[Législation Archéologie] La prospection à vue

[invite1415a104]

bonjour à tous
Je suis nouveau sur le forum et j'ai lu pas mal de vos d'articles. Une question me tarraude, j'aime l'histoire en général et la préhistoire en particulier, j'ai visité pas mal de sites en france et à l'étranger ainsi que des musées je suis contre le pillage des sites mais pourquoi ne pas autoriser des personnes sérieuse à prospecter si elles s'engage à faire part de leurs découvertes et les donnent au musée le plus proche du lieu de découverte. La personne serait valorisée et les objets sauvés. On sait très bien que les financements pour les recherches sont de plus en plus reduites et que nombre d'objet, surtout en surface seront détruit par l'érosion si ils ne sont pas récoltés. Désolé si je choque quelle que personne mais j'ai du mal à comprendre alors si on peut m'expliquer merci à vous
ps désolé pour l'orthographe
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[kinette]

Bonjour,
Les autorisations de prospection existent
Et c'est exactement ce que vous expliquez (les prospecteurs du forum pourront un peu mieux que moi préciser les démarches à faire auprès des services archéologiques).

Cordialement,
K

[invite1415a104]

merci de me conforter dans mon idée. Je trouve dommage le tout répréssif
bien à vous

[licaunais]

Bonjour,

Effectivement, il existe de nombreux bénévoles, des amateurs qui sont titulaires d'une autorisation de prospection-inventaire délivrée par le SRA de la région concernée.
Il suffit donc d'envoyer un courrier au SRA, courrier dans lequel doivent figurer les motivations de l'intéressé, son expérience (il faut si possible joindre un petit CV orienté archéo., l'expérience se construisant avant tout sur le terrain)...
Chaque année il convient de renvoyer un rapport détaillé de ses découvertes, préciséement localisées et correctement conditionnées.
En fait, c'est bien peu de contraintes si l'on fait les choses au fur et à mesure.

Pour conclure il faut souligner l'importance de ces bénévoles. Chacun d'entre eux ouvre une fenêtre sur le territoire qu'il étudie. Il sauve d'une destruction inéluctable des vestiges directement menacés par les labours.
Très peu d'archéologues professionnels ont la possibilité d'étudier de cette façon un vaste territoire. Il s'agit donc d'un apport essentiel, complémentaire aux classiques chantiers de fouilles.

cordialement,

[A voir en vidéo sur Futura]

[invite1415a104]

merci pour toutes ces précisions Licaunais

cordialement

[inviteb6cda17a]

Bonjour,

Bon, je vais essayer de faire rapide et clair, ce qui va pas être facile...

il ne faut pas perdre de vue que prospecter, ce n'est pas ramasser des objets pour le plaisir (ou simplement dans l'idée des les "sauver") pour les entreposer dans un musée local (qui peut ne rien avoir à en faire!).
C'est d'abord monter un dossier où l'on explique qui on est, ses compétences et où on met en avant un but prédéfini (= une problématique) :
- mettre à jour la carte archéologique de tel canton par exemple,
- comprendre l'anthropisation (= le peuplement) sur une durée donnée (préhistoire par exemple, ou sur une longue phase chronologique, la prospection devient alors diachronique) et sur un espace géographique clair (un canton, une vallée, un village...)...
Présenter dans son dossier succinctement la zone géographique, montrer que l'on a déjà des éléments de compréhension (petit tour en archive pour trouver des éléments marquants par période et en faire un résumé). Expliquer où sera conservé le matériel le temps de la recherche (une autorisation de prospection est généralement demandée pour une année).
Lors des prospections, avoir en poche la photocop d'autorisation préfectorale. Le ramassage doit se faire rationnellement : des poches type ziploc marquées (commune, lieu dit, n°parcelle cadastrale). Si les objets sont éparpillés, séparer les éléments (céramique d'un côté, silex de l'autre, métal à part dans du sopalin); s'il y a regroupement d'indices sur quelques mètres carrés (= concentration = site), entreposer dans un premier temps dans une même poche. Dans un second temps(= en laboratoire = à la maison!), il faudra trier le matériel, mais désormais, il sera associé à un nom de site que vous lui attribuerez (si le lieu dit le plus proche est dit Bordeblanque, ce sera Bordeblanque Unité 1).
Toujours avoir l'autorisation des propriétaires, ne pas hésiter à enquêter chez les agriculteurs (avoir dans la poche à ce moment-là un éclat de silex, des fragments de céramique de plusieurs périodes, un fragment de tegula) afin de savoir s'ils ont trouvé un truc un jour ou entendu parler de quelque chose, ou si leur engin de labour ne rencontre pas d'une année sur l'autre une résistance au même endroit, s'il y a eu épierrement d'une partie de parcelle etc.
Outil TRES pratique : le GPS pour pointer les sites. Pour la déclaration, il faut les coordonnées Lambert et à partir d'une règle et d'une carte 1/25000e, c'est la croix et la bannière! Autant se simplifier la vie!
Après, la récolte du matériel, il y a le séchage, le tri, le comptage (en sachant que le matériel reste toujours classé par parcelle du début à la fin), le marquage (premières lettres commune, idem lieu dit, unité de concentration s'il y a lieu ou n° parcelle cadastrale : le marquage doit être cohérent du premier tesson au dernier silex, ne pas varier en cours d'année. Au mieux, se le marquer une bonne fois pour toutes pour ne pas oublier les infos de marquage).

