Pas de différences ethniques pour le cerveau ?
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Pas de différences ethniques pour le cerveau ?



  1. #1
    FDFD

    Pas de différences ethniques pour le cerveau ?


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    Bonjour,

    Je suis ingénieur et j’encadre bénévolement des activités scientifiques pour des adolescents.

    Outre les activités scientifiques proprement dites, je leur fais également des présentations sur des thèmes divers.

    Il y a un thème qui me tient particulièrement à cœur, c’est celui sur l’égalité de tous les êtres humains, quelle que soit leur origine.

    Voici par exemple schématiquement ce que j’aimerais développer :

    Il me semble qu’à partir de nos ancêtres les homo sapiens, dont l’histoire a débuté tout au plus il y a une centaine de milliers d’années, on peut énoncer des choses très intéressantes qui sont pleines d’enseignement pour mieux vivre ensemble :

    - Notre famille de départ comptait quelques milliers d’individus, quelle que soit maintenant notre couleur de peau
    - Les couleurs de peau sont des adaptations aux différents climats
    - Les formes des visages et autres petites différences viennent du fait que notre famille d’origine s’est séparée en différents groupes qui ont évolué séparément
    - Ces évolutions différentes sont superficielles et ne touchent pas notre organe fondamental : le cerveau de l’homo sapiens
    - Tous les cerveaux humains sont faits de la même façon. Que l’on soit blanc, noir, juif, chinois, aborigène d’Australie, on peut faire appel au même neurochirurgien pour enlever une tumeur.
    - Si on adopte un petit aborigène d’Australie dont les parents vivent à l’âge de pierre, il sera tout à fait capable de faire des études supérieures.

    Ma question :

    Est-ce que je peux ajouter la phrase suivante ?

    - L’imagerie cérébrale (IRM ou autre) démontre que les chemins de pensée sont exactement les mêmes pour tout groupe ethnique à la naissance, hors anomalie. Pour un stimulus donné, les mêmes zones du cerveau sont activées, dans le même ordre et avec le même timing.

    Merci pour vos réponses.

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  2. #2
    invite309928d4

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    Bonjour,
    (...)
    Il y a un thème qui me tient particulièrement à cœur, c’est celui sur l’égalité de tous les êtres humains, quelle que soit leur origine.
    Bonjour,
    l'égalité est normalement un principe moral d'égale dignité et il est risqué de la faire dépendre de considérations physiques ou de performance. Comment juger les handicapés sinon ?
    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    (...)
    - Les couleurs de peau sont des adaptations aux différents climats
    Pas évident.
    Les populations de la péninsule arabique n'ont pas noirci au soleil, les aborigènes de Tasmanie n'ont pas blanchi malgré un climat tempéré et les pygmées vivent plutôt à l'ombre des forêts. Je vois d'ailleurs mal comment on pourrait démontrer que l'évolution de la couleur de peau est liée à une pression sélective du climat plutôt qu'une dérive aléatoire, une sélection sexuelle culturelle ou autre. On peut comprendre qu'au départ l'espèce humaine ne devait pas avoir une peau de roux sous le soleil de l'Afrique, mais la dépigmentation chez certaines populations n'est pas forcément liée au climat.
    Il est d'ailleurs étonnant de voir que cette théorie des climats se retrouve depuis l'Antiquité (les noirs cuis par le soleil...).
    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    - Ces évolutions différentes sont superficielles et ne touchent pas notre organe fondamental : le cerveau de l’homo sapiens
    - Tous les cerveaux humains sont faits de la même façon. Que l’on soit blanc, noir, juif, chinois, aborigène d’Australie, on peut faire appel au même neurochirurgien pour enlever une tumeur.
    - Si on adopte un petit aborigène d’Australie dont les parents vivent à l’âge de pierre, il sera tout à fait capable de faire des études supérieures.
    Les aborigènes vivent en 2007 pas à l'âge de pierre...
    Il vaut mieux dire que les performances intellectuelles ne sont pas liées au niveau technologique d'une société. On peut même parfois se dire qu'un chasseur dans la toundra risque de se révéler plus malin qu'une personne restant scotché sur son canapé devant sa télé.
    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    Est-ce que je peux ajouter la phrase suivante ?

    - L’imagerie cérébrale (IRM ou autre) démontre que les chemins de pensée sont exactement les mêmes pour tout groupe ethnique à la naissance, hors anomalie. Pour un stimulus donné, les mêmes zones du cerveau sont activées, dans le même ordre et avec le même timing.

