Actu Le Guardian : Les scientifiques découvrent pourquoi le cerveau humain est si gros

[Amanuensis]

Bonjour,

Dans la catégorie "les actus FS sont pas pire qu'ailleurs", https://www.theguardian.com/science/...rain-is-so-big (en anglais).

Une phrase comme "Tinker with the switch [...] the great ape brain can be made to grow more like a human’s." est un bel exemple de "science spectacle".

Ce dont parle les scientifiques est un gène qui, modifié, fait que le cerveau humain ne va pas se développer normalement (et vraisemblableme l'embryon ou le foetus ne sera pas viable). Ce que dit la citation est autre chose, et cela a peu de chance d'être correct. Le cerveau ne peut pas se développer plus que la place laissée par la boîte crânienne, et on peut penser que d'autres gènes affectent la croissance de ces os, de la mâchoire, et de plein d'autres choses. Et la viabilité est encore plus douteuse.

En effet, les expériences menées sont in-vitro, et ne concernent que du tissu cérébral. Et ils ont constaté que le tissu humain grossit plus vite que ceux de nos proches cousins. Il n'est même pas question de taille finale ! Ce n'est peut-être qu'un décalage dans le temps du développement.

Il y a loin de ça à un cerveau fonctionnel dans un organisme fonctionnel.

Bref, ils n'ont découvert qu'un gène particulier affectant la multiplication des cellules cérébrales, gène présent chez les humains, pas chez les proches cousins.

Le titre de l'article est faux, et l'article est totalement "misleading". Mais spectaculaire et "attractif".
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[Yann94600]

Pourtant il semblerait que le cerveau de l'homo sapiens fait environ 1350 cm cube et que celui de néanderthal faisait 1600 cm cube, vrai ou ai-je confondu ?

[GBo]

Par "proches cousins", Amanuensis parlait des grands singes.
Merci pour la news.

[MissJenny]

Le cerveau ne peut pas se développer plus que la place laissée par la boîte crânienne (...)

en fait la boîte crânienne se développe en même temps que l'encéphale, et au début pas comme une boîte, puisque les os croissent à partir de centres d'ossification disjoints et finissent par se rejoindre au niveau des sutures crâniennes. Bref, on ne peut pas dire que le squelette contraint la croissance du cerveau. Je pense que c'est même plutôt l'inverse, le cerveau se développe et les os suivent.

[A voir en vidéo sur Futura]

[Amanuensis]

Ce n'est pas la thèse de Leroy-gourhan. Mais, d'accord, c'est vieux et il y a sûrement eu des progrès depuis.

Pour LG le développement de la boîte crânienne est limité chez nos cousins par les insertions d'une part des muscles de la mâchoire (cf. la crête sagittal des gorilles) et d'autre part celles des muscles retenant la tête, en porte-à-faux. Selon lui, le développement de la boîte crânienne des homo n'a pu être possible que par la station debout (insertion des muscles par dessous la nuque) et un changement alimentaire (affaiblissement des masséters, qui peuvent alors s'insérer sur les tempes).

J'indique cela juste pour dire que le sujet me paraît assez complexe, et l'idée qu'un gène faisant grossir le cerveau, et de là (si je comprends bien la proposition en citation) repousser les os de la boîte crânienne, me semble simpliste.

[MissJenny]

les choses sont certainement complexes. Par exemple un gros cerveau a besoin d'être alimenté en oxygène et divers nutriments. Il faut donc des artères carotides adaptées.

pour ce qui et des os, on peut remarquer que les enfants qui souffrent de microcéphalie ont un petit cerveau et un petit crâne. Or la microcéphalie est vue comme résultant d'une anomalie du développement du cerveau et pas des os.

[Amanuensis]

pour ce qui et des os, on peut remarquer que les enfants qui souffrent de microcéphalie ont un petit cerveau et un petit crâne. Or la microcéphalie est vue comme résultant d'une anomalie du développement du cerveau et pas des os.

C'est un bon point. J'imagine que cette pathologie s'accompagne de tas d'autres problèmes, non ? (J'ai regardé sur le wiki, ...)

Mais ce qui m'a agacé dans le texte du journaliste, c'est l'autre sens : que le gène modifié puisse donner un gros cerveau à des chimpanzées ou des gorilles.

[oxycryo]

pour suivre ammanuensis, la position debout semble être un bon début (quoique Naledi semble l'infirmer)... en tout cas pour notre espèce, il semblerait bien que la restructuration complète de notre squelette vers la bipédie, ait eu comme conséquence, que les cerveau les plus lourds (en masse) ait été sélectionné... et ceci afin de stabiliser le centre de l'équilibre situé dans l'oreille interne... plus le cerveau est lourd (masse inertielle) et plus les "calculs" d'équilibre sont amortis.

c'est un phénomène propre à la bipédie, que d'avoir une grosse "masselotte" quelques part pour amortir l'équilibre, la marche des pigeons est assez amusante sur ce point... la masselotte est le corps du pigeon, et la tête fonctionne comme un balancier-contrepoids (allant d'avant en arrière aussi vite qu'il avance)
ce phénomène n'est pas général chez les oiseaux, les autruches ont aussi un gros corps, comme les flamands, mais le mouvement de balancier est amortie par le "long cou", qui lui même chez leur prédécesseur dinosauriens, était contrebalancé par la queue semi-flexible.

donc bipédie = une grosse masselotte, l'homme se balançant-marchant en dessous de ce point d'équilibre situé entre les oreilles... plus le cervau ets gros, plus la tête est lourde moins elle vibre/accélère d'un rien

reste que Naledi avait une petite tête... (donc, ça doit-être un faux-positif )

[MissJenny]

Je n'ai jamais entendu parler de cette relation entre taille du cerveau et stabilité de l'oreille interne. Est-ce une théorie personnelle? ou bien a-t-elle été énoncée par des scientifiques?

