Une nouvelle éthique était née en 1968 et ne cesse de se développer depuis. Elle s'impose progressivement et colle à tous ceux qui s'y opposent l'étiquette de retardataire judéo-chrétien, même s'il est agnostique.
Cette nouvelle éthique est basée sur deux postulats qu'elle interdit de mettre en doute.
Le premier est la liberté de l'individu et la primauté de celui-ci par rapport à la société, résumé par le slogan "il est interdit d'interdire";
Le deuxième est l'affirmation que la dignité est un attribut de tous les individus et n'est pas acquis par un comportement irréprochable. L'indignité n'existe plus.
L'histoire récente des sociétés occidentales est la conséquence logique de ces deux postulats.
Le support linguistique de cette nouvelle éthique est le "politiquement correct", destiné essentiellement à respecter la "dignité" généralisée, pour éviter les blessures des âmes sensibles des voyous, appelés "jeunes", donner une promotion peu coûteuse aux instituteurs, appelés "professeurs d'école", remonter le moral des départements comme la Seine Inférieure, rebaptisée "Seine Maritime" ou simplement enfiler une sorte de cache-sexe et appeler les quartiers malfamés "les quartiers".
Les anciennes valeurs de société (travail, famille, patrie, devoir, honneur) sont devenues dans le meilleur des cas des non-valeurs et, pour beaucoup de monde, des survivances fascistes et sont remplacées par l'exigence, de la part des ses congénères, d'une tolérance et d'une permissivité illimitées .
Il est légitime de se demander quelles pourront être les conséquences ultimes de ces postulats, en extrapolant les tendances épicuriens et hédonistes déjà amorcés et ceci dans tous les domaines, sans prendre en compte les notions de bien et de mal, puisque ces notions paraissent également obsolètes. L'histoire de l'humanité est riche en évolutions de ce type depuis l'antiquité (Sodome et Gomorrhe), mais en général elles ne concernaient que les couches riches et oisives de la population, comme elle ne concerne aujourd'hui que les sociétés occidentales, riches par rapport au tiers monde. Cette affirmation est attestée par les reproches des musulmans qui en veulent aux Occidentaux surtout à cause des mœurs dissolus qu'ils leur attribuent.
La réflexion doit être étendue au domaine juridique qui, par son évolution, consolide les modifications survenues.
Prenons un exemple où l'évolution a été la plus rapide et continue à l'être: le domaine sexuel.
Personne ne peut nier que le comportement sexuel des individus a beaucoup changé depuis une cinquantaine d'années. La solidité des couples s'est affaiblie et leur durée est devenue majoritairement éphémère, alors qu'elle était majoritairement durable. Le mariage qui, en principe, garantissait cette durabilité, utile pour lancer sa progéniture dans la vie, est devenu une institution presque obsolète et même inutile pour beaucoup de couples, pourtant durablement unis.
La contraception a acquis droit de cité, aussi bien que l'interruption volontaire de la grossesse qui est passée de la qualification de crime à celle d'un droit. L'adultère a été dépénalisé et le divorce de plus en plus facilité. Le lien étroit qui reliait l'acte sexuel à la reproduction a été distendu jusqu'à se rompre, l'acte devenant essentiellement un instrument de plaisir et secondairement un instrument de conception.
Encore une fois, je ne veux exprimer aucune appréciation morale mais seulement parler de faits et de leurs conséquences logiques, sans prendre parti. L'évolution décrite a eu des conséquences indéniablement utiles à la société, comme par exemple l'émancipation des femmes, libres de disposer de leur corps et aussi des néfastes, comme l'insertion difficile dans la société des enfants de couples désunis ou de familles monoparentales.
Les nombreux comportements sexuels qui ne correspondent pas à leur destination primitive et dont certains peuvent être considérés comme des "hors d'œuvres" avant l'acte même et certains autres comme des substituts, étaient considérés comme "pervers" et entraînaient des procès, avec des sanctions allant jusqu'à la peine de mort. Progressivement, avec l'exigence croissante de tolérance mutuelle, les peines se sont adoucies et le nombre d'actes dépénalisés n'a cessé de croître. La notion de "péché" a progressivement disparu avec la déchristianisation et seuls quelques vestiges des anciennes interdictions surnagent (je répète, dans les sociétés occidentales et encore pas toutes).
Parmi ces vestiges on peut citer le viol, la pédophilie et l'inceste, mais plus l'homosexualité qui bientôt va peut-être acquérir droit de cité par les lois dites d'homophobie et mettra ainsi les homosexuels à l'abri de toutes les critiques et les "exclusions".
L'interdiction persistante du viol, de la pédophilie, de l'inceste et pour l'instant de l'homoparentalité est due à une règle encore respectée: la défense des personnes pouvant être lésées par un acte auquel il ne veulent ou ne peuvent consentir.
Dans le cas du viol le consentement est par définition absent. Il est donc probable que cet acte restera un crime.
Dans le cas de la pédophilie l'absence légale pour les mineurs de la capacité de consentement est également un frein efficace. Il existe malgré tout un paradoxe: alors que le jour précédent l'âge légal du partenaire l'acte hétéro– ou homosexuel est un crime, le jour suivant il est parfaitement légal, et l'adolescent peut subir la contrainte morale de son partenaire.
Dans le cas de l'homoparentalité, si l'enfant est issu de l'un ou une "partenaire" du couple homosexuel, un lien de monoparentalité existe et c'est la responsabilité du parent naturel d'élever son enfant dans des conditions un peu particulières. Si par contre il s'agit d'un couple homosexuel qui désire adopter un enfant, nous nous trouvons dans le cas d'un acte d'adulte qui nécessiterait normalement le consentement de l'enfant adopté qui n'en a pas la capacité. C'est la raison pour laquelle la société se substitue à l'enfant et oblige les parents adoptifs d'effectuer une sorte de course d'obstacles, pour les tester. C'et aux responsables autorisant ou non l'adoption de décider si celle-ci est bien dans l'intérêt de l'enfant.
Dans le cas de l'inceste ce sont les dangers de la consanguinité, devinés il y a bien longtemps, qui sont à l'origine de l'interdit. Curieusement, l'inceste pourrait être admis pour les rapports homosexuels, puisque ceux-ci ne peuvent entraîner une descendance donc une consanguinité. Mais là, je vais peut-être un peu loin.
Voici une analyse, aussi moralement neutre que possible, sur l'évolution des mœurs sexuels contemporains. Il est probable que cette tendance se poursuivra quelque temps, jusqu'à un aussi probable retour en arrière, avec d'autres règles pour vivre ensemble.
Amicalement paulb.
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