique.
Dernière modification par karlp ; 23/10/2015 à 08h49.
Bonjour
Tout à fait. Au delà de la nosographie psychanalytique qui décrit des dépressions psychotiques (troubles maniaco-depressif), des dépressions névrotiques et des dépressions états-limites (dépressions essentielles), il est vrai que le terme "dépression" renvoie à des réalités très différentes, qui va de la dépression saisonnière, à la dépression, réactionnelle, liée au deuil, jusqu'à des dépressions sévères.Envoyé par karlp
Et dans le langage courant, d'autres pathologies peuvent être qualifiées de "dépression", il n'est pas rare qu'une personne non connaisseuse de ce domaine qualifie ainsi un schizophrène.
C'est effectivement la conclusion de la thèse de doctorat du sociologue Alain Ehrenberg, qu'il a ensuite éditée sous le titre "la fatigue d'être soi".
Merci de vos réponses et merci aussi Karlp pour la mention de l'ouvrage de Monsieur Ehrenberg. Il me semble intéressant, je vais donc me renseigner de ce pas pour me le procurer !
