Hyper actif ? Qu'est-ce que cela veut dire?

[Runjulia]

Bonjour,

j'entends (je lis!) beaucoup cette expression, mais qu'est-ce que c'est au juste ? Des personnes ayant beaucoup d'activités ou des personnes ayant une agitation intempestive et troublante (pour eux-mêmes et leur entourage)?
Je pose cette question parce que je ne comprends pas bien ce "trouble" moderne. Est-ce d'ailleurs un trouble moderne ou la perception "sociale" d'un trouble? Est-ce une maladie ? Un trouble du comportement ? On en fait trop dans ce domaine ? Pas assez ? N'est-ce pas dû à la disponibilité des parents et l'attention qu'ils apportent ou bien, je ne sais quelle déficience émotionnelle?
Je m'y perds entre conformité à un ensemble (neurotypique), les traits de personnalité (de la sociopathie, narcissique etc.) et les maladies mentales.
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[vep]

L’hyperactivité est un symptôme des TDA/H (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) et fait partie de la catégorie des troubles des apprentissages.

Pour diagnostiquer un TDA/H il faut que soient présents plusieurs signes :
- De l’agitation motrice (pour les troubles de l’attention avec hyperactivité)
- Des difficultés d’attention
- De l’impulsivité dans les comportements ou prise de parole
- Une gêne dans les apprentissages et dans la vie sociale
Le diagnostic est posé par des professionnels après une évaluation clinique et des tests.
Un TDA/H peut être diagnostiqué s’il y a autisme, déficit ou précocité intellectuelle ou un autre trouble des apprentissages mais pas s’il y a maladie mentale (trouble psychotique ou trouble de la personnalité).

Ils ne sont donc pas liés à un « déficit émotionnel » ou à des parents trop laxistes et peu cadrants. Et n’est pas déclaré « hyperactif » tout enfant qui s’agiterait un peu trop en classe.
Contrairement à certaines idées reçues tous les enfants agités ne sont pas sous méthylphénidate, (Ritaline ou autre).
Ce médicament n’est d’ailleurs efficace QUE chez les personnes souffrant d’un TDA/H, chez les autres elle a au contraire un effet psycho-stimulant.

Et est-ce qu’on en fait trop ? Personnellement je ne pense pas quand on sait que c’est un vrai handicap (reconnu comme tel), que 5 à 10 % des personnes en souffriraient, et qu’une bonne partie ne sont pas diagnostiqués et donc pris en charge (surtout les TDA sans hyperactivité qui sont moins bruyants mais tout autant handicapants).
Il n’y en a sans doute pas plus qu’il y a quelques décennies, ils sont simplement mieux diagnostiqués car ces troubles sont de mieux en mieux connus et il faut le dire, de plus en plus gênants dans notre société sédentaire où la performance scolaire est si importante.


Les études actuelles évoquent plus de 80% des TDA/H d’origine génétique et décrivent des spécificités neurologiques qui seraient à l’origine de ce trouble.
Les causes éducatives qui étaient évoquées il y a quelques décennies sont maintenant écartées.
(d’ailleurs, dans les TDA/H, les difficultés éducatives semblent plus secondaires au trouble qu’à l’origine de celui-ci).
Les neurosciences font heureusement beaucoup évoluer la compréhension des troubles des apprentissages (Olivier Houdé, Michel Habib entre autres) et s’orientent vers un déficit du contrôle inhibiteur. On connait désormais bien mieux les spécificités cérébrales de ces personnes.

[shokin]

Selon le DSM-V, les critères sont les suivants :

A. Une persistante inattention ou hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement ou le développement et caractérisée par (1) l'inattention ou (2) l'hyperactivité et l'impulsivité :

(1) Six symptômes parmi les suivants ont persisté pendant au moins six mois à un degré inadéquat avec le niveau de développement et ont un impact négatif sur les activités :

- peine souvent à donner une grande attention aux détails ou fait des erreurs avec insouciance, que ce soit à l'école, au travail ou lors d'autres activités,
- a souvent de la difficulté à soutenir son attention lors de tâches ou d'activités ludiques,
- semble souvent ne pas écouter quand on lui parle directement,
- souvent ne suit pas les instructions données et n'arrive pas à terminer le travail scolaire, les corvées ou les obligations,
- a souvent de la difficulté à organiser ses tâches et ses activités,
- évite souvent ou est réticent à s'engager dans des tâches qui requièrent un effort mental soutenu,
- perd souvent des choses nécessaires aux tâches et aux activités,
- est souvent aisément distrait par des stimulus extérieurs,
- est souvent négligent dans les activités quotidiennes.

(2) Au moins six symptômes parmi les suivants ont persisté pendant au moins six mois à un degré inadéquat avec le niveau de développement et ont un impact négatif sur les activités :

- remue souvent ses mains ou ses pieds, ou bouge sur sa chaise,
- quitte souvent sa chaise dans des situations où on est censé rester assis,
- court ou grimpe souvent dans des situations où cela est inapproprié,
- est souvent incapable de jouer ou de s'engager dans des loisirs de manière calme,
- est souvent "en route", agissant comme si "conduit par un moteur" (par exemple : est incapable ou à de la difficulté à rester calme pour une durée prolongée, comme au restaurant, à des réunions),
- parle souvent de manière excessive,
- dévoile souvent la réponse à une question avant que celle-ci ne soit terminée (ou complète les phrases des gens, n'arrive pas à attendre son tour, voire le tour des autres, dans une conversation),
- a souvent de la difficulté à attendre son tour (par exemple dans une file d'attente, ou quand des personnes sont appelées les unes après les autres),
- interrompt souvent ou fait souvent intrusion dans les conversations ou activités d'autrui.

B. Plusieurs symptômes d'inattention ou d'hyperactivité-impulsivité étaient présents avant l'âge de 12 ans.

C. Plusieurs symptômes d'inattention ou d'hyperactivité-impulsivité sont présents dans au moins deux contextes (par exemple : à la maison, à l'école, au travail, avec des amis ou d'autres relations, dans d'autres activités).

D. Il y a une claire évidence que les symptômes interfèrent avec le fonctionnement (social, académique, ludique) ou en réduisent la qualité.

E. Les symptômes n'apparaissent pas uniquement lors de la schizophrénie ou de tout autre trouble psychotique et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (par exemple : trouble de l'humeur, trouble de l'anxiété, trouble dissociatif, trouble de la personnalité, etc.).

Les enquêtes sur la population suggèrent que les TDAH touchent, dans la plupart des cultures, environ 5 % des enfants et environ 2.5 % des adultes.