Bonjour,
Dans certains mécanismes (certes, très particuliers) on utilise des trains d’engrenages comportant de 4 à 8 roues/pignons, pour obtenir un « rapport de transmission » entre l’arbre menant et l’arbre de sortie du train, rapport défini par 5 à 10 chiffres significatifs selon le besoin, donc très précis, en admettant cependant qu’il subsiste une erreur maximale bornée par le dernier chiffre.
r = f (Z1………Zn ; PS1….PSm)
r est le rapport de transmission, aussi désigné par : raison du train
f est une formule impliquant les vitesses des portes satellites PS et les nombres de dents de toutes les roues dentées du train. (Z est communément utilisé en mécanique pour désigner les nombres de dents des engrenages).
Trouver r en connaissant f :
En disposant de la description du train, la formule f est facile à écrire et un calcul très élémentaire permet ensuite de trouver la valeur de r.
Dans le cas des trains épicycloïdaux (dits aussi planétaires), où tous les axes ne sont pas fixes mais peuvent être des satellites, c’est légèrement plus complexe parce qu’il faut savoir utiliser la formule de Willis.
Trouver f et les Zi et FSj qui donnent la meilleure approximation d’un r qu’on s’est fixé comme objectif :
L’exercice est là très difficile dans la majorité des cas, déjà parce qu’il faut se choisir une organisation des portes satellites, et que même s’il n’en existe pas (cas des trains à axes fixes) un grand nombre de combinaisons de Zi permettent d’obtenir une erreur inférieure à l’erreur max spécifiée.
Cet exercice a pourtant été résolu depuis l’Antiquité par des calculs faits à la main et cela a continué jusqu’à l’arrivée des calculateurs numériques.
L’étude de ces cas anciens m'a conduit à ouvrir ce fil pour y poser des questions.
Mécanisme d’Anticythère : (environ 2 siècles avant JC) : très connu de tous ; 2 discussions sur FS
Les périodes des mouvements des astres du système solaire étaient connus avec une bonne précision depuis des siècles.
Ces périodes ont été modélisées (*) par des trains d’engrenages avec une grande précision, à ce qu’en dit la presse de vulgarisation sur ce mécanisme.
Je prendrai le temps de vérifier moi-même les performances de ces trains d’engrenages, sur la base de ce que nous en montre les maquettes qui reconstituent le mécanisme d’origine.
(*) Attention : il s’agit de la modélisation en valeur moyenne, c’est-à-dire de la composante fondamentale de la fonction qui décrit cette période et qui peut comprendre des centaines de termes périodiques.
QUESTION 1: Quels outils scientifiques ou mathématiques ont utilisé les concepteurs du mécanisme d’Anticythère ?
L’horlogerie :
A ses débuts, au début de la Renaissance, l’horlogerie utilisait l’échappement à folio.
Je ne pense pas me tromper en disant que pour calculer le train de rouages du mouvement horaire d’une horloge et de celui de son mouvement de sonnerie, il n’y a aucun besoin d’outils mathématiques. Les quatre opérations de base : + ;- ; : ; x ; suffisent.
Plus tard, en 1656 Christian Huygens a beaucoup contribué à l’amélioration de l’horlogerie en introduisant le pendule comme élément régulateur dans l’échappement.
Il connaissait bien les fractions continues et en aurait fait la promotion au sein de la profession s’il y avait eu besoin d’un tel outil.
En plus des fractions continues, en 1858 l’horloger mathématicien Achille Brocot, (ainsi que Stern en Allemagne, ont même mis au point un outil dit « arbre de Stern Brocot » (lié aux suites de Farey) qui permettait à leurs collègues horlogers ne maîtrisant que les quatre opérations de base de calculer ces trains. C’était bien plus simple à appliquer pour eux que les fractions continues.
J’en parlais ici en 2010 :
https://passion-usinages.forumgratui...rbre-de-brocot
Début du filetage sur tours (fin XIXe et XXe siècles) :
Les tourneurs ont eu besoin de calculer le train d’engrenages (à monter sur la lyre du tour, ou tête de cheval) reliant la broche du tour à la vis mère du tour, pour usiner des filetages à des pas donnés.
Les fabricants de tour ont créé des tableaux de trains pour obtenir les pas standards (en utilisant probablement les Fractions continues ou l’arbre de Brocot).
Le tourneur pas matheux pour deux sous et qui voulait réaliser des pas de vis hors standard, cherchait par tâtonnements et comme il n’avait pas besoin d’une grande précision pour les vis, il y arrivait souvent. Puis plus tard, avec l’arrivée d’Internet, il a demandé de l’aide sur les forums (où certains comme moi lui faisaient les calculs appropriés).
Horloges Astronomiques :
Dans ce cas un rapport de transmission très précis était recherché d’emblée, et l’usage des fractions continues s’est révélé indispensable.
-1) Huygens les a utilisées pour son planétaire Terre Saturne.
Train qui devait réaliser le rapport : 77708431/2640858 = 29,42544847167
Voir Wikipedia, en fin de page :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraction_continue
-2) Le Chanoine Mathématicien Jean Fusoris a obtenu des résultats très précis sur son horloge construite en 1424 pour la cathédrale de Bourges et offerte à cette ville par le roi Charles VII.
Je suppose qu’il a utilisé les fractions continues, mais je n’en ai pas trouvé la preuve dans les écrits que j’ai lus sur cette réalisation.
QUESTION 2 : Quelqu’un le sait-il ?
-3) Horloge de Strasbourg construite en 1840:
Jean Baptiste Schwilgué a utilisé les fractions continues.
Aujourd’hui et Concernant le problème en objet :
-a) Les fractions continues existent toujours. Brocot aussi. Leur mise en œuvre ne se fait plus à la main, mais par exécution d’un programme, ou sur tableur.
Voir par exemple mon tableur pour les fractions continues, en photo ci-jointe.
-b) Il doit aussi exister des outils numériques à foison. Chacun pouvant créer le sien.
Ils sont ultra performants, mais ne sont que de « purs outils de calcul » pas des « méthodes mathématiques au sens noble ».
QUESTION 3 : existe-t-il des méthodes mathématiques venues s’ajouter aux fractions continues et à l’arbre de Brocot ?
C'est plus par curiosité que pour un besoin d'usage.
Merci d’avance pour vos réponses.
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