Les "boulimiques culturels"...
Affichage des résultats 1 à 23 sur 23

Les "boulimiques culturels"...



  1. #1
    invite1b08ad1c

    Post Les "boulimiques culturels"...


    ------

    Bonsoir, je suis nouveau ici et j'espère que ma question n'est pas trop hors sujet - si c'est le cas je m'en excuse auprès des habitués.

    Je m'intéresse depuis peu de temps à la sociologie et aux sciences humaines (j'ai vu qu'il existait jadis ici un forum dédié : http://forums.futura-sciences.com/forum38.html mais il ne semble plus fonctionner depuis plus de 2 ans) et je voudrais évoquer le cas de ce que je nommerais des "boulimiques" de culture (comme il peut exister des "boulimiques alimentaires", des "boulimiques émotionnels ou amoureux", des "boulimiques amicaux", etc...)

    Je me suis dernièrement longuement plongé dans le colossal pavé de Bernard Lahire sur La culture des individus - dissonances culturelles et distinction de soi, livre de référence sur les différentes pratiques culturelles en France établies sur des méthodes les plus scientifiques possibles. Dans cet ouvrage admirable, le sociologue interroge longuement plus de cent personnes et catégorise celles-ci en répertoriant toutes leurs habitudes culturelles, des plus légitimes (au sens des moins partagées par les masses) aux moins légitimes en passant par les innombrables sujets culturellement "dissonants".

    Néanmoins, Bernard Lahire n'évoque jamais le cas du "boulimique culturel", alors qu'on le trouve assez fréquemment sur le web et sur les blogs, je le précise d'emblée : loin de moi l'idée de défendre la bêtise et l'ignorance mais le boulimique culturel reste fascinant par le besoin qu'il a d'absolument TOUT embrasser en matière de pratiques culturelles (et ce dans un temps record), et par ses exceptionnelles facultés de mémorisation.

    Espèce statistiquement très rare, on n'étudie pratiquement jamais les modes de vies tout de même assez marginaux de ces vrais cinglés de musique, de cinéma, d'art, de littérature qui cumulent à la fois les pratiques culturelles les plus pointues et souvent les plus rares.

    Pour illustrer mon propos, je me permet de citer cet exemple d'un individu postant à la fois dans un forum sur le DVD : http://www.dvdclassik.com/~dvdclass/..._author=julien et sur un forum consacré la musique de film : http://www.cinezik.org/forum/search....arch_author=JM (son anonymat étant évidemment respecté même si le sujet en question utilise son véritable prénom en guise de pseudo). En défilant sur les différentes pages de la liste (de résumés) qui s'affiche, vous pouvez déjà noter les dissonances culturelles extrêmes dans les pratiques journalières ou semestrielles : sur le 1er lien, l'individu cite la vision d'un film de Dreyer, de Wajda et dans le même temps s'intéresse à Tracy Lord, Mylène Farmer, puis aborde aussi la techno, le disco, le rock underground, la musique classique contemporaine, la musique de film, plusieurs films rarissimes et introuvables de l'Europe de l'Est, on trouve aussi de nombreuses réflexions sur les Beaux Arts, les affiches, la photo, les vidéo-clips, etc... Même s'il a un discours critique très ferme, absolument tout semble l'intéresser et il ne semble avoir absolument aucune limite ni même de critère de sélection purement légitimistes dans ses choix - c'est encore plus flagrant sur le second forum que j'ai cité - N'hésitez pas à cliquer sur les liens des sujets pour avoir le développé des différentes réflexions.

    J'ai pris un exemple particulièrement représentatif du "boulimique" type (attiré par absolument tout les domaines et toutes les époques en matière de cinéma, rock, pop, techno, musique classique, musique d'avant-garde, musique de film, vidéo-clips) mais je pourrais vous chercher d'autres exemples car j'en ai rencontré plusieurs du même type sur usenet ou sur les forums web (que je fréquente depuis presque 10 ans).

