On connaît bien les effets des barrières géographiques sur la structuration génétique des populations: des barrières telles que montagnes, rivières, etc... vont limiter les flux de gènes entre deux populations.
La sélection et la dérive génétique vont doucement agir et entraîner des fréquences de certains gènes différentes entre les population ainsi séparées (plus ou moins séparées, des échanges d'individus ou de pollen pour les plantes peuvent encore exister mais être limités).
A long terme un tel processus peut entraîner la formation de plusieurs espèces.
Maintenant on a une preuve qu'une construction humaine, ici la Grande Muraille de Chine, peut entraîner le même genre de différentiation génétique qu'une barrière géographique.
Il resterait à tester l'effet d'autres constructions plus récentes, telles les autoroutes, sur la diversité génétique...
Sources: The Great Wall of China: a physical barrier to gene flow?Su H, Qu LJ, He K, Zhang Z, Wang J, Chen Z, Gu HLes populations de six espèces de plantes réparties de chaque côté de la Grande Muraille (partie de Juyong-guan) ont été étudiées par une équipe de l'Université de Pékin. Cette équipe a de plus étudié les populations de 5 espèces de plantes situées de chaque côté d'une route sur le sommet d'une montagne située près de Juyong-guan.
L'équipe a utilisé la technique des marqueurs RAPD pour évaluer le degré de différentiation génétique entre les sous-populations.
Des différenciations génétiques significatives ont été mises en évidence entre les sous-populations des deux côtés de la Muraille.
Une espèce pollinisée par le vent, Ulmus pumila (Orme de Sibérie) a montré moins de différentiation génétique que quatre espèces pollinisées par les insectes: Prunus armeniaca (abricotier), Ziziphus jujuba (jujubier), Vitex negundo (troène de Chine), and Heteropappus hispidus.
L'effet de la Grande Muraille a donc été supérieur sur les flux de pollen des plantes entomophiles que sur ceux des plantes anémophiles.
Cleistogenes caespitosa, une graminée pérenne pollinisée par le vent montrait par contre une différentiation génétique supérieure entre sous-populations par rapport aux plantes pollinisées par les insectes, en raison de son mode de propagation (la plante a un mode de propagation végétatif, ce qui augmente la structuration des populations).
La différentiation génétique des sous-populations situées des deux côtés de la route était significative mis bien inférieure à celle observée des deux côtés de la Grande Muraille.
La Grande Muraille a donc dû jouer un rôle de barrière génétique entre des sous-populations séparées depuis près de 600 ans.
HEREDITY
90 (3): 212-219 MAR 2003
K.
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