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Une récente étude parue dans Conservation Biology (Brashares, J.S, Conservation Biology, 17, 733-743) met en évidence un plus gros risque d'extinction pour les espèces vivant en couple stable par rapport aux espèces vivant en groupes.
K.L'étude a été menée sur les espèces de Ghana, et est la première étude à montrer un lien entre le comportement sexuel des espèces et leur risque d'extinction. Une telle étude risque de changer certaines priorité en biologie de la conservation.
"De nombreuses espèces pour lesquelles on pensait ne pas avoir à s'inquiéter sont frappées en raison de leur comportement" déclare le biologiste Justin Brashares de l'Université de British Columbia (Vancouver) qui a réalisé cette étude.
Par exemple les bisons -espèce chez laquelle seulement un petit nombre de mâles monopolisent toutes les femelles- se portent bien, alors que les antilope monogames, telles le dik-dik, sont en déclin.
C'est une découverte alarmante: en conservation on a tendance à se focaliser sur les grosses espèces les plus emblématiques, telles le bison. De tels animaux se reproduisent généralement plus lentement, ont besoin de plus d'espace pour se développer et sont donc considérés comme plus vulnérable.
Il n'est pas évident pourquoi les espèces monogames seraient plus en danger. Peut-être est-ce lié au fait que les animaux étant en couples, il n'y a pas de mâles supplémentaires pour remplacer des mâles qui ont été tués, et les femelles peuvent alors se retrouver isolées.
Ceci peut être aussi lié au fait que des petits groupes sont plus faciles à approcher pour les chasseurs. Et chez des espèces telles les songes colobes, si un mâle monogame perd sa femelle de vue, il part à sa recherche -souvent avec pour conséquence de se faire aussi tuer-. "des chasseurs m'ont dit que s'ils tuent la femelle ils ont quasiment toutes les chances de tuer aussi le mâle" déclare Brashares.
Dans son étude, Brashares a rassemblé les données de recensements de 41 espèces de mammifères sur les 30 dernières années -années durant lesquelles les animaux du Ghana ont fortement souffert de la chasse et de la déforestation. Il a alors comparé la probabilité de disparition dans les six réserves du Ghana pour chaque espèce, en tenant compte des tailles de chaque réserve et de la taille et du comportement de chaque animal.
Le facteur de risque le plus important, et précédemment le mieux connu est l'isolement géographique des animaux. Les populations isolées ont moins de chance d'être soutenues par l'immigration de nouveau individus en provenance de population proches.
Le mode de reproduction des espèces était le second facteur expliquant le risque d'extinction. "C'est surprenant et pourrait bien s'avérer vrai" déclare l'écologue William Sutherland de l'Universiré de East Anglia à Norwich (UK).
Mais les femelles non appariées sont rares même dans les espèces monogames, fait remarquer Sutherland. Il semble donc peu probable qu'il y ait un manque de mâles, et des études supplémentaires sont nécessaires pour savoir si ces espèces ont vraiment besoin d'une attention particulière pour leur conservation.
Les biologistes de la conservation commencent à réaliser qu'une bonne connaissance du comportement est "fondamentale pour comprendre les risques d'extinction", dit Sutherland. D'autres caractères comportementaux tels que le fait que les animaux vivent en grupes importants, ainsi que la façon dont les comportements sociaux affectent la transmission des maladies pourraient avoir des conséquences importantes pour préserver les espèces.
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