    Pour moi, il me semble évident que le "boulimique culturel" ne peut se développer qu'exclusivement dans les très grandes villes de France, seules à pouvoir disposer d'un maximum de supports audios ou vidéos propres à satisfaire leurs appétits intellectuels absolument sans limites. Son développement me parait en outre facilité du fait du temps libre en augmentation dans certaines branches socioculturelles (certains enseignants ou étudiants désoeuvrés, professions libérales et free-lance) et surtout de la démultiplication des médias (télévisions spécialisées, radios internet, peer-to-peer, réseaux de ventes underground, liens web pour initiés, "clubs" fermés, etc...).

    De votre côté, que pensez-vous de ce type de pratiques culturelles "hors normes" et des quelques exemples que j'ai cité ?

    Merci pour votre participation

    -----

  2. #2
    invitee468ce33

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Je ne comprends pas qu'est ce qu'il y à de hors normes ?

    J'ai du mal à comprendre ce qu'on appel "boulimiques culturels" ?

    Ce sont ne sont pas tout simplement de passionés de culture ?

  3. #3
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par violonsanscordes Voir le message
    Ce sont ne sont pas tout simplement de passionés de culture ?
    merci de ta réponse violonsanscordes,

    oui tu as raison mais chez eux, ça dépasse les bornes, on a l'impression en les lisant qu'ils ne peuvent pas réellement avoir de vie sociale, amicale ou amoureuse (voire même professionnelle dans certains cas) en menant un tel "train de vie culturel" je dirais (ça parait tellement démentiel - autre ex encore plus parlant : je connais un jeune de 23 ans qui connaît absolument TOUS les opéras disponibles dans le commerce et y compris ceux qu'on n'a pas encore commercialisé car il écoute des multiples radio internet pratiquement tous les jours - ce n'est tout de même pas banal, non ?).

    Cela pourrait à mon avis se rapprocher de la boulimie pathologique (prise au sens général du terme)

  4. #4
    invitee468ce33

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Je comprends mieux maintenant .


    Mais d'où vient alors ce trouble ?







    kermit the frog

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    invite481583a6

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Tiens, je me demande si le contraire existe. Celui qui n'a d'apétit pour rien?

  7. #6
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    bien sur Arkor, et je connais une quantité bien plus importante de personnes qui sont le contraire de ce type d'"omnivores", comme les végétariens ou les végétaliens alimentaires, ils se limitent à un seul domaine culturel en particulier et l'explorent vraiment à fond.

    sinon violonsanscordes, j'aimerais bien savoir également d'où peut venir une telle boulimie, comme si la culture chez eux finalement était une fin en soi et constituait le but même de leur vie - j'ai du mal à imaginer qu'ils puissent être mariés (et je parle même pas des enfants), et si c'était le cas leur frénésie culturelle risquerait forcement d'être revue à la baisse.

    Ah, anecdote amusante : le 1er individu que j'ai cité a avoué sur 1er forum qu'il avait été jadis un cancre, il s'est drôlement rattrapé depuis comme vous pouvez le constater !!

  8. #7
    invite7cc538b1

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Bonjour. Des cas individuels comme tu les décrits peuvent être vus de différentes façons.
    - L'angle de la psychologie sociale (bien que je n'y connaissent rien), puisque tu mentionne le contexte géographique et l'influence des conditions de vie.
    - La psychologie individuelle, où se pose la question de l'aspect pathologique ou non de ce type de comportement. On ne peut trancher que de façon individuelle. Si ce comportement dissimulait ou exprimait une souffrance psychique ou existentielle, il faudrait surement aller voir du côté des mécanismes addictifs, de l'obsessionalité, de l'évitement de l'angoisse.
    - Et probablement bien d'autres champs dont je ne sais rien...

  9. #8
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Bonjour et merci de ta participation fredj

    Des cas individuels comme tu les décrits peuvent être vus de différentes façons.
    - L'angle de la psychologie sociale (bien que je n'y connaissent rien), puisque tu mentionne le contexte géographique et l'influence des conditions de vie.
    oui tout à fait, je suis en ce moment en train d'interroger l'individu (par e-mail) dont j'ai parlé mais je ne sais pas si il va me répondre sur ce plan, je sais simplement qu'il est freelance je crois, et ne dépend sans doute pas d'un patron ou d'un emploi du temps normatif, en d'autres termes, il doit pouvoir aménager son temps comme il l'entend, mais ça n'explique pas tout au demeurant...

