Quelques dernières vérités sur la société et sur ma personne
Il est grand temps que je cesse de perdre mon temps à réfléchir sur le Système et sur les moyens de l’améliorer par une voie dite noble et occidentale qui associe liberté de pensée, entendement, philosophie et action politique-publique. Tout ceci n’a plus aucune efficience et la seule voie pour améliorer les sociétés, c’est d’une part le perfectionnement technique et d’autre part l’action locale, autrement dit les gestes gratuits effectués en solo ou dans le cadre d’associations.
Je ne dis pas qu’il faille arrêter les recherches en sciences politiques. Ca peut toujours être utile un jour et puis ça fait partie des institutions et quand on est payé pour le faire, alors autant ne pas lésiner sur son labeur intellectuel. Je ne gagne rien, tout ce que j’écris est effectué en pure perte, lu par quelques dizaines d’internautes. Alors autant raccrocher et laisser les citoyens s’informer avec les gens du sérail qui en plus, on pignon sur les médias. Si les journaux en parlent, c’est que ça existe et qu’en plus ça à une valeur. Tant qu’un éditeur ne viendra pas me chercher, ou bien un journaliste parler de mes réflexions, eh bien je ne ferai aucun effort et c’est sans doute la meilleure chose à faire d’autant plus que les professionnels ont une légitimité et que l’ère des francs-tireurs est révolue. Je l’ai d’ailleurs constaté ayant proposée à une militante d’Attac de présenter la monéthique. Elle n’a ri au nez. Les militants ne sont pas habilités à penser et à chercher les auteurs qui comptent. Ils ont une structure et un bureau qui leur dit comment réfléchir et penser. Point barre !
Justement, les altermondialistes se trompent dans leurs méthodes. Ils ne pèsent pas le monde dans son ensemble mais prennent juste un secteur phénoménal qui justifie leurs revendications et leur prise de parole dans un sens idéologique légitime certes, mais dépourvu de vue globale. C’est comme si on s’en prenait au climat lors des inondations et que l’on ne voyait que les dégâts, sans examiner ce que la pluie peut apporter comme bienfaits sur cette terre, culture, énergie hydroélectrique etc. Les altermondialistes s’en prennent au marché comme on se plaindrait de la pluie.
Je n’achèverai pas cette étude post-marxienne. Discuter de la ruse de la Technique est aussi vain que parler de Hegel et la ruse de l’Histoire. Juste un luxe pour intellectuels de salon. L’homme de la rue n’a pas le temps de penser, de voir tout ce qui se passe dans le monde et de juger. Il vit, travaille, se divertit, œuvre dans un sens moral ou bien ne pense qu’à lui-même, mais quoi qu’il fasse, il n’a pas les moyens de juger du cours du monde. Quelques philosophes oui mais ils n’ont pas la possibilité d’infléchir le cours du monde. Toutes les mesures du développement durable sont des gadgets politiques ou publicitaires. C’est l’Histoire qui dit si le développement est durable ou non. En 1939, l’Histoire a tranché. Après 1945 il y a eu la sécurité sociale et bien d’autres institutions nécessaires pour que le vivre ensemble soit possible. Si dans le cas des transformations actuelles de la société le vivre ensemble devient critique, alors l’Histoire tranchera comme en 1939.
En fin de compte, seul compte l’action. Toute action s’additionne pour formater le monde. Parfois, un conflit signifie soustraction. Compte pertes et profits de l’Histoire. Je reprends cette note à moitié bourré. C’est pour cette raison que la cohérence risque de se perdre dans les vapeurs d’éthanol. En plus, je réécoute My Dying Bride. Pas de quoi jouer les sages. Je croyais avoir tout dit et c’est bien possible. J’ai tant critiqué l’Etat et le pouvoir que je pourrais donner un peu dans la caricature des altermondialistes qui en fin de compte sont aussi lassant que la star academy et qui parfois ressemblent aux troupeaux d’hommes massés le long du tour de France. On se masse autour de José Bové, du G8 et on se dit qu’on y est, que c’est le grand soir, mais non, sont quand même pas idiots à ce point… c’est la grande kermesse oui ! Et après. Tout l’essentiel de ce monde factice est de paraître, d’avoir l’air, de se déclarer. Le reste, peu importe. On est dispensé de réaliser qu’on profite aussi du Système. On est contre la mondialisation et on est bien content d’acheter des ventilateurs, des ensembles de voyages, des tenues complètes pour une misérable somme de 20 euros. Quelle symphonie de l’imposture. On est pour ci pour ça, on se lève pour Danette ou Dany et on est fier de l’être, mais être quoi ?
Ca ne m’intéresse pas de réfléchir à améliorer la société alors que même ceux qui sont correctement servis façonnent leur mal-être de jour en jour. Ainsi est constitué le psychisme de l’humain. Mieux vaut se foutre de tous ceux-là et si on a une âme charitable, se porter au chevet ce ceux qui sont en légitimité d’obtenir quelques égards.
