Ceci dit je n'ai répondu qu'imparfaitement à ta question : l'effet de ciseau générationnel que tu décris me semble clairvoyant, mais en y répondant je voulais d'abord me représenter par quel genre de transition on passerait d'une société terrienne à une archonaute. L'idée que ce soit sur un mode exponentiel décroissant me va intellectuellement.
Mais à population croissante.
Cette croissance doit être représentée par une croissance des relations dans l'Arche.
Et c'est un point délicat, qui requiert toute notre attention.
Pour reprendre les choses à la base, les 5000 ne partent pas, le départ est pour plus tard et ils représentent un peu symboliquement tout ceux qui à chaque époque ont consacré leur vie à l'édification de l'Arche. En terme de volonté pionnière ces "5000" font exemple, on les imagine assez loin d'un profil de poule pondeuse, intellectuellement et moralement parlant, même si en effet ils engendrent pour certains, et abondamment.
Une société a besoin d'origine ferme, il faut y penser fermement au départ . Il faut à la société de l'arche un matelas moral qui rembourre par devant le Serment des partants.
Le Serment (dans le lien, j'ai essayé d'en délimiter la nécessité et la teneur) c'est donc pour les partants, les 50 000 nés des 5000.
Pour ces derniers... Que dire ? On peut penser aux 5000 d'Athènes, qui en l'époque troublée de sa chute ont constitué une régime transitoire de notables éduqué par 20 ans de conflit et le triple de démocratie. Les fondateurs de l'arche forment une société soudés non par la lois mais par un accord des volontés. Mais on peut souhaiter à leur sujet ce genre de lucidité pour fonder une civilisation cadette de la Terre, promise dans les lointains à un vaste avenir. Thucydide qui nous compte la chose n'en fait pas un chiffre magique, ni Aristote qui propose ce maximum à une assemblée dirigé par la parole. Avec internet ce nombre aurait cru énormément (et on peut faire des archonautes une société qui explore tous les stades politiques), mais on vise ici un maximum anthropologique qui reprend ce qui chez Aristote fait le maximum d'une assemblée (la portée de la voix) ; plus explicitement un noyau compact de 5000 me semble constituer un maximum pifométrique pour une société de face à face, où tous le monde connait tous le monde par le visage et la parole. Sur un roulement d'au moins un siècle jusqu'à ce que l'Arche devienne un tant soi peu autonome et puisse se permettre plus, imaginons ça.
Ces "5000", les Constructeurs, marchent à la volontés, ils sont libres de se détester car ils ne sont pas contraint de s'unir. La société ne peut s’accroître que si les liens sociaux se multiplient en sont sein et offrent une superficie suffisante, sachant le but projeté (un trajet interstellaire sans retour) pour accueillir 50 000 Partants. Les Constructeurs prêtent serment d'union mais simplement de volonté : quel que soit l'état de leur relations, ils se regardent comme visant le même but. Parfois, on veut faire des trucs ensemble, mais ça ne marche pas au plan relationnel. Néanmoins on prête serment de loyauté les uns les autres. C'est celui des Constructeurs. Les Partants par contre sont tenus de prêter serment non seulement de volonté mais d'état. Non seulement ils sont partants volontaires (pour eux et pour leur lignée) mais ils témoignent que l'état de la société telle qu'ils l'observent les rend confiant pour l'avenir de ces lignés (état issu de l'oeuvre de "5000" en résumé). Les Partants s'adressent loyalement à leur descendants en déclarant que si en s'embarquant, ils les embarquent eux aussi, c'est non seulement volontairement, mais lucidement.
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