    La psychologie individuelle, où se pose la question de l'aspect pathologique ou non de ce type de comportement. On ne peut trancher que de façon individuelle. Si ce comportement dissimulait ou exprimait une souffrance psychique ou existentielle, il faudrait surement aller voir du côté des mécanismes addictifs, de l'obsessionalité, de l'évitement de l'angoisse.
    oui là encore pour le cas que j'ai cité, ce n'est pas évident, on note simplement qu'il affectionne de films souvent assez malsains (présence d'enfants dans des films horrifiques, etc...) mais ça ne suffit pas à expliquer si oui ou non il y a dérive névrotique.

    Par contre j'ai trouvé sur ce blog ci le billet suivant :

    Résolutions intenables

    Sur mon étagère à CD se trouve une pile de disques non encore écoutés (certains ne sont même pas décellophanés). Depuis un an ou deux, malgré tous mes efforts, cette pile n'arrête pas de grandir (je devrais d'ailleurs dire ces piles, car il y en a plusieurs). Hier, dans un éclair de lucidité, je me suis dit qu'il était idiot dans ces conditions de continuer à acheter des disques, que c'était la marque d'un consumérisme pathologique, malsain et antipathique. J'avais donc pris la résolution de ne plus acheter dans les prochaines semaines que les albums indispensables (ceux provenant d'artistes dont je suis le parcours depuis longtemps et dont j'achète de toutes façons les albums sans me poser de questions) et de me restreindre dans tous les autres achats (vieux machins, découvertes,...). J'espérais ainsi me donner un peu de temps pour faire repasser la quantité disques non-écoutés en-dessous d'un nombre raisonnable (que j'oserais à peine mentionner ici de peur que vous n'appeliez directement SOS Psychiatrie).

    C'est empli de cette saine volonté de tempérance que je suis allé faire les magasins cet après-midi, bien résolu à rester intransigeant et à contempler les sorties de la semaine avec détachement. Las... Pas moins de sept artistes dont j'achète a priori tout sans me poser de questions ont sorti un album ces derniers jours : une réédition avec inédits de l'indispensable My Life in the bush of ghosts de Brian Eno et David Byrne, les nouveaux albums de Calexico, Morrissey et The Knife (jusque là je vois mal sur quoi transiger), le best-of CD+DVD de Massive Attack (cher mais bon, esprit de collection, envie de revoir le clip de Risingson, présence d'inédits, ça va être dur de résister). J'espère en revanche pouvoir me contenir pour les deux derniers, non encore écoutés : le nouvel album de The Vines (qui est, paraît-il, bien meilleur que le précédent) et celui des Yeah Yeah Yeahs (qui est, paraît-il, tout à fait formidable). Cela dit, ça en fait de toutes façons déjà cinq.

    Ce n'était décidément pas la bonne semaine pour prendre des résolutions à la légère.
    même si le ton est volontairement un peu décalé et humoristique, il me semble qu'on a clairement à faire à un comportement addictif d'un consommateur frénétique et qui du coup est obligé de prendre des mesures radicales pour "calmer sa maladie".

  10. #9
    invite2f2c58f7

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Bonjour kfigaro,

    Ce dernier exemple me fait penser aux collectionneurs : Pour eux, le but est de posséder tout sur leurs dada, d'enrichir sans cesse leur collection, bien plus que d'utiliser les objets collectés.
    Sinon, je dirais qu'une passion pour la musique ou les films est de nos jours socialement mieux tolérée qu'une collection d'objets, voire encouragée, et je dirais que ça peut être source de valorisation personnelle.

    Bien à toi
    Z.

  11. #10
    invitebba64e61

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Le fait que les boulimiques "intellectuels" adolescents ou jeune adulte soient par ailleurs pas très bons en classe est assez intéressant. On connaît tous des ados capables de mémoriser les propriétés de jeux de cartes comportant plus d'une centaines de cartes chacunes avec des valeurs, des interactions entre elles, des règles de jeux d'une grande complexité et incapables de retenir la liste des départements français.
    A un autre niveau on se souvient du génie des échecs Bobby Fisher qui était par ailleurs un écolier très moyen...
    La question que je me pose souvent : le cerveau est-il comme une "valise" ? On bourre on bourre et il arrive un moment où il n'y a plus de place, ou au contraire l'activité (notamment au niveau de la mémoire) entraine-t-elle l'activité (je parle ici des sujets jeunes)?