    Merci pour vos réponses.
    Il serait étonnant qu'on ait beaucoup passé de nouveaux nés à l'IRM mais il me semble évident que le fonctionnement cérébral est globalement le même pour tous les humains surtout à la naissance où le cerveau n'est pas mature et n'assure guère de fonctions "supérieures" (langage, calcul etc.).
    Le cerveau d'un nouveau-né ne contrôle même pas ses sphincters pour le plus grand bonheur des fabricants de couches...

    Et je me permettrais d'insister sur le fait que je trouve périlleux d'essayer d'établir l'égalité au sens moral sur des considérations physiques. Des gens très bien pensent qu'il y a un bénéfice à faire ses démonstrations d'homogénéité biologique de l'humanité, mais c'est rabattre l'humain à une matérialité "mécanique" et cela tend à juger des questions éthiques sur les critères de la physique, à utiliser le système hiérarchique des forces (qui est le plus fort ?) comme modèle pour l'évaluation des dignités.
    L'égalité des hommes n'est pas une question scientifique, c'est une question philosophique, une question de choix de société.

  3. #3
    invite6c250b59

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    - L’imagerie cérébrale (IRM ou autre) démontre que les chemins de pensée sont exactement les mêmes pour tout groupe ethnique à la naissance, hors anomalie. Pour un stimulus donné, les mêmes zones du cerveau sont activées, dans le même ordre et avec le même timing.
    Il y a effectivement un même plan d'organisation général, en même temps qu'une grande variabilité interindividuelle. Ex de similarité: sauf anomalie grave tout le monde a une aire associée au visuel à l'arrière, un cortex moteur au milieu, etc. Ex de variabilité: la dominance gauche/droite pour les mains reflète la dominance des hémisphères du cerveau; le dessin des sillons varie d'une personne à l'autre, etc (j'aime beaucoup la première image du lien: c'est la superposition des sillons de 50 personnes sur une même image, ce qui donne une idée très graphique de la variabilité interindividuelle).

    Des différences existent selon la culture, ou plus précisément selon le vécu environnemental (on sait par exemple que des chauffeurs de taxi londonien ont un hippocampe changé, probablement en lien avec leur utilisation routinière de cartes mentales), mais je n'ai jamais entendu parler de particularité en IRM qui serait associable à l'éthnie - encore moins qui serait présente à la naissance! Les seules différences ayant été identifié jusqu'ici l'ont été pour des problématique de santé mentale ou neurologiques. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'on en trouvera jamais, car il est impossible de prouver une absence de différence en sciences

  4. #4
    invite6a26c75d

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Salut,

    Citation Envoyé par bardamu Voir le message
    Et je me permettrais d'insister sur le fait que je trouve périlleux d'essayer d'établir l'égalité au sens moral sur des considérations physiques. Des gens très bien pensent qu'il y a un bénéfice à faire ses démonstrations d'homogénéité biologique de l'humanité, mais c'est rabattre l'humain à une matérialité "mécanique" et cela tend à juger des questions éthiques sur les critères de la physique, à utiliser le système hiérarchique des forces (qui est le plus fort ?) comme modèle pour l'évaluation des dignités.
    L'égalité des hommes n'est pas une question scientifique, c'est une question philosophique, une question de choix de société.
    Je suis d'accord avec Bardamu et Jiav. Il est assez périlleux de chercher à montrer l'absence de différences entre les groupes ethniques dans le but de promouvoir l'égalité entre ces groupes. D'une part, parce que comme le souligne Jiav, il est impossible scientifiquement de montrer l'absence de différence. D'autre part, parce que la réfutation de cette absence de différences risque, chez le commun des mortels, de faire émerger la question de la réfutation du principe moral qui l'accompagne. Si on dit que l'absence de différence justifie l'égalité, alors, si de telles différences sont mises à jour, l'égalité entre les groupes ethniques risque d'être questionnée.
    C'est un peu ce qui se passe avec le BiDil. La science nous a toujours affirmé qu'il n'y avait pas de différences fondamentales entre les Blancs et les Noirs (par exemple), et qu'il n'y avait pas de "races" au sein de l'espèce humaine. L'émergence du BiDil aux Etats-Unis (un médicament permettant de soigner certaines cardiopathies qui s'avère être plus efficace chez les Afro-Américains que chez les Européens-Américains) a remis au goût du jour la question des différences biologiques entre les ethnies et l'existence de races humaines.

