Bonjour,
La psychanalyse explique t-elle l'intuition ?
Merci.
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Bonjour,
La psychanalyse explique t-elle l'intuition ?
Merci.
Bonjour Ozmoz
La psychanalyse (de Lacan, je ne dis rien des autres courants) n'explique pas l'intuition et il est vraisemblable que ce soit là un mot "fourre-tout".
Dans certains cas elle n'est rien d'autre qu'une illusion fondée sur le désir du sujet; dans d'autres cas, l'intuition désigne l'anticipation d'une signification suggérée par une chaîne signifiante inachevée (qui n'a pas atteint ce qu'on appelle le "point de capiton") mais cela n'épuise pas l'ensemble des phénomènes qu'on range sous ce terme.
Puis-je vous demander ce qui vous porte vers cette question ?
Entre plusieurs choses que je crois que la psychanalyse n'explique pas tout du fonctionnement du psychisme. (de mon petit point de vu.)
J'ai hésité entre mettre le mot intuition et instinct.
Je me demandais aussi s'il n'y avait pas un lien entre intuition et instinct.
Pour le premier point, vous avez raison : la psychanalyse n'explique pas tout du psychisme, loin s'en faut (elle tente d'en donner des représentations parcellaires et TOUJOURS susceptibles d'être critiquées). Un psychanalyste qui affirmerait le contraire n'en mériterait pas le titre et serait un véritable danger pour ses patients.
Cette impossibilité de "tout expliquer du psychisme" est même une donnée fondamentale des théories psychanalytiques(lacaniennes): le constat qu'en définitive "tout n'est pas langage" est à l'origine du concept de "réel" en psychanalyse. Le "réel" y est ainsi défini comme ce qui se dérobe à toute symbolisation.
Le mot "instinct" ne figure pas dans les textes originaux de Freud (ni de Lacan) : il s'agit d'une maladresse due à Marie Bonaparte qui a voulu traduire ainsi le mot "trieb", qu'il faudrait plutôt traduire par "pulsion".
Je ne saisis pas de rapport direct entre "pulsion" et "intuition", si ce n'est sous la forme évoquée dans mon précédent message (une "intuition" n'est parfois qu'une illusion liée à un désir).
Le concept de pulsion est lui-même problématique: Freud en disait qu'il était une notion encore "mythologique". Le terme est encore employé (souvent par commodité), mais en principe celui qui le fait doit (ou devrait) savoir qu'il ne s'agit que d'une "étiquette" contestable.
Si vous lisez des textes psychanalytiques, il n'est pas mauvais de partir du principe que la psychanalyse ne fait que progresser d'échec en échec.
Bonsoir.
Un exemple de ce que peut représenter ce mot dans ce cas.
Bonjour à tous, bonjour Myoper
Merci pour ce lien !Bonsoir.
Un exemple de ce que peut représenter ce mot dans ce cas.
La personne qui a fait ce travail (que j'imagine fastidieux) a beaucoup de mérite.
On peut constater qu'en effet l'intuition reste une notion très vague et employée en des sens très différents (même s'il reste possible de repérer quelque point commun entre l'une ou l'autre des occurrences).
(Ce qui pique ma curiosité est cette affirmation que Freud aurait pu accorder quelque crédit que ce soit à la télépathie; cela me semble parfaitement opposé à son scientisme notoire - : on sait que son rejet du paranormal explique sa rupture avec Jung-. Malheureusement les liens proposés vers les références sur le sujet sont inactifs (en tous cas de là où je suis). Si c'était bien le cas, ce serait là un "symptôme" fort intéressant )
Bonjour Karlp et tout le monde,
J'ai dit le mot "instinct" même si elle ne fait pas partie de vocabulaire de la psychanalyse car je me demande si on ne peut pas considérer l'instinct comme une "force" tout comme la pulsion.
Cette force aurait été oubliée par les pères de la psychanalyse?
Il me semble que les sciences cognitives et la théorie du cerveau Bayésien serait un cadre plus adéquate pour rendre compte de l'existence des intuitions.
Comme l'a dit Stanislas Dehaene en plaisantant nous avons tous un petit Thomas Bayes dans le cerveau.
Et donc dans ce cadre l'intuition s'explique naturellement.
La principale fonction du cerveau est de se forger des connaissances a-priori valides sur le monde qui l'entoure pour résoudre les problèmes de l'existence.
Il le fait naturellement, à notre insu.
Mais je pense qu'un aspect nécessaire à l'intuition est la curiosité, et le fait de se poser des questions.
Mais la vie aussi et son cortège de problème se charge de nous poser les questions essentielles...
Cordialement,
Lacan distingue la "pulsion" de l'"instinct" pour la raison suivante : l'instinct constitue un "bon guide" pour l'animal; si cet instinct ne permet pas sa bonne coaptation à l'environnement, il est "éliminé". L'animal n'a pas à se "poser de question" au sujet de la reproduction par exemple.Bonjour Karlp et tout le monde,
J'ai dit le mot "instinct" même si elle ne fait pas partie de vocabulaire de la psychanalyse car je me demande si on ne peut pas considérer l'instinct comme une "force" tout comme la pulsion.
Cette force aurait été oubliée par les pères de la psychanalyse?
