Libération, 26/10/04
une personne atteinte d'un cancer, qui consulte pour la première fois dans un établissement hospitalier, public ou privé, a d'emblée deux handicaps : la crainte, voire l'angoisse liées à l'annonce du cancer; et une sensation d'être perdu dans un monde nouveau et hostile. Ce sentiment de stress et de vide a d'ailleurs été largement confirmé par des enquêtes menées auprès des patients. Ce constat, admis par tous, implique une nouvelle approche de la prise en charge médicale et humaine des patients en cancérologie.
En réalité, il s'agit de modifier les mentalités des équipes soignantes et de créer un véritable nouveau métier : coach de patients. On sait que, dans de nombreuses professions, du sport à la communication ou au management, le coaching s'est désormais largement développé. En cancérologie, ce coaching de patient doit se décliner pendant tout le parcours du malade, notamment lors de la première consultation dite d'annonce qui est capitale pour sceller la confiance du couple patient-soignant et conditionne en grande partie la réussite des soins.
Dès le début, le médecin responsable devrait également devenir le coach référent. Ainsi, il annonce, avec toutes les précautions psychologiques nécessaires à chaque personnalité, le diagnostic de cancer, les différents examens radiologiques ou biologiques à pratiquer pour le bilan et explique, avec précision et tact, les différents stades du traitement.
Cette confiance doit êture renforcée à chaque étape du parcours personnalisé du patient : coaching en imagerie, pour expliquer les technologies modernes (scanner, Pet-Scan) ; coaching pour les bilans sanguins souvent stressants ; coaching en chirurgie, pour informer des avantages et inconvénients des opérations ; coaching en chimiothérapie, visant à adoucir les effets secondaires comme les nausées ou la perte des cheveux ; coaching en radiothérapie, pour dédramatiser la notion de «rayons».
Sur ces aspects techniques et médicaux, se greffe un accompagnement personnalisé, avec des supports humains plus performants et mieux coordonnés : alléger les démarches officielles et compliquées, apporter une assistance sociale, très souvent nécessaire, et psychologique pour informer, rassurer et adoucir les soins.
Le profil de ce nouveau métier de «coach-patient» impliquerait de transformer l'information médicale souvent abstraite en interaction humaine fondée sur la confiance. Cependant, le besoin d'un coach et le degré de son implication dans le parcours personnalisé du malade varient d'un individu à l'autre. Les malades nécessitent un coaching plus ou moins soutenu selon les cas.
Cette nouvelle dimension de la prise en charge du malade par un coach-patient sera débattue dans quelques jours, lors des prochains états généraux de la Ligue nationale contre le cancer. Il y va de la qualité de guérison des 250 000 nouveaux cas de cancer par an que nous traitons et dont on sait que le nombre augmentera inéluctablement à l'avenir.
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