    Fonder ce principe moral d'égalité sur l'absence de différences, c'est se soumettre au risque de voir ce principe remis en cause si ces différences sont découvertes. De même, qu'en est-il des autres groupes ?

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    FDFD

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Merci d’abord pour vos commentaires très intéressants.

    Voici ce que j’en retiens :
    o L’égalité des êtres humains devrait être basée sur un principe moral universel
    o Il est dangereux de vouloir fonder cette égalité sur des études scientifiques car ces études risquent de montrer, maintenant ou plus tard, qu’en fait il n’y a pas d’égalité.

    Je suis sensible à ces arguments. D’ailleurs, je n’ai encore réellement fait cette présentation aux élèves. J’ai bien conscience, qu’elle fait appel à des notions dangereuses et délicates, même si au départ, elle part d’un bon sentiment…


    Malgré tout, et pour le plaisir d’approfondir avec vous, j’ai envie de continuer à argumenter.

    Je précise à nouveau que le sujet est « l’égalité » des différentes ethnies, sur le plan cérébral, en terme de potentiel, si possible avant que la culture locale n’ait apporté sa modulation. Il ne s’agit en aucune manière de juger les différences inter individuelles et de condamner par exemple les handicapés !

    Mon problème au fond est de montrer que nous sommes une espèce homogène sur le plan cérébral et qu’il n’y a plus de néanderthaliens (ils ont disparu il y a 30 000 ans pour nous ont laissés seuuls, nous les homo sapiens sapiens)… Ce qui me semble mystérieux, c’est qu’il n’y a pas eu vraiment de pression sélective sur le cerveau, si bien que les différents groupes ethniques isolés les uns des autres n’ont sélectionné que des différences somatiques plutôt mineures.

    Un principe moral universel me semble illusoire. D’abord, je ne suis pas sûr que tout le monde soit d’accord pour énoncer un tel principe. Et puis certains se croiront toujours « plus égaux que les autres », comme disait Coluche.

    Le second argument me semble plus difficile à réfuter.

    Et pourtant, j’ai bien l’impression que ces études sont déjà en cours, même si le but premier n’est pas d’étudier les différences interethniques. Allez voir par exemple comment on étudie le comportement des bébés sous IRMf : http://www.unicog.org/bblab/monblog/index.html

    Les moyens scientifiques pour ces études existent donc et je suis à peu près certain que ça se fera. On l’a bien fait à partir des tests de QI, même si dans ce cas les résultats sont contestables à cause de l’influence des cultures.

    Pour l’instant j’en reste là car je manque de temps, mais je compte bien continuer à discuter de ce sujet avec vous dans un prochain post.

  7. #6
    inviteccd6255a

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Un petit exemple de différences culturelles : en japonais, il y a deux systèmes d'écriture différents, l'un phonétique et l'autre basé sur des idéogrammes, donc "graphique". Là où la lecture, chez la plupart des personnes utilisant un alphabet phonétique, est latéralisée à gauche, elle se trouve dupliquée chez les japonais en deux systèmes distincts, l'un dans l'hémisphère gauche qui va traiter les kana phonétiques et l'autre dans l'hémisphère droit qui va traiter les kanji idéographiques. On raconte qu'un médecin japonais avait été très surpris de constater, pendant la guerre russo-japonaise, que des soldats ayant survécu à une blessure par balle du côté gauche de la tête ne présentaient pas les larges déficits de langage prédits par les découvertes de Broca et Wernicke dans le monde occidental : pour cause, leur deuxième système de lecture, idéographique, était toujours intact.

    Là encore, ces différences sont acquises, pas innées.

  8. #7
    invite6c250b59

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    Je précise à nouveau que le sujet est « l’égalité » des différentes ethnies, sur le plan cérébral, en terme de potentiel, si possible avant que la culture locale n’ait apporté sa modulation.
    A priori impossible de tester ça directement: le développement est beaucoup post-natal et donc la composante culturelle inévitable. Par contre on pourrait tenter une approche indirecte: chercher des différences liées à l'origine éthnique chez des enfants adoptés. Il serait àmha très improbable que ces différences, si elles existaient, soit supérieur à une fraction de la différence inter-individuelle générale.

