Salut,
Je vous signale un article intéressant qui vient d'être déposé sur arxiv par des astrophysiciens de la North Carolina State University.
Il montre comment les résultats obtenus par les différentes méthodes d'évaluation de H0 se positionnent dans l'espace de paramètres à deux dimensions (H0 et Ωm), et met en évidence que
1) Les contraintes sur ce couple de paramètres obtenues suivant la plupart de ces méthodes sont compatibles entre elles puisqu'elles se recouvrent dans une petite région autour de (H0 ≃ 68,5 km/s/Mpc, Ωm ≃ 0,3), à l'exception notable de la seule méthode qui se base uniquement sur des observations "locales" (Céphéïdes + SN1a).
2) Les modifications du modèle standard, soit à grand redshift (basées sur une physique non standard avant ou pendant la recombinaison et se réduisant au modèle ΛCDM par exemple après z=100), soit à redshift moyen (basées sur une physique non standard après la recombinaison mais se réduisant au modèle ΛCDM avant z=6) ne permettent pas de réconcilier l'ensemble des contraintes sauf si l'une ou l'autre est faussée par des erreurs systématiques non prises en compte.
3) Les modifications du modèle à petit redshift (basées sur une physique non standard pour z < 6 mais se réduisant au modèle ΛCDM pour z > 6) affecteraient l'ensemble des contraintes. Mais selon une étude récente ces modèles ne permettent pas non plus de résoudre la tension sur la valeur de H0.
Les auteurs en concluent que c'est la détermination de cette valeur à partir d'observations "locales" qui pourrait être biaisée par des facteurs liés à l'environnement local, comme certains l'ont déjà proposé (par exemple le fait que nous serions situés dans une zone de sous-densité).
D'une façon ou d'une autre, cela revient à tenir compte de la non-homogénéité de l'univers à une échelle inférieure à quelques centaines de Mpc. Les auteurs ne le mentionnent pas, mais il me semble que c'est également compatible avec le modèle de cosmologie inhomogène proposé par Buchert (sans "nouvelle physique" puisqu'il ne fait qu'appliquer les équations locales de la RG pour en déduire des équations moyennes à grande échelle), avec constante cosmologique nulle et un espace-temps de sections spatiales plates à l'époque du CMB, mais dont les équations font apparaître des termes de courbure moyenne et de backreaction pouvant simuler un Λ non nul (mais non constant) à partir de l'époque où les grandes structures de l'univers sont formées - ce qui coïncide avec l'époque à laquelle le terme en Λ devient non négligeable dans le modèle standard.
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