[Liet Kynes]

en fait la boîte crânienne se développe en même temps que l'encéphale, et au début pas comme une boîte, puisque les os croissent à partir de centres d'ossification disjoints et finissent par se rejoindre au niveau des sutures crâniennes. Bref, on ne peut pas dire que le squelette contraint la croissance du cerveau. Je pense que c'est même plutôt l'inverse, le cerveau se développe et les os suivent.

La fontanelle du nouveau né témoigne bien du décalage en terme de croissance et développement des différents tissus.

[Amanuensis]

Oui, mais le passage à la naissance doit jouer aussi ; la fontanelle fait gagner quelques cm sur les onze (sf erreur). Les gorilles et chimpanzés présentent-ils aussi une fontanelle ?

Quoiqu'il en soit il semble difficile de mettre "dans l'ordre" les différentes adaptations, qui se révèlent multiples (1). Donc, une fois de plus le journaliste ayant écrit l'article objet de la discussion est bien trop simpliste en sous-entendant que "le gros cerveau" s'explique par un seul gène !!

(1) Et il (me) semble logique (mais pas nécessaire) que le grossissement du cerveau arrive après qu'une bonne partie des obstacles soient "dégagés". Par exemple, après la bipédie, après un changement alimentaire (permis par le feu ?)

[mh34]

J'imagine que cette pathologie s'accompagne de tas d'autres problèmes, non ? (J'ai regardé sur le wiki, ...)

Tu imagines bien.
https://hpo.jax.org/app/browse/term/HP:0000252

[Yann94600]

Petite tête et gros cerveau, Cheetah aurait-elle de la conversation ? Albert Eisntein aussi avait un gros cerveau. Il est difficile de faire des estimations en ce qui concerne la masse du cerveau à moins de sortir le cerveau et de la mesurer, d'en faire des tranches et c'est d'ailleurs ce qui a été fait pour certains de nos morts illustres. Je ne suis pas non plus convaincu qu'on connaissent tous les langages des singes. Pourquoi pas un dictionnaire de la planète des singes ou doit-on considérer l'être humain comme un animal quelconque ? Ca me rappelle certains de nos dirigeants qui n'y comprennent plus rien surtout en ces temps troublés. Sommes-nous donc des singes qui parlent entre eux avec des signes, des symboles, des vocalisation, etc. "Tout est langage" disait Jacques Lacan.

[Geb]

Bonjour,

Le titre de l'article est faux, et l'article est totalement "misleading". Mais spectaculaire et "attractif".

Je ne pense pas que les publications scientifiques elles-mêmes sont dépourvues de propos exagérés, mais j'ai la naïveté de croire que lorsqu'on lit directement la publication plutôt que toute autre forme de "vulgarisation", on aura statistiquement moins de chance de tomber sur des propos exagérés. Pour être plus précis, je dirais qu’il y a ce que j’appelerais une "échelle d’incitation à l’imprudence" ou une "échelle d’abandon de la prudence", qui va (du moins au plus préoccupant) :

- publication scientifique,
- conférence pour spécialistes,
- communiqué de presse,
- conférence grand public,
- article de presse (difficile de dire laquelle est la pire parfois, entre la presse généraliste et la presse spécialisée),
- documentaire télévisé.

Ce qui fait que, entre le communiqué de presse de l’Université d’où les auteurs sont issus, il peut déjà y avoir une différence notable entre ce que les données obtenues semblent démontrer, et les déclarations que l’on peut trouver dans le communiqué. Souvent, on a même parfois, dès le communiqué de presse, des déclarations grandiloquentes qui n'apparaissent nul part dans la publication originelle.

De mon point de vue, le pire scénario, ce sont les déclarations que les scientifiques peuvent faire dans un documentaire télévisé, qui vont parfois bien au-delà de ce que leurs travaux ont été en mesure de démontrer.

Je ne connais pas beaucoup d'exemples d'interviews radiophoniques et/ou de podcasts audios, donc j’ai préféré ne pas les mettre dans mon échelle, mais ils devraient probablement être un peu moins problématiques que les documentaires télévisés.

Cordialement.

[noir_ecaille]

... d'autant (concernant documentaire et avis de presse (pata?)spécialiste ou généraliste) que certains scientifiques se font parfois piéger par des journaleux de déontologie douteuse, où avec d'abiles "citations" (troncages ?) on peut même inverser le sens des propos initialement recueillis.

J'ai souvenir d'avoir lu dans les colonnes de PlS et LR des plaintes de scientifiques à ce sujet.

[obi76]

... d'autant (concernant documentaire et avis de presse (pata?)spécialiste ou généraliste) que certains scientifiques se font parfois piéger par des journaleux de déontologie douteuse, où avec d'abiles "citations" (troncages ?) on peut même inverser le sens des propos initialement recueillis.

Ca m'est déjà arrivé (et c'était pas un petit truc...), c'est pour ça systématiquement que je demande relecture avant parution, même si ça les emmerde.