Il y a un mot sur lequel je me suis toujours posé des questions, l’« égoïsme ». Quand on regarde sa définition dans le dictionnaire on peut y lire : « Tendance qui porte un individu à se préoccuper exclusivement de son propre plaisir et de son propre intérêt sans se soucier de ceux des autres » (Petit Larousse illustré édition 1995).
En prenant au mot cette définition, on peut alors affirmer que le djeune qui arrête sa fête à dix heures du soir pour ne pas empêcher ses voisins de dormir est tout sauf égoïste, puisqu’il sacrifie son plaisir personnel plutôt que celui de ses voisins. Est-il pour autant si désintéressé dans son acte ?
En réalité il prend cette décision pour lui, et non pour ses voisins, car en agissant ainsi il préserve la relation cordiale qu’il entretenait avec eux, et garde ainsi tous les bénéfices d’une telle relation, bénéfices qu’il aurait perdu en agissant autrement. On peut donc faire entrer ici la notion du calcul rationnel, calcul que chacun fait plus ou moins consciemment pour chaque choix qui se présente à lui. Si par exemple le jeune ne connaissais pas ses voisins et que ceux-ci ne lui apportais rien, il n’aurais alors peut-être pas eu la même attitude. Pourquoi je dis peut-être ?
Même en ne courant aucun risque en dérangeant ses voisins (si il est sûr par exemple qu’ils n’appelleront pas la police ou qu’ils ne viendront pas frapper à sa porte fusil à la main), le jeune peut tout de même décider d’arrêter sa fête à dix heures. Mais pour quel raison ?
On pourrait dire que c’est pas respect, ou par gentillesse (et ce serait le cas) mais il y a une raison plus profonde. On cherche tous en effet à être en accord avec soi-même, avec ses convictions et pour nous empêcher de nous en écarter nous avons notre bête noire, cette bête qui prend plusieurs formes, tel que les scrupules avant l’acte, les remords après. Si il agit ainsi ce n’est donc pas pour ses voisins mais pour lui, pour être en paix avec lui-même et ne pas être sujet aux remords qui lui auraient torturé l’esprit. Mais les scrupules ont prévenus les remords, et ont donc empêché l’action qui aurait pu en créer.
Et il en est ainsi pour tous les choix qu’on fait dans la vie, on fait toujours le choix qui nous permettra d’être bien, on agit et on vit donc pour soi, et jamais l’intérêt de quelqu’un d’autre ne passe avant le notre si ce n’est pas notre intérêt que l’intérêt de l’autre passe avant le notre (compris ?). Mais est-on pour autant tous égoïstes ? On le serais si la définition s’arrêtais ici : « Tendance qui porte un individu à se préoccuper exclusivement de son propre plaisir et de son propre intérêt » mais c’est la deuxième partie qui est importante : « sans se soucier de ceux des autres ». Car en effet chacun se préoccupe de son propre intérêt avant celui des autres, mais par la perversité de notre esprit, notre intérêt psychique est parfois que l’intérêt matériel d’autrui passe avant le notre. Il y a donc des gens qui passent leur vie à rendre celle des autres plus agréable car en vérité, c’est de cette seule façon qu’ils sont bien, qu’ils sont en paix avec eux-mêmes, ils ne sont pas égoïstes mais leurs gestes ne sont pas désintéressés.
Je parlais du calcul rationnel, il n’y a pas plus calculateur que l’homme, aucun geste n’est gratuit, il sert toujours quelque chose, moi-même je n’écris pas tout ça par hasard, je le fais pour une raison qui m’est propre.
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