    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    nous les homo sapiens sapiens
    Cette classification est tombée, on est redevenu des homo sapiens tout court

  9. #8
    inviteda69515f

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    Bonjour,

    Je suis ingénieur et j’encadre bénévolement des activités scientifiques pour des adolescents.


    Citation Envoyé par FDFD Voir le message
    Il y a un thème qui me tient particulièrement à cœur, c’est celui sur l’égalité de tous les êtres humains, quelle que soit leur origine.
    Tu devrais commencer par leur dire qu'il y peut y avoir tellement de différence de fonctionnement du cerveau d'un point de vue cognitif et tellement de différences de potentialité entre deux êtres de même ethnie, que la différence qu'il y a entre deux êtres d'ethnie différente devient négligeable.


    Citation Envoyé par FDFD Voir le message

    Ma question :

    Est-ce que je peux ajouter la phrase suivante ?

    - L’imagerie cérébrale (IRM ou autre) démontre que les chemins de pensée sont exactement les mêmes pour tout groupe ethnique à la naissance, hors anomalie. Pour un stimulus donné, les mêmes zones du cerveau sont activées, dans le même ordre et avec le même timing.

    Merci pour vos réponses.
    L'imagerie cérébrale et l'estime de soi (puisque c'est ce que tu tentes de rétablir à priori) me semblent tellement éloigné, que parler d'IRM me semble un peu hors contexte et vâchement tortueux comme chemin.

    Peu importe comment se débrouille le cerveau, les chemins qu'il emprunte, ce qui compte c'est le résultat.

    Perso. je rajouterai que peu importe nos capacités et potentialité de départ, ce qui compte au dessus de tout c'est est-ce que l'on décide de s'en servir au maximum pour soi et pour les autres. Faut pas oublier que l'homme est un animal sociable et le fait de seulement s'investir avec les autres amène 50% de réussite personnelle.

  10. #9
    FDFD

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Merci encore une fois pour vos réponses.

    Je voudrais d’abord expliquer à Powel pourquoi c’est si important de prouver. On pourrait dire que c’est ma sensibilité « ingénieur qui se mêle de sciences humaines »…. Mais pas seulement… Certains des jeunes auxquels je m’adresse ont des frères et sœurs qui se font jeter des boîtes de nuit et surtout qui n’arrivent jamais à avoir un travail à cause de leur faciès ou de leur nom. C’est très sérieux et très dur. Ils finissent par douter et se replient par réflexe sur leur communauté, ce qui n’est bon pour personne… et toutes les belles paroles sur l’égalité de principe n’ont pas beaucoup de portée car ils n’y croient plus…

    Je suis d’accord que si les employeurs adoptaient une autre attitude et si les communautés dont je parle n’avaient pas autant baissé les bras, le problème ne serait pas si grave. Et tout cela constitue un cercle vicieux qui conduit à toujours plus de racisme et de communautarisme.

    En dehors de ce que je peux apporter à travers les activités scientifiques, j’aimerais également leur inoculer un vaccin afin qu’ils ne doutent pas d’eux mêmes quand ils rencontreront des difficultés. J’aimerais qu’ils sachent qu’ils ont les mêmes chances que tout le monde s’ils décident de travailler à l’école et de faire fructifier leurs talents.

    Mais revenons à notre sujet qui m’intéresse également en tant que tel : A-t-on vraiment une chance d’arriver à la conclusion que tous les groupes humains ont les mêmes potentialités ?

    Je ne suis pas spécialiste, mais voici ce que je tire de différentes lectures et de quelques réflexions personnelles. A l’époque où homo sapiens néandertalensis a disparu, homo sapiens sapiens s’est trouvé seul et disséminé dans de nombreux groupes souvent isolés les uns des autres. Probablement que tous ces groupes ont une seule origine car on peut difficilement imaginer que la nature ait inventé plusieurs fois notre merveilleux cerveau… Ce qui est étonnant, c’est que la pression de sélection ne semble pas avoir eu vraiment d’influence notable sur le cerveau, alors qu’elle en a eue sur d’autres organes. Pourquoi ? Selon moi, c’est que le cerveau est capable d’inventer rapidement des parades aux différentes pressions subies. Cela ne laisse pas le temps au mécanisme habituel mutation-sélection de jouer son rôle et de sélectionner des structures du cerveau natif mieux adaptées et qui seraient génétiquement transmissibles. Le software est donc toujours suffisant pour répondre aux agressions et met ainsi le hardware à l’abri des mécanismes de sélection.