  12. #11
    Invité

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par didier23 Voir le message
    Le fait que les boulimiques "intellectuels" adolescents ou jeune adulte soient par ailleurs pas très bons en classe est assez intéressant. On connaît tous des ados capables de mémoriser les propriétés de jeux de cartes comportant plus d'une centaines de cartes chacunes avec des valeurs, des interactions entre elles, des règles de jeux d'une grande complexité et incapables de retenir la liste des départements français.
    A un autre niveau on se souvient du génie des échecs Bobby Fisher qui était par ailleurs un écolier très moyen...
    La question que je me pose souvent : le cerveau est-il comme une "valise" ? On bourre on bourre et il arrive un moment où il n'y a plus de place, ou au contraire l'activité (notamment au niveau de la mémoire) entraine-t-elle l'activité (je parle ici des sujets jeunes)?
    Bonjour Didier,

    On parle parfois de "mémoire sélective".

    On sait bien que selon l'intérêt porté au sujet, l'encodage n'est pas du tout de même nature.

    Je crois qu'ici nous touchons à une limite de l'approche cognitiviste... du moins à une limite de ce qu'on m'a enseigné lorsque j'étudiais la psychologie cognitive: le prof nous disait que la notion de "désir" ne pouvait s'intégrer dans les approches qu'il nous présentait.
    Non que le désir soit négligé, et il est d'ailleurs invoqué... mais il n'est pas objet d'étude pour la théorie... (un peu comme l'effet Placebo en médecine)

    Le prof d'Epistémo ajoutait qu'il s'agissait là de la limite interne spécifique à une approche réfutable...
    On sait par ailleurs que c'est de considérer le "désir" que la psychanalyse se dit elle même extra scientifique

  13. #12
    shokin

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    On peut s'inspirer de cet article (il y a aussi l'article en anglais) sans toutefois recourir à une pure analogie.

    Shokin
    Pardon, humilité, humour, hasard, tolérance, partage, curiosité et diversité => liberté et sérénité.

  14. #13
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par Zouzoute Voir le message
    Ce dernier exemple me fait penser aux collectionneurs : Pour eux, le but est de posséder tout sur leurs dada, d'enrichir sans cesse leur collection, bien plus que d'utiliser les objets collectés.
    Sinon, je dirais qu'une passion pour la musique ou les films est de nos jours socialement mieux tolérée qu'une collection d'objets, voire encouragée, et je dirais que ça peut être source de valorisation personnelle.
    Oui Zouzoute, je pense que ça peut s'apparenter à une forme de collection.

    En même temps, le 1er exemple que j'ai cité déteste l'idée de collectionner (il se moque même de certains collectionneurs de DVDs), en fait c'est assez sophistiqué chez lui, j'ai constaté en discutant avec lui qu'il préférait avoir tout à disposition en allant dans sa médiathèque ou alors en téléchargeant sur le web plutôt que de forcement tout avoir à portée de main chez lui, mais finalement c'est aussi une forme de "collectionnite" un peu détournée tout compte fait !

  15. #14
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par didier23 Voir le message
    Le fait que les boulimiques "intellectuels" adolescents ou jeune adulte soient par ailleurs pas très bons en classe est assez intéressant.
    Dernièrement j'ai trouvé sur la blogosphère un blog d'un quinquagénaire parisien d'origine modeste visiblement (il a été menuisier dans sa jeunesse) mais totalement passionné et très collectionneur lui aussi de musique contemporaine (une musique archi légitime et donc à priori très éloignée de ses origines sociales et peux être de son niveau scolaire sans doute modeste également ?).

