Bonjour,
Je me pose quelques questions à propos de l'interprétation des observations du CMB. On constate des fluctuations de température de l'ordre de 10-5, et on en déduit des fluctuations de la densité de matière. Mais
1) La résolution du télescope Planck (5 minutes d'arc) correspond un diamètre d'environ 61000 années-lumière à l'époque du CMB. Les températures mesurées Planck sont donc celles de zones de cette taille, qui, compte-tenu de l'expansion (z=1090), correspondent aujourd'hui à des zones d'environ 67 millions d'années-lumière de diamètre, plusieurs fois la taille des plus grands amas de galaxies (~ 20 millions d'années-lumière de diamètre).
Un pixel de l'image de Planck de température supérieure à la moyenne couvre non seulement la zone surdense dont la contraction va conduire à la formation d'un amas, mais aussi une partie de la zone de sous-densité qui l'entoure (dont le volume peut être supérieur d'un ordre de grandeur à celui de la zone surdense). La température de ce pixel correspond donc à la moyenne des températures de ces zones, et la densité de matière qu'on en déduit est en fait la moyenne des densités de ces zones. La densité de la zone surdense est donc probablement plusieurs fois supérieure à cette moyenne.
Dit autrement : l'amplitude des fluctuations de densité de la matière baryonique n'est-elle pas supérieure au δρ/ρ déduit du δT/T de Planck ?
2) Selon le modèle de standard les pics primordiaux de la densité de matière baryonique correspondent à des pics de la densité de matière noire. La pression de rayonnement conduit à des oscillations acoustiques de la matière baryonique ("poussée" vers l'extérieur par la pression et "tirée" vers le pic par la gravitation de la matière noire), formant des pics de densité secondaires qui se figent lors de la recombinaison. En revanche la matière noire n'est pas soumise à cette pression puisqu'elle n'est pas censée subir l'interaction électromagnétique. C'est seulement sous l'effet de la gravitation qu'une partie de la matière noire est entraînée avec la matière baryonique et est attirée vers ces pics de densité secondaires.
Mais ce qu'on observe grâce à Planck, ce sont exclusivement les fluctuations de la densité de matière baryonique. Considère t'on que, à la fin du processus ci-dessus (et au début de la formation des structures), les contrastes de densité de matière noire sont identiques aux contrastes de densité de matière baryonique déduits des observations de Planck ? Ou sont-ils moins dilués par ce processus ?
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