Bonsoir, je suis nouveau ici et j'espère que ma question n'est pas trop hors sujet - si c'est le cas je m'en excuse auprès des habitués.
Je m'intéresse depuis peu de temps à la sociologie et aux sciences humaines (j'ai vu qu'il existait jadis ici un forum dédié : http://forums.futura-sciences.com/forum38.html mais il ne semble plus fonctionner depuis plus de 2 ans) et je voudrais évoquer le cas de ce que je nommerais des "boulimiques" de culture (comme il peut exister des "boulimiques alimentaires", des "boulimiques émotionnels ou amoureux", des "boulimiques amicaux", etc...)
Je me suis dernièrement longuement plongé dans le colossal pavé de Bernard Lahire sur La culture des individus - dissonances culturelles et distinction de soi, livre de référence sur les différentes pratiques culturelles en France établies sur des méthodes les plus scientifiques possibles. Dans cet ouvrage admirable, le sociologue interroge longuement plus de cent personnes et catégorise celles-ci en répertoriant toutes leurs habitudes culturelles, des plus légitimes (au sens des moins partagées par les masses) aux moins légitimes en passant par les innombrables sujets culturellement "dissonants".
Néanmoins, Bernard Lahire n'évoque jamais le cas du "boulimique culturel", alors qu'on le trouve assez fréquemment sur le web et sur les blogs, je le précise d'emblée : loin de moi l'idée de défendre la bêtise et l'ignorance mais le boulimique culturel reste fascinant par le besoin qu'il a d'absolument TOUT embrasser en matière de pratiques culturelles (et ce dans un temps record), et par ses exceptionnelles facultés de mémorisation.
Espèce statistiquement très rare, on n'étudie pratiquement jamais les modes de vies tout de même assez marginaux de ces vrais cinglés de musique, de cinéma, d'art, de littérature qui cumulent à la fois les pratiques culturelles les plus pointues et souvent les plus rares.
Pour illustrer mon propos, je me permet de citer cet exemple d'un individu postant à la fois dans un forum sur le DVD : http://www.dvdclassik.com/~dvdclass/..._author=julien et sur un forum consacré la musique de film : http://www.cinezik.org/forum/search....arch_author=JM (son anonymat étant évidemment respecté même si le sujet en question utilise son véritable prénom en guise de pseudo). En défilant sur les différentes pages de la liste (de résumés) qui s'affiche, vous pouvez déjà noter les dissonances culturelles extrêmes dans les pratiques journalières ou semestrielles : sur le 1er lien, l'individu cite la vision d'un film de Dreyer, de Wajda et dans le même temps s'intéresse à Tracy Lord, Mylène Farmer, puis aborde aussi la techno, le disco, le rock underground, la musique classique contemporaine, la musique de film, plusieurs films rarissimes et introuvables de l'Europe de l'Est, on trouve aussi de nombreuses réflexions sur les Beaux Arts, les affiches, la photo, les vidéo-clips, etc... Même s'il a un discours critique très ferme, absolument tout semble l'intéresser et il ne semble avoir absolument aucune limite ni même de critère de sélection purement légitimistes dans ses choix - c'est encore plus flagrant sur le second forum que j'ai cité - N'hésitez pas à cliquer sur les liens des sujets pour avoir le développé des différentes réflexions.
J'ai pris un exemple particulièrement représentatif du "boulimique" type (attiré par absolument tout les domaines et toutes les époques en matière de cinéma, rock, pop, techno, musique classique, musique d'avant-garde, musique de film, vidéo-clips) mais je pourrais vous chercher d'autres exemples car j'en ai rencontré plusieurs du même type sur usenet ou sur les forums web (que je fréquente depuis presque 10 ans).
Pour moi, il me semble évident que le "boulimique culturel" ne peut se développer qu'exclusivement dans les très grandes villes de France, seules à pouvoir disposer d'un maximum de supports audios ou vidéos propres à satisfaire leurs appétits intellectuels absolument sans limites. Son développement me parait en outre facilité du fait du temps libre en augmentation dans certaines branches socioculturelles (certains enseignants ou étudiants désoeuvrés, professions libérales et free-lance) et surtout de la démultiplication des médias (télévisions spécialisées, radios internet, peer-to-peer, réseaux de ventes underground, liens web pour initiés, "clubs" fermés, etc...).
De votre côté, que pensez-vous de ce type de pratiques culturelles "hors normes" et des quelques exemples que j'ai cité ?
Merci pour votre participation
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