    Citation Envoyé par didier23 Voir le message
    La question que je me pose souvent : le cerveau est-il comme une "valise" ? On bourre on bourre et il arrive un moment où il n'y a plus de place, ou au contraire l'activité (notamment au niveau de la mémoire) entraine-t-elle l'activité (je parle ici des sujets jeunes)?
    oui ça pourrait faire l'objet d'un débat passionnant.

  16. #15
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par shokin Voir le message
    On peut s'inspirer de cet article (il y a aussi l'article en anglais) sans toutefois recourir à une pure analogie.

    Shokin
    Merci Shokin, j'avais effectivement déjà consulté cet article très éclairant lors de mes précédentes recherches.

  17. #16
    invitebba64e61

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par quantat Voir le message
    (...)
    lorsque j'étudiais la psychologie cognitive: le prof nous disait que la notion de "désir" ne pouvait s'intégrer dans les approches qu'il nous présentait.
    Non que le désir soit négligé, et il est d'ailleurs invoqué... mais il n'est pas objet d'étude pour la théorie... (un peu comme l'effet Placebo en médecine)
    (...)
    Le désir : sans doute pas simple mais le plaisir ?
    Ne mémorise-t-on pas mieux ce qui est appris avec plaisir voire, d'une manière générale, ce qui est appris dans un contexte "émotionnel" agréable ou désagréable ?
    Ce ne sont que des hypothèses intuitives.

  18. #17
    shokin

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Je ne sais pas si on s'éloigne inconsciemment du sujet en parlant de désir et de plaisir. On peut également y ajouter d'autres mots proches propices aux amalgames :

    envie

    épanouissement (et pas seulement sexuel, hein !)

    joie

    addiction

    dépendance

    Pour revenir près du sujet, l'on peut aussi se demander ce qu'est la diversité culturelle.

    A quels niveaux peut se présenter la diversité ? diversité des cultures dans la société, des personnes dans une culture, des attraits et activités d'une personne ? une boulimie de la diversité ?

    Shokin
    Pardon, humilité, humour, hasard, tolérance, partage, curiosité et diversité => liberté et sérénité.

  19. #18
    shokin

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Peut-être peut-on aussi tirer parti des connaissances sur les troubles obsessionnels compulsifs.

    Kfigaro, la personne que tu décris semble intéressée dans tous les domaines de la musique, mais est-elle autant passionnée par les sciences ?

    Et il faut avoir le temps de s'y consacrer...

    Shokin
    Pardon, humilité, humour, hasard, tolérance, partage, curiosité et diversité => liberté et sérénité.

  20. #19
    Narduccio

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    A lire ce qui est dit ici, je me suis demandé si je n'étais pas un tel boulimique. Mais, j'ai une vie sociale qui me semble normale.
    Pourtant, je ressens parfois un certain malaise, je ne me sert pratiquement jamais en société réelle de ce que je sais ou que j'ai appris sur mes nombreux centres d'intérêts. Je pourrais être inquiet, si justement je ne connaissais de nombreuses personnes dans mon cas, en fait quasiment tous les gens qui m'entourent. Ainsi, une de mes connaissances est un passionné de train et de modélisme, sa somme de connaissance sur le sujet est phénoménale. Phénoménale, mais impossible à restituer dans un évènement social (sauf quand il participe à des expositions de modélisme ferroviaire). Je pourrais multiplier les exemples, mais le problème de base n'est-il pas que nous avons chacun nos envies et nos besoins qui ne sont pas forcement ceux de la société qui nous entoure (ou plutôt de notre milieu social). Si je veux avoir de longues discussions avec mes voisins de tables au restaurant, il est évident qu'il serait mieux que je m'investisse dans les connaissances ayant trait au foot et aux voitures, car bien peu s'intéressent à mes sujets de prédilections (je reconnait qu'ils sont nombreux, trop nombreux peut-être). Mais en quoi est-ce un mal ? Et surtout vive internet qui me permet de vivre mes passions tout en préservant ma vie sociale.
    "Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable". Karl Popper

  21. #20
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par shokin Voir le message
    Peut-être peut-on aussi tirer parti des connaissances sur les troubles obsessionnels compulsifs.

    Kfigaro, la personne que tu décris semble intéressée dans tous les domaines de la musique, mais est-elle autant passionnée par les sciences ?