La rédaction du rapport vient clore l'année de prospection-inventaire : une intro en présentant la zone géo, le réseau hydrographique, le(s) type(s) de sol(s), les ressources géologiques (fer, argile, calcaire), le contexte archéologique général (voie romaine, dolmen, mottes etc.ce qui est connu depuis longtemps quoi!), les méthodes de collectage (prospection pédestre, of course!) et ce que vous avez apporté à la compréhension du passé de la zone. Ensuite, présentation des découvertes par site : fiche de déclaration (modèle fourni lors de la demande), localisation sur carte 1/25000e et cadastre (vive internet : geoportail et cadastre.gouv.fr vont devenir vos meilleurs amis!) décompte du matériel, un paragraphe explicatif, au mieux des dessins des objets importants, sinon, des clichés ou des scans.
Enfin, une conclusion, vous résumez en quoi ce travail est important et éventuellement en quoi il justifie d'être approfondi ou étendu selon le cas. C'est grâce à ça que vous pourrez obtenir une nouvelle autorisation. En annexe, la photocop de l'autorisation et une carte générale des découvertes.

Il va sans dire que le matériel recueilli ne vous appartient pas, que si vous en êtes le dépositaire légal, il doit être conservé dans les meilleures conditions, ne doit pas être dispersé ("oh tiens mon petit, je te donne une pointe de flèche", ça, c'est à éviter!) et encore moins vendu! Le mieux est de le confier effectivement à un dépôt archéologique (de plus en plus de départements en sont pourvus). Ne pas oublier que le propriétaire est en droit de conserver le matériel : lui signifier qu'il doit se plier à l'obligation de bonne conservation des objets, ne pas les céder à un tiers, les maintenir à disposition des chercheurs etc.

Bref, si vous vous en sentez capable, il faut en passer par là. Mais attention : Une fois que l'on a les pieds dedans, on en prend pour vingt ans! Et fini l'insouciance : vous aurez en permanence le réflexe de regarder par terre quand vous partirez en promenade, quel que soit l'endroit! Blague à part, il faut avoir conscience quand on se lance dans l'archéologie, que l'on va produire un travail scientifique et des sites que vous découvrirez aujourd'hui, dépendrons peut-être les fouilles préventives ou programmées de demain. Ramasser des silex ou de la céramique dans un champ n'est pas un geste anodin.
Bon courage!

Hervé
PS : lors de la demande d'autorisation de prospection-inventaire, vous pouvez aussi demander un financement (pour le carburant, l'achat de poches, de boites ou d'un GPS). Pensez bien que le moindre centime dépensé de la somme allouée doit être justifié. A défaut de collectionner le silex (ce qui n'a pas grand intérêt), vous allez apprendre à collectionner les tickets de caisse!

[invite79d78cb2]

Salut!
je suis dans ce cas de figure. A part etre un grand passionné d'archéo je n'en suis pas un, je n'ai jamais fait d'étude et mon domaine professionnel est loin de la recherche, cependant il est trés envisageable pour "un simple mortel" de faire des prospections sous le controle du SRA! il te suffi de les contacté pour avoir plus d'info, il faut bien sur montrer que tu es rigoureux et un minimum connaisseur, un rapport de prospection est la seule "contrainte"
Je te conseille aussi d'adherer a une asso d'archéo locale, ça aide vachement!

cordialement tom

[invite1415a104]

merci pour toutes ces excélentes réponses perso je ne crois pas que je vais prospecter mais ce qui m'a fait écrire ce texte c'était la façon dont certaine personne critiquaient ceux qui avaient "trouvé" des objet. Avec de telles explications il est, à mon avis, plus simple de les orienter vers la prospection plutôt que de leur brandir lessentences de la loi. Encore une fois merci pour vos enrichissantes réponses
Cordialement

[licaunais]

Voilà une très belle réponse d'hb (bien mieux faite que la mienne, rédigée en 5 minutes).
La réponse d'un véritable et responsable passionné.