    Donc, pour moi, bien que les groupes ethniques aient été parfois isolés, ils ont probablement toujours le cerveau (HW) des origines. Toutes les différences observées sont uniquement culturelles (SW). Et d’autre part, 100 000 ans, c’est très peu pour l’évolution…

    Des mutations se produisent bien, et sont conservées dans la mesure où elles ne sont pas létales. Mais elles ne donnent pas d’avantage décisif. Je pense par exemple aux synesthètes qui associent un chiffre à une couleur. Cette caractéristique résulte bien d’une mutation du cerveau et d’ailleurs elle se transmet génétiquement. Ces mutations sont donc conservées et participent à la diversité sans toutefois être décisives.

    A bientôt.

  11. #10
    kinette

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Je voudrais d’abord expliquer à Powel pourquoi c’est si important de prouver. On pourrait dire que c’est ma sensibilité « ingénieur qui se mêle de sciences humaines »…. Mais pas seulement… Certains des jeunes auxquels je m’adresse ont des frères et sœurs qui se font jeter des boîtes de nuit et surtout qui n’arrivent jamais à avoir un travail à cause de leur faciès ou de leur nom. C’est très sérieux et très dur. Ils finissent par douter et se replient par réflexe sur leur communauté, ce qui n’est bon pour personne… et toutes les belles paroles sur l’égalité de principe n’ont pas beaucoup de portée car ils n’y croient plus…
    Bonjour,
    Triste réalité. Je ne sais pas si les donnée de la neurobiologie peuvent vraiment aider. Par contre pas mal d'études de psychologie sociale peuvent aider, et les pousser à prendre confiance en eux.
    On en a pas mal parlé sur le forum (donc tu peux essayer de chercher un peu), mais je vais essayer de te faire un résumé rapide: certains scientifiques (peut-être peu scrupuleux ) s'étaient basés sur des tests de QI pour conclure que les noirs américains (ainsi que les femmes) présentaient des résultats de QI inférieurs à ceux des hommes blancs. Tu peux imaginer que ça a fait couler de l'encre et entraîné certaines conclusions hâtives!
    Mais des psychologues intéressés par la problématique de l'estime de soi et de ses conséquences sur les performances intellectuelles se sont penchés sur le sujet. Des expériences ont par exemple montré que si tu fais passer des tests à une personne qui subit une pression sociale dévalorisante (femme, minorité ethnique) en précisant à la personne que c'est un test d'intelligence, les résultats obtenus seront effectivement inférieurs à ceux du groupe témoin (n'appartement pas à ce groupe mais à celui socialement valorisé). Par contre si tu présentes le test comme un jeu, et non une évaluation d'intelligence, tu obtiens des résultats identiques à ceux du groupe valorisé.
    C'est à mon sens une donnée très importante, pour aider les personnes qui subissent de telles pressions sociales à s'en sortir.
    Après il y a différentes façons de lutter contre l'injustice, et c'est malheureusement un gros et constant travail de fond.

    En dehors de ce que je peux apporter à travers les activités scientifiques, j’aimerais également leur inoculer un vaccin afin qu’ils ne doutent pas d’eux mêmes quand ils rencontreront des difficultés. J’aimerais qu’ils sachent qu’ils ont les mêmes chances que tout le monde s’ils décident de travailler à l’école et de faire fructifier leurs talents.
    Il n'y a actuellement aucune donnée scientifique qui permette de douter que les capacités de certaines communautés ou cultures soient différentes et soient un handicap à la réussite sociale. Le problème se situe malheureusement plus dans l'accès à la culture et au soutien scolaire...

    Mais revenons à notre sujet qui m’intéresse également en tant que tel : A-t-on vraiment une chance d’arriver à la conclusion que tous les groupes humains ont les mêmes potentialités ?
    Le problème est que la science peut plus facilement conclure sur l'existence de différences que sur leur inexistence, MAIS comme pour l'instant on n'a pas prouvé qu'il y a des différences, ça signifie qu'on peut raisonnablement conserver l'hypothèse qu'il n'y en a pas
    (les différences individuelles existant par contre, mais c'est une autre question).

