ANDRE LANGANEY, PRIX LYSSENKO EN 1996
pour sa contribution à l'étude des races humaines
"M. Langaney n'a pas hésité à caricaturer de manière outrancière les thèses défendues par ses adversaires, en les qualifiant de nazies (...)."
(Tribunal correctionnel de Paris, 14 septembre 1994)
En décernant le prix Lyssenko 1996 à André Langaney, pour sa contribution à l'étude des races humaines, nous ne pouvons pas ne pas l'associer à deux de ses illustres devanciers : Albert Jacquard et Hervé Le Bras, distingués respectivement en 1990 et 1991. Les thèses d'A. Langaney sont, en effet, voisines de celles de Jacquard, dont nous écrivions : "Albert Jacquard fait partie de la petite cohorte bruyante qui nie l'existence des races. (...) L'auteur explique inlassablement que les opinions courantes n'ont aucun fondement et que nous sommes trompés par le témoignage de nos sens. Nous voyons que les races existent, alors qu'elles n'existent pas, dit A. Jacquard. La mission de la science ne consiste pourtant pas, le plus souvent, à expliquer aux gens que les phénomènes observés par eux n'existent pas, elle est plutôt d'en découvrir les causes. Lorsque Newton voit tomber une pomme, il élabore la théorie de la gravitation. Imaginons le Pr Jacquard dans la même situation : il soutiendrait que la pomme n'est pas tombée, et se gausserait ensuite de la crédulité des gens qui voient tomber la pomme, avant de condamner sévèrