Bonjour,
Je me permet de créer un fil de discussion dédié même si je l’admet … ce n’est pas une question que je pose mais plutôt une série d’affirmationJe passe, (furtivement je l'admet), de temps en temps sur le forum et, regardant un peu les catégories qui sont mon domaine, je trouve relativement souvent des gens intéressés par la charpente métallique ou qui demandent de l'aide s'y rapportant dans la partie Technologie.
Fort heureusement quelques connaisseurs trainent sur le forum, j'ai en tête Jaunin par exemple, qui aiguillent au mieux les réflexions (il faut encore que je me motive pour m'y mettre mais les messages me sont encore trop souvent terrifiant par certains égards je l’admets).
Je vous propose quand même les quelques remarques générales suivantes :
Il est bon d’avoir en tête que ce sont les règles Eurocodes qui sont aujourd’hui en vigueur dans la construction. Les anciennes normes CM66 / NV65 peuvent toutefois être encore fort utiles et peuvent être plus facilement trouvable sur internet.
Parmi les documentations intéressantes, le cticm a ouvert un site récemment et il se complète de façon très régulière de petites fiches techniques reprenant les bases ou marquant noir sur blanc des règles tacites de bonne pratiques dans le domaine de la construction métallique.
https://metaletech.com/
Une fiche particulièrement intéressante pour les amateurs est la suivante permettant de calculer les efforts internes dans différentes situations :
https://metaletech.com/2021/03/30/fo...utres-simples/
Ainsi qu'un catalogue des sections et caractéristiques des profils du commerce (Dans ce cas précis, le catalogue d'Arcelor)
https://constructalia.arcelormittal....b69f5e5 3f.pdf
Puis, après avoir lu quelques discussions, je pense qu'il pourrait être bon d'indiquer quelques rappels généraux :
Lors du dimensionnement d'une poutre, il faut bien garder en tête que calculer sa flexion est très loin d'être suffisant, cela est d'ailleurs rarement dimensionnant.
Exemple :
Poutre IPE140 sur deux appuis, Portée 5 m, Chargement 280daN/ml coefficients de sécurités compris, Nuance d'acier S275
Si l'on calcul son moment sollicitant : MEd = ql2/8 = 875 daNm
Si l'on calcul son moment résistant élastique : WEl x fy = 77,31E3 x 275 x 1E-4 = 2 126 daNm soit un taux de travail de 0,41
Si l'on calcul son moment résistant plastique : Wpl x fy = 88,34E3 x 275 x 1E-4 = 2 429 daNm soit un taux de travail de 0,36
Avec ces données on pourrait conclure à tort que la section est correcte d'un point de vue résistance. En pratique, la contrainte de flexion est extrêmement rarement dimensionnante dans les poutres, et dans la plupart des cas, ce sont le calcul des instabilités qui dimensionneront les sections.
Ainsi lorsque je fais le calcul complet, et que je calcul notamment la résistance au déversement d'une telle poutre de plancher par exemple, j'obtiens :
MRd,réel = 814 daNm soit un taux de travail réel de 1,07 !! La section est donc insuffisante !
Il est possible de faire un calcul similaire avec les poteaux si l'on ne tient pas compte du flambement et autres instabilités.
A retenir : Le simple calcul des contraintes n'est en AUCUN CAS un gage de sécurité, bien au contraire. IL EST PARTICULIÈREMENT RARE que le seul calcul de contraintes, sans tenir compte des instabilités soit dimensionnant. Il faut donc SYSTÉMATIQUEMENT calculer les instabilités des sections en acier.
Les critères de déformées peuvent également entrer dans le dimensionnement, je ne m’étendrais pas particulièrement dessus. A retenir que ceux-ci sont variables et sont par exemple plus sévères lorsque des parois dites "fragiles" sont posées sur le plancher (vitrage, ou même maçonnerie porteuse par exemple)
Concernant les assemblages, il est courant (et ce n'est certainement pas un reproche) de ne pas connaitre la façon de les vérifier. Gare à la simplification !
Le calcul des assemblages en construction métallique, que ce soit par boulonnage ou soudure ne peut pas s'improviser en toute sécurité.
A retenir toutefois, si l'on arrive à dénicher une résistance au cisaillement d'un boulon sur quelque documentation que ce soit, il serait incorrect (et dangereux) de faire le raisonnement suivant :
Prenons l'hypothèse de trouver une documentation qui donnerait les informations suivantes :
Un boulon M12 (diamètre 12 mm) serait capable d'une résistance au cisaillement Fv,Rd = 3 237 daN.
Alors si j'utilise deux boulons M12 dans mon assemblage, celui-ci serait capable de reprendre 2 x 3 237 daN, soit 6 474 daN.
Ceci est parfaitement faux et dangereux !
A titre d'exemple, si l'on souhaitait calculer la résistance d'un assemblage parmi les plus courants qui soient : une cornière boulonnée avec deux boulons sur une aile à un gousset, voici la liste des vérifications à mener :
- Rupture en section nette de la cornière
Résistance plastique de la section brute
Résistance ultime de la section nette
- Cisaillement de bloc dans la cornière
- Cisaillement des boulons
- Pression diamétrale dans la cornière
- Rupture en section nette du gousset
- Rupture en section brute du gousset
- Cisaillement de bloc dans le gousset
- Pression diamétrale dans le gousset
Soit pas moins de 8 vérifications différentes qui peuvent toutes, selon le cas et la géométrie, être dimensionnantes.
Comme déjà précisé maintes fois, le calcul des assemblages est loin d'être aussi simple que on ne l'imagine. Le calcul d'une poutre est en général considérablement plus simple que le calcul de son assemblage !
On ne peut donc que rappeler de ne pas prendre pour argent comptant toute solution donnée dans ce forum, des membres compétant sauront vous aiguiller au mieux mais l'avis d'un professionnel est nécessaire pour assurer votre sécurité (et celle des autres )!
Voilà pour moi, cela faisait longtemps que je voulais un peu contribuer au forum et ajouter ces quelques remarques générales qui seront, je l’espère, utiles à tous.
Bonne journée à vous,
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