    Je ne suis pas spécialiste, mais voici ce que je tire de différentes lectures et de quelques réflexions personnelles. A l’époque où homo sapiens néandertalensis a disparu, homo sapiens sapiens s’est trouvé seul et disséminé dans de nombreux groupes souvent isolés les uns des autres. Probablement que tous ces groupes ont une seule origine car on peut difficilement imaginer que la nature ait inventé plusieurs fois notre merveilleux cerveau… Ce qui est étonnant, c’est que la pression de sélection ne semble pas avoir eu vraiment d’influence notable sur le cerveau, alors qu’elle en a eue sur d’autres organes. Pourquoi ? Selon moi, c’est que le cerveau est capable d’inventer rapidement des parades aux différentes pressions subies. Cela ne laisse pas le temps au mécanisme habituel mutation-sélection de jouer son rôle et de sélectionner des structures du cerveau natif mieux adaptées et qui seraient génétiquement transmissibles. Le software est donc toujours suffisant pour répondre aux agressions et met ainsi le hardware à l’abri des mécanismes de sélection.
    Ton explication me semble très intéressante et pas si éloignée des données biologiques : le cerveau présente effectivement une énorme plasticité, qui permet une grosse capacité d'adaptation. Or, on sait que en environnement variable (et c'est certainement ce qu'à pas mal vécu notre espèce), les gènes qui permettent la plasticité sont plus facilement sélectionnés et conservés que les gènes entraînant une réponse unique. De plus, le cerveau humain et ses capacités ont évolué non seulement face à des pressions environnementales, mais aussi des pressions sociales: l'homme vit en groupes organisés, avec des relations généralement complexes. Cette vie de groupe a peut-être entraîné un "surdéveloppement" des capacités cérébrales humaines (par une sorte de "courses aux armements" car celui qui s'en sort le mieux en contexte social est celui qui arrive le mieux à prévoir les réactions des autres et s'y adapter).
    Bref, il serait difficile de tester ceci, mais il semble logique de penser que les pressions de sélections sur les capacités de réflexion humaines n'ont pas été si différentes que ça entre groupes humains.

    Donc, pour moi, bien que les groupes ethniques aient été parfois isolés, ils ont probablement toujours le cerveau (HW) des origines. Toutes les différences observées sont uniquement culturelles (SW). Et d’autre part, 100 000 ans, c’est très peu pour l’évolution…
    Effectivement, vu la durée des générations humaines c'est peu.

    Bref si tu veux rassurer tes "petits", tu peux leur expliquer qu'on n'a aucune raison d'imaginer une infériorité biologique. Tu peux aussi leur donner un aperçu de la richesse des cultures au niveau historique, des différentes solutions et adaptations trouvées par chaque société.
    Et notre vision des choses sur ce qui serait "primitif" a à être relativisée: rien que la taille d'un silex demande une habileté mais aussi une intelligence loin d'être négligeable
    J'ai eu l'occasion de voir aux USA des canaux d'irrigation creusés à l'ère préhistorique par les peuples aborigènes (Arizona) et c'est vraiment bluffant de voir combien les sociétés de l'époque étaient évoluées.
    Bon courage et tous mes encouragements pour la dure tâche que tu as, mais à mes yeux très belle et importante

    K
    Nomina si nescis, perit et cognito rerum.

  12. #11
    FDFD

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Merci à Kinette pour sa réponse détaillée et pour ses encouragements qui me touchent.

    Au cours des activités scientifiques avec les collégiens, j’ai remarqué que ce qui marche le mieux est de leur présenter les activités sous forme de jeux et si possible surtout ne pas reproduire un cours scolaire. Tout ce qui est écrit les rebute également.
    Cette année, j’ai d’ailleurs adopté le principe de les faire jouer avec un montage qui fonctionne déjà ou qu’ils peuvent monter rapidement (Par exemple une sonnette électromécanique qui fait tinter un verre à partir d’un électro-aimant réalisé avec un clou et quelques spires de fil émaillé). C’est un montage qui donne envie de jouer, c'est-à-dire de le modifier pour voir si ça tinte plus fort ou moins fort, etc..). A partir du jeu, ils sont décomplexés pour poser des questions. Et certains sont très pertinents et doués…

    Par le jeu, je les extrais d’un contexte où ils ne sont pas considérés, comme l’école. Je suis heureux de constater que c’est en accord avec les conclusions de la psychologie sociale…

    Quant à ma « conférence » sur homo sapiens, que je ferai peut-être, je me garderai bien de les rassurer directement sur leur cas à eux…. Mais à partir des conclusions que je donnerai, je suis sûr qu’ils en tireront les conclusions pour eux-mêmes tous seuls.

    A bientôt.