A l'inverse, les observations suggèrent que la pulsion ne permet en aucun cas à l'être humain de se guider. La pulsion n'aurait pas d'objet prédéterminé (sans doute en raison de ce qu'on appelait la "prématuration de l'homme"); les pulsions "choisiraient" leur objet en fonction des aléas de l'existence (la nécessité de se nourrir fournit un moyen aux pulsions de se satisfaire et on observe que la satisfaction orale prend son indépendance à l'égard du besoin physiologique de manger; il arrive parfois que la satisfaction pulsionnelle devienne tyrannique et ne tolère plus la satisfaction du besoin physiologique:certains cas d'anorexie)
L'instinct n'a donc pas été oublié par la psychanalyse: Freud et Lacan ont considéré que ce terme ne convenait pas à l'homme tel qu'il le définisse relativement à ce qui a pu s'imposer dans leur pratique (ce qui n'exclut donc pas la légitimité de l'usage de ce terme dans un autre cadre théorique)
Je ne demanderais pas mieux d'en savoir plus : si vous pouviez nous en toucher deux mots, je vous en serais infiniment reconnaissant!
Je pense qu'il fait référence à ce genre de choses ou l'intuition est décrite comme un processus de pensée inconsciente qui évalue un certain nombre de probabilités d’événements en fonctions de données plus ou moins conscientes (maintenant, le type de probabilités qui est ici "utilisée" par le cerveaux reste du domaine de la spéculation et pourrait tout aussi bien dépendre de chaque individu).
Merci Myoper pour ce lien !
J'ai apprécié la différence qu'ils font entre une computation dont les étapes précédent la conclusion restent inconscientes (la "véritable" intuition) et les projections du désir (source d'erreurs). Il me semblent qu'ils présentent également une autre forme d'intuition qui doit peut être être distinguée de la première : la faculté de se libérer des a priori indiscutés qui cloisonnent nos réflexions (comme Cantor qui impose l'idée d'infini actuel contre toute la tradition).
Me vient à l'esprit la question de savoir s'il n'y a pas une analogie possible entre ces computations "inconscientes" et la connaissance tacite des règles de grammaire que nous sommes capables d'utiliser bien avant de les étudier à l'école (c'est juste une idée qui me vient comme ça et dont je vais essayer de voir si elle n'est qu'une projection de mon désir ou bien si elle mérite d'être creusée).
On cherche souvent, me semble t-il, à donner un sens univoque à un mot, alors que c'est les diverses phénoménologies, scénarios de cas d'étude sur lequel il faudrait se focaliser. Si on se focalise que sur le mot "intuition" cela peut conduire à des auto-références. Nos intuitions pour construire une "explication" sur nos intuitions.
Patrick
Je me demande si ce que vous dîtes sur l'autoréférence n'aurait pas pour conséquence que l'intuition ne puisse devenir un concept scientifique (c'est une interrogation "ouverte" je tiens à le préciser)
Je ne l'avais pas perçue sous cet angle de regard. Cela signifie qu'un concept scientifique se construit bien souvent sur la base d'une autoréférence ?
Patrick
Pardonnez moi Patrick, je me suis très mal exprimé : je voulais dire qu'ici l'autoréférence, dans la mesure où c'est le "sujet" qui en est le centre, interdit la scientificité.
C'est ne puisse pas devenir un concept scientifique (c'est une interrogation "ouverte" je tiens à le préciser) que tu voulais exprimé ? car j'ai compris l'inverse.
Patrick
Toutefois, les sujets par inter subjectivité, sont me semble t-il au centre de la construction de nos connaissances et l'auto-référence peut être un outil pour identifier ce qui est premier, c'est à dire que l'on ne sait capturer dans d'autre concept, pour construire une "axiomatique".
Patrick
Bonjour,
En ce qui concerne le "Cerveau Bayésien", je fais référence aux travaux de synthèse de Stanislas Dehaene,
il semble que l'on puisse parler de révolution en sciences cognitives.
Cordialement,
Oui, vous avez absolument raison. Voilà pourquoi il nous faut distinguer l'"agent de la science" qui est convoqué dans les relations intersubjectives et le "sujet" (appelons le le "sujet psychologique") auquel je faisais référence. C'est en tant que cette auto référence met le "sujet psychologique" en amont et en aval de l'enquête sur l'intuition qu'elle interdirait la scientificité d'icelle (je laisse toutefois le conditionnel).Toutefois, les sujets par inter subjectivité, sont me semble t-il au centre de la construction de nos connaissances et l'auto-référence peut être un outil pour identifier ce qui est premier, c'est à dire que l'on ne sait capturer dans d'autre concept, pour construire une "axiomatique".
Patrick
Mais comme vous le soulignez, l'intersubjectivité des "agents de la science" est, elle, le seul moyen de tendre vers une idéale "objectivité".
Le terme "sujet" est épouvantablement équivoque (et j'ai singulièrement manqué de précision dans mon propos)
Bonjour,Bonjour,
En ce qui concerne le "Cerveau Bayésien", je fais référence aux travaux de synthèse de Stanislas Dehaene,
il semble que l'on puisse parler de révolution en sciences cognitives.
Cordialement,
Qu'avez vous lu chez Stanislas Dehaene qui se rapporte à la question de l'intuition ? Je crois en effet que sur ce sujet il vaut mieux se tourner vers les sciences cognitives que vers la psychanalyse (l'intuition n'étant pas, comme je le disais, un concept psychanalytique - en revanche, je crois que certaines formes d'intuition concerne directement la question de la cognition)