Les philosophes depuis des temps immémoriaux se posent une question qui jusqu’ici reste sans réponse, et qui, il me semble, n’en trouvera pas dans les méandres de l’esprit humain. Pourquoi y a-t-il du mal sur terre ? Quelle est son origine (chimères bibliques mises à part) ? Et si nous sommes destinés à vivre avec, comment pouvons nous l’expliquer ? Cette vaste interrogation à défaut de trouver une réponse satisfaisante a au moins eu le mérite d’être divertissante tant les explications proposées rivalisent d’absurdité… Un texte de Voltaire que j’ai récemment lu sur le sujet m’a dans un premier temps amusé, puis rendu perplexe. Amusé tout d’abord, car l’auteur y parlait de l’inébranlable optimisme de Leibniz (caricaturé sous les traits du grotesque docteur Pangloss dans Candide) selon qui, puisque le monde est ainsi, c’est que Dieu ne pouvait faire autrement, ce qui implique que tout est au mieux (et non pas que tout est bien). Voltaire, auteur à la plume acérée, n’épargne pas le ridicule, et, usant soit de sarcasme, soit d’un bon sens remarquable, réduit à néant les thèses de ses adversaires dans un nombres de lignes très restreint, inversement proportionnel l’impact de ses mots. Son argumentation contre Leibniz tient principalement dans le fait que dans un monde ravagé par les guerres, les épidémies, les famines, les maladies de l’âme et les autres maux dont l’énumération serait trop longue ; il est sot de dire que : « tout va pour le mieux ». Gageons qu’il est presque indécent de tenir ce genre de discours quand la majeure partie du genre humain endure les pires souffrances que l’on peut imaginer… Nous pouvons supposer que Leibniz, pour en arriver à cette conclusion discutable, était partie du fait que Dieu étant amour, il ne laisserait pas les hommes souffrir le mal, et que si les choses sont ainsi faites, c’est que Dieu ne peut lui-même rien y changer. Voltaire fera fort justement remarquer que c’est contraire à la nature de Dieu que de « ne pas pouvoir » puisque le divin créateur ne connaît pas de limites à son pouvoir. Mais alors, si Dieu, tout puissant, en a la possibilité, pourquoi y a-t-il encore du mal sur terre ? C’est donc qu’il ne veut rien y faire ? Mais cette explication n’est pas plus envisageable que le reste pour la simple raison que Dieu est trop parfait pour laisser l’humanité courir à sa perte ! Il faut donc chercher d’autres causes à nos malheurs, dont l’une me parait plus recevable que ce que j’ai vu jusqu’à présent… Comme je l’ai dit précédemment , le texte de Voltaire m’a dans un second temps rendu perplexe. En effet, lui, comme tous les autres du reste, fait preuve d’un égocentrisme surprenant à l’égard de l’humanité... Mon raisonnement est le suivant : La terre, et tout ce qui la peuple, ne représente qu’une partie infinitésimal de notre système solaire, réduit à l’état de presque rein par rapport notre galaxie, qui elle-même est une poussière à l’échelle de l’Univers, qui n’est peut être qu’une infime partie d’un ensemble encore plus vaste. Pourquoi Dieu, créateur de cet immense empire, serait il intéressé par ce ridicule atome qu’on appelle la Terre et par les malheurs qui l’accablent ? Certains protesterons que l’homme, même perdu dans la grandeur de l’Univers, est particulier, parce qu’il a la faculté de penser. Cependant, qu’est ce qui nous prouve qu’il n’y a pas 100 000 espèces comme nous qui à travers l’immensité de l’Univers n’auraient pas développer une forme de vie intelligente ? Et dans ce cas qu’est ce qui ferait l’unicité de l’homme ? Rien. Imaginez une seconde la création d’une plage artificielle par l’homme, une fois son ouvrage achevé que regardera t-il ? Ne serait ce pas la beauté d’ensemble de cette plage, la finesse du sable, la clarté de l’eau, etc. Imaginons maintenant que parmi les milliards de milliards de grains de sable présents sur la plage, l’un d’entre eux ait une teneur en quartz inférieur aux autres, il aura donc un problème ! Mais que cela pourrez t-il faire ? Rien. La Terre est ce grain de sable, tellement insignifiante. L’homme aussi fou qu’égocentrique, se croit fort et important et fort, mais il est quelconque et faible. C’est ainsi que sont faits les hommes, ils se sont obstinés à croire pendant des siècles qu’ils étaient au centre d’un Univers qu’ils ne connaissaient même pas. Ils ont Même cru que le soleil, sans qui nous n’existerions pas, nous tournait autours, un peu comme si c’était lui en vérité qui dépendait de nous. Dans l’infiniment insignifiant comme dans l’infiniment grand, l’homme se donne une sur-importance, il pense être meilleur que les autres, montrant toujours un orgueil aussi grand que lui est petit. Pour en revenir au sujet de départ, je pense que s’il y a du mal sur Terre, c’est que Dieu attache beaucoup moins d’importance à l’homme que ce dernier veut bien le croire.
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