  13. #12
    invite6a26c75d

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Une autre stratégie intéressante (et susceptible de fonctionner sur tout le monde) pour atteindre le but que tu t'es fixé peut être de faire une conférence, non pas sur l'absence de différences entre les groupes sociaux, mais sur la malléabilité de l'intelligence. Il a été montré que les théories implicites de l'intelligence prédisent la réussite des enfants et des adolescents à l'école (Blackwell, Trzesniewski, & Dweck, 2007). Les théories implicites de l'intelligence sont soit entitativiste (l'intelligence est conçue comme une capacité immuable : si tu né avec un QI de 120, tu auras tout ta vie un QI de 120), soit incrémentaliste (l'intelligence est conçue comme une capacité malléable que tu peux modifier, augmenter, avec un entraînement suffisant). En général, les études montrent que les personnes qui ont une théorie incrémentaliste de l'intelligence réussissent mieux à l'école, subissent moins les effets de la menace du stéréotype (le phénomène psycho-social auquel Kinette fait référence, voir Aronson, Fried & Good, 2002), etc. Peut-être que baser ton intervention sur les théories implicites de l'intelligence, en mettant en avant que l'intelligence est malléable, en fournissant des références scientifiques sur le sujet, en parlant également des découvertes concernant la plasticité du cerveau, permettrait d'atteindre le but que tu t'es fixé, en évitant les risques d'une intervention basée sur l'absence de différences.



    Aronson, J. , Fried, C. & Good, C. (2002). Reducing the Effects of Stereotype Threat on African American College Students by shaping theories of intelligence. Journal of Experimental Social Psychology. 38, 113-125.

    Blackwell, L., Trzesniewski, K., & Dweck, C.S. (2007). Implicit Theories of Intelligence Predict Achievement Across an Adolescent Transition: A Longitudinal Study and an Intervention. Child Development, 78, 246-263.

  14. #13
    FDFD

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Bonjour,

    Je crois que la discussion sur ce thème est épuisée, dans la mesure surtout où je n'ai pas les connaissances pour aller plus loin...

    Merci pour vos commentaires qui enrichissent notablement ma vision des choses en apportant une dose toujours utile de relatif. Merci également pour les références de lecture.

    Bonne journée à tous.
    Cordialement

  15. #14
    inviteeecca5b6

    Re : Pas de différences ethniques pour le cerveau ?

    Bonjour,

    Si je peux me permettre.

    Bien que possible, il est très dangereux d'essayer de corréler les caractéristiques anatomiques du cerveaux à d'autres facteurs comme le sexe ou la couleur de peau.

    Pour les femmes par exemple, on sait qu'elles ont un volume encéphale plus petit que celui des hommes. Ce qui en soit ne prouve rien quant à leur capacités intellectuelles.

    On sait aussi qu'elles ont, en moyenne, une epaisseur corticale plus petite que celle des hommes.

    Par contre la ça devient assez gênant. Des études montrent clairement une corrélation entre l'épaisseur corticale de certaines régions (et même avec l'épaisseur corticale moyenne) et le QI. D'autres études montrent le facteur génétique du QI ainsi que de l'épaisseur corticale.

    L'un dans l'autre, on pourrait conclure que les femmes seraient douées pour le test de QI. Ensuite, conclure que le test de QI est le reflet de l'intelligence, c'est un fossé que je ne franchirai pas.

    On peut tout à fait imaginer mener ce genre d'études en fonction d'autres caractéristiques physiques et, pourquoi pas, trouver de telles différences, personne ne le sait.

    Maintenant la question est: l'épaisseur corticale des femmes est-elle plus mince naturellement ou à cause du préjugé qui voudrait que les femmes soient moins intelligente ?
    Car des études montrent qu'un préjugé affecte la performance des femmes, elles performent moins bien aux tests d'intelligence quand on leur presente comme tels. Elles reussissent beaucoup mieux ce meme test quand on ne le leur presente pas comme un test d'intelligence.
    Ainsi, on pourrait penser que ce préjugé sociétale pourrait etre responsable de la baisse de l'épaisseur corticale des femmes au cour des années, il a en effet ete demontré que l'anatomie du cerveau pouvait varier en fonction de l'activité.

    Enfin bref, quand bien même quelqu'un démontrerait un différence significative d'épaisseur corticale (ou autre) entre des groupes éthnique, nous ne pourrions pas (dans l'état actuel des choses) conclure à un avantage naturel.

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