Autant pour moi, au temps pour moi, au diable les gémissements des réactionnaires et des frustrés, fuck la société des ressentiments. Les miséreux n’ont qu’à digérer leur bile au lieu de se plaindre sans cesse et de prendre en otage la vie publique. C’est pas bien. C’est peut-être ce que je fais aussi ? Putain, l’effet boomerang, comme ça, à l’insu de mon plein gré et on ne m’a rien dit, ah zut ! Pauvre de moi !
Je reprends le fil de mon propos. In vino veritas. Je ne peux pas me tromper. Je vais faire quoi ? Je le pressens depuis des années. Je n’ai rien à apporter à la société qui fonctionne comme une machine lancée à toute vitesse dans l’entéléchie technicienne. Parfois je me demande s’il faut se préoccuper de la misère de nos contemporains et, par exemple, œuvrer pour soigner le cancer. Eh bien non, ma confession est terrible sur ce point. J’aurais quelques élans justifiant une passion pour œuvrer en ce sens. Le cours du monde me dissuade. Pourquoi se porter au chevet des citoyens du Système. Ils n’ont pas choisi ce système mais ils n’ont pas choisi non plus de s’en occuper. C’est terrible mais la place du citoyen éclairé et éthique n’existe plus. Tout est action et opération. Il n’existe pas de discours éthique. Chacun va de son existence, peu d’une conscience aiguisée. Comment sauraient-ils que la Technique sclérose l’imagination et détruit ce qui est étranger à sa logique, y compris les alternatives thérapeutiques ? Non, ils sont aliénés. Le sage contemple le troupeau d’homme comme s’il s’agissait d’un troupeau d’animaux. Il est en dehors et se suffit à lui-même.
Pourquoi ne suis-je pas devenu ce sage ? Je vais vous le dire. Pour des questions de pognon. Je veux juste consommer convenablement. Je crois qu’au stade où j’en suis arrivé, si j’avais les moyens d’être rentier, je ne ferais rien, je me laisserais glisser jusqu’à la mort sans me préoccuper des malheurs de l’humanité. Bienheureux les rentiers ils n’ont pas à s’occuper de la société. Vous m’avez compris j’espère. Le cours du monde m’a dissuadé d’être au service de la société. Je n’ai rien à gagner ni espérer. La société a les politiques qu’elle mérite. Elle a aussi les savants qu’elle mérite. Elle est en vacance. Elle reprendra son cours historique.
Au fait, que voulais-je dire ? Je ne me souviens plus. Que je suis encore apte à aimer ? Certainement mais pas comme je le voudrais. Et puis pourquoi vouloir aimer. En vérité, je vous emmerde et je vous aime !
Terrible, sans alcool le monde est laid
Terrible, je suis laid de ne pas avoir su apprécier le monde sans alcool
Moins dramatique, je me sens artiste
L’art, c’est encore ce qui peut apporter le plus à l’humanité
Rien de neuf, fuck Hegel, je n’ai pas d’autres mots plus sensés. Et fuck l’UMP et le PS, mais ce sont les citoyens français qui les ont placés au pouvoir. Mais me dira-t-on ils ont su se vendre auprès des Français. En vérité, les citoyens à l’âge démocratique et écononomique et médiatique et marchandique sont tous des vendus
Pourquoi se préoccuper des vendus ?
Adieu modestes citoyens, vous ne ferez jamais l’Histoire et je ferai mon histoire comme vous faites la votre. Divorce entre la pensée et le monde, entre les artistes et les citoyens. Telle est la conclusion. Vous n’y croyez pas ? Mais vous n’avez aucun moyen pour prouver le contraire
La messe républicaine est dite. J’ai érigé un Te Deum à la gloire de mon insuccès qui reflète si bien l’insuccès de la société.
Mais je ne ferai aucun esclandre. Je comprends juste le geste de Néron qui en eut marre de la Rome. Ce sont des sentiments tout à fait humains. Il est raisonnable et sensé de se dire que la société mérite quelques mauvais sorts. La société pourtant semble bien barrée. C’est possible. Je ne fais que jouer de conjectures et je jure que je suis sincère.
J’ai fait fausse route.
J’aurais mieux fait de suivre la logique du système et d’obtempérer aux ordres de la machine technicienne
Mais c’était contre ma Nature héritée du fond des siècles et ma foi, obéir au Système ou le contester on finit par crever et c’est cela la vérité, hélas, prononcer viva la muerte, ce slogan tellement entaché de sous-entendus nauséabonds … mais le monde actuel mérite ces admonestations… viva la muerte, les dressés du Système finiront comme les rebelles et c’est cela la bonne nouvelle.
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