    Et il faut avoir le temps de s'y consacrer...
    Bonjour shokin, non... par rapport aux sciences ou par rapport à la philosophie, la personne en question n'est pas du tout intéressé par ça, et la sociologie le laisse de marbre par exemple, il ne comprends même pas qu'on puisse s'interroger sur ça.

    Sinon par rapport au dernier point... oui, ça doit lui prendre un temps fou mais je n'ai jamais su exactement comment il s'y prenait pour connaître autant de choses. La seule chose qu'il m'a dites c'est à propos du matin avant de partir travailler, il m'a assuré qu'il regardait 15 minutes d'un film !!!! comme ça il a le temps de regarder encore plus de films dans une seule journée !! (en découpant le film en tranches)

    Mais le pire, je le répète, c'est qu'il n'a absolument pas conscience qu'il est boulimique ! c'est ça le plus fort dans l'histoire...

  22. #21
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par Narduccio Voir le message
    Ainsi, une de mes connaissances est un passionné de train et de modélisme, sa somme de connaissance sur le sujet est phénoménale. Phénoménale, mais impossible à restituer dans un évènement social (sauf quand il participe à des expositions de modélisme ferroviaire).
    Bonjour Narduccio, le cas que tu décris est semble t'il proche du collectionneur type... Mais le 1er individu dont je parles dans ce topic dépasse ce simple cas assez répandu du "collectionneur", en fait il s'agit d'une sorte de "super-collectionneur" au sens où il ne se limite pas à une seule "passion" mais à plusieurs et ce en même temps !!

    Si je prends mon cas personnel, je suis un fou de Lovecraft (j'ai presque tout lu de A à Z, biographies et analyses inclues), du chanteur Jean Guidoni (idem que Lovecraft) et maintenant je me passionne pour la bossa nova (là encore j'essaye d'écouter le maximum de choses dans les limites de mes moyens financiers), mais à part ses 3 passions très limitées finalement, j'ignore plein de domaines. Le cas de JM (pour citer son pseudo) donne à étudier une sorte de "puits sans fond" du moins en ce qui concerne la musique en général (tout domaine confondu, toute période et sur toute latitude ou presque), le cinéma et maintenant les beaux arts, sans je le répète la moindre hiérarchie ou priorité, c'est peut être ça le plus étonnant finalement.

    Je côtoies moi aussi pas mal de gens cultivés dans mes relations (y compris un ami prof de lettre passionné de musique pop, il doit avoir au moins 9000 CDs chez lui et au moins 30000 livres - et des livres lus je précise !, et pour le cinéma c'est un peu pareil) mais je n'ai absolument jamais rencontré pour le moment quelqu'un d'aussi éclectique et "éparpillé" que JM, car l'ami prof de lettres dont je parle se limite finalement aux choses qu'il aime (cad la pop plus ou moins anglaise - domaine très vaste mais très limité géographiquement et esthétiquement).

    Je me demande si l'explication n'est pas donné par Bourdieu, j'ai lu ce week-end un passage édifiant dans "La distinction" (1979) sur "l'autodidacte" (et à fortiori un ancien cancre !! qui s'est toujours méfié de l'école) qui s'imagine que pour égaler les gens "cultivés" et se distinguer, il faut absolument TOUT lire, TOUT écouter, TOUT voir.

    Bourdieu explique en substance que "l'autodidacte" prend la culture trop au sérieux, qu'il est incapable de "s'amuser" avec des références, même de bluffer ou d'avouer avec franchise et naturel son incompétence tout simplement !

    Preuve de ce que j'avance : l'individu dont je parle déteste avouer qu'il ne connaît pas telle ou telle oeuvre, j'en ai eu la preuve en voyant une de ces réponses par rapport à un coffret de faces B d'un groupe de rock assez connu (Siouxsie and the banshees) mais qu'il ne connaît visiblement pas du tout, il a d'abord écrit qu'il ne connaissait pas ce groupe, puis ensuite à édité son message en supprimant les mots en rapport avec son ignorance, comme s'il avait honte finalement d'être ainsi "mis à nu" devant tous le monde finalement, hélas cette preuve n'est plus vérifiable, à moins d'interroger les archives google et les comparer avec la page actuelle du forum. Mais je vous garantis que c'est vrai...

