Salut GottferDamnt,
Ok, c’est cohérent.
Mais est-ce recevable ?
A quelques détails près, nous parlons bien de la même chose et tes arguments se tiennent.
Les petits détails en écart seraient par exemple l’analogie du daltonien, qui n’est peut-être pas excellente, puisqu’il peut probablement comprendre la notion des couleurs manquantes par transposition, à la manière dont le fait l’aveugle. Ou à la manière dont nous le faisons nous-mêmes pour comprendre et représenter ce qui ne nous est pas directement accessible par les sens (mais ok, ce n’est qu’un exemple, je comprends ce que tu veux dire)
Autre détail, moins anodin celui-là (on verra plus loin), serait mon interprétation du cogito de René, que je vois comme limite, tandis que tu le considères fondateur.
Dernier point, c’est celui d’observateur externe, que tu rejettes, bien qu’il soit à la base même du cartésianisme, dont tu te réclames, lorsque tu dis que le…
Tu as néanmoins ici raison, puisque cet observateur externe est une nécessité exigée par la méthode, mais n’a pas de réalité intrinsèque : la notion d’observateur est relative à celle de l’observation, mais n’a pas d’en-soi autonome et indépendant.Envoyé par GottferDamnt
Ce qui fait que je comprends bien ton choix de lui préférer la notion d’intersubjectivité, que l’on pourrait définir comme "je suis la relation à l’autre" (et pas autre chose) ou, plus généralement "je suis la relation à toute chose" (et pas autre chose)
L’en-soi du moi n’existe pas : Je suis relation, ou je ne suis pas.
Ce n’est pas cartésien (contrairement à ce que tu sembles penser), mais cela n’a aucune importance, car c’est valide.
Tu en tire donc logiquement l’idée que tu es…
C’est vrai. C’est indémontrable, mais c’est empiriquement incontestable (le mot empirique est de toi)Envoyé par GottferDamnt
Cependant, même si tu t’en défends, il s’agit bien d’une forme de solipsisme, certes amélioré par la notion de relation intersubjective, mais malgré tout dans la même lignée.
Si le solipsisme est une doctrine affirmant que tout procède du sujet pensant, ce que je comprends de l’intersubjectivité serait une sorte de multi-solipsisme (c’est antinomique, mais ne le prend pas au premier degré, ni comme une attaque. C’est juste pour donner à "toucher") qui affirmerait que tout procèderait de sujets multiples en interrelations.
Le problème des solipsismes n’est pas tellement qu’ils soient faux. C’est surtout qu’il est impossible de démontrer en quoi ils sont vrais ou faux. Ils se veulent par principe, explication totale (et ils le sont effectivement, puisqu’on peut leur rapporter l’entièreté du réel) mais ne sont pas réfutables. En clair, ils n’expliquent rien et ne permettent d’expliquer rien.
Le fait que tout se rapporte au sujet (qu’il soit unique ou multiple) ne change rien à mes interrogations sur le monde, pas plus qu’il ne les résout. Par exemple, je suis incapable de répondre à la question de savoir pourquoi je suis l’expression unique et totale du monde.
Ou bien encore, pourquoi il existe une distinction entre moi et l’autre, alors que moi et l’autre sommes tous deux la relation à l’autre (pourquoi suis-je moi, et pas l’autre ?)
Solipsisme ou pas, le mystère reste le même…
Ce qui n’est pas du tout le cas avec Descartes. En posant le principe de la distinction de l’observateur et de l’observation, je sais précisément en quoi c’est… faux ! (cf. plus haut, concernant l’absence de nature intrinsèque de l’observateur et de l’observation)
Mais c’est précisément parce que c’est faux, et que je le sais, que la méthode est opérationnelle et valide. Je peux comprendre le monde par elle.
Quel monde puis-je déduire de l’intersubjectivité ? Je ne sais pas. C’est un postulat, qui s’admet comme tel (tu parles toi-même de tautologie) qui est peut-être vrai, mais dont je ne peux rien faire.
Que faudrait-il faire pour que l’intersubjectivité soit valide et opérationnelle ? Il faudrait commencer par préciser, comme avec Descartes, en quoi elle est fausse…
(J’hésite ici à mentionner K. Popper, parce que je ne veux pas comme dans d’autres fils, me faire reprendre par les puristes. Et puis je ne veux pas trop me disperser. Mais il est clair que c’est bien sa notion de réfutabilité que j’ai en tête…)
Et, dans ce cas, oui, toutes les hypothèses du computationnalisme sont acceptables, sans problème. C’est même un champ d’exploration parfaitement légitime. Je pose une hypothèse, peu importe laquelle, et j’explore toutes les conséquences et déductions possibles.
Malheureusement, il ne semble pas que ce soit ta position. Car, lorsque tu dis…
Outre le fait que l’idéalisme que tu défends ne correspond pas au cartésianisme tel que je le conçois (mais passons là-dessus, nous avons déjà fait le point), tu précises bien que tu as…Envoyé par GottferDamnt
Et ça, ça me choque, même si tu précise plus loin que tu…Envoyé par GottferDamnt
Ca me choque, parce qu’une hypothèse sur laquelle on n’a "aucun doute", ce n’est plus une hypothèse. C’est une croyance. Et les croyances ne sont pas réfutables.Envoyé par GottferDamnt
Je ne peux pas réfuter l’irréfutable…
Mais du coup, je ne peux plus non plus penser ce qui en découle.
Et cela me chagrine, parce qu’il y a beaucoup de choses très intéressante dans ce que tu dis. J’y ai retrouvé un certain nombre de mes propres réflexions, à ceci près que, contrairement à toi, même si j’ai nombre de réponses possibles (parfois fragmentaires, parfois contradictoires), je n’ai aucune certitude définitive.
Amicalement,
Aigoual.
(PS : dommage concernant "l’acte sexuel". Le mâle primitif qui est en moi est déçu…)
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