  23. #22
    invitebba64e61

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Oui "La distinction" est certainement une étude qui explique beaucoup de choses sur la boulimie, sauf qu'on s'écarte un peu de la psychologie individuelle.

    Par exemple dans le même livre, Bourdieu explique que les "collectionneurs culturels" s'attaquent toujours à des "cultures récentes". Par exemple le cinéma (en quelques années, il est possible d'avoir sur le cinéma une vue assez précise et de connaître à peu près tout) ou le jazz ou la publicité... Mais peu s'aventure sur la peinture italienne du quattrocento ou sur la poterie Ming qui leur paraît sans doute inaccessible ou difficile à cerner : il semble que les collections doivent pouvoir se traduire en "objets" palpables, classables, hiérarchisables... donc les collections de "concept" sont exclues.

    Mais je reviens à la psy. Si l'on applique le filtre de l'analyse transactionnelle, ne peut-on pas dire que ces obsessionels ont un "enfant libre" démesuré, envahissant ? Tout se passe comme s'ils conservaient des attitudes enfantines (collection, classification, mise des objets en série ...) mais avec un potentiel d'adulte (organisation du temps, organisation de l'espace, mise à disposition d'un budget souvent disproportionné).

    (attention c'est une intuition, non une affirmation)

  24. #23
    invite1b08ad1c

    Re : Les "boulimiques culturels"...

    Citation Envoyé par didier23 Voir le message
    Par exemple dans le même livre, Bourdieu explique que les "collectionneurs culturels" s'attaquent toujours à des "cultures récentes". Par exemple le cinéma (en quelques années, il est possible d'avoir sur le cinéma une vue assez précise et de connaître à peu près tout) ou le jazz ou la publicité... Mais peu s'aventure sur la peinture italienne du quattrocento ou sur la poterie Ming qui leur paraît sans doute inaccessible ou difficile à cerner : il semble que les collections doivent pouvoir se traduire en "objets" palpables, classables, hiérarchisables... donc les collections de "concept" sont exclues.
    oui encore que "quelques années" seulement pour le cinéma (depuis le début jusqu'à nos jours ! ce qui est énorme), ça me parait un peu juste à moins de ne faire que ça là encore (à l'exclusion de tout travail "alimentaire" et même de tout impératif social trop "chronophage", le temps passé de l'écran étant particulièrement incompressible...)

    dans la pratique, les vrais cinéphiles et même mélomanes commencent leur passion dès l'adolescence, c'est le cas de JM je précise d'ailleurs... sa famille à d'ailleurs joué un grand rôle là dedans et notamment son père (qui l'emmenait voir des films qui "n'étaient pas de son âge" lorsqu'il avait 8 ou 9 ans) mais je n'en sais pas plus...

    Citation Envoyé par didier23 Voir le message
    Tout se passe comme s'ils conservaient des attitudes enfantines (collection, classification, mise des objets en série ...) mais avec un potentiel d'adulte (organisation du temps, organisation de l'espace, mise à disposition d'un budget souvent disproportionné).
    (attention c'est une intuition, non une affirmation)
    ça me parait une intuition assez juste en tout cas, JM a parfois un côté "Tanguy" mal grandi, je l'ai souvent constaté en le lisant, ils se moque volontiers de ceux qui ont des enfants, une femme, un vrai "boulet" au pied pour lui... (vu son rythme de culturation, on le comprend)

    Mais l'aspect "gamin" est également applicable pour les deux blogueurs que j'ai évoqué comme "C'est jamais pareil" et "Je dis ça, je dis rien" totalement "drogués" et dépendants de musique tous les deux comme des ados qui ne veulent pas grandir... ("C'est jamais pareil" a eu un enfant très récemment par contre)

Discussions similaires

  1. [CV en anglais] : traduire les termes "Maîtrise" et "DEA"
    Par inviteb753ced1 dans le forum Orientation après le BAC
    Réponses: 7
    Dernier message: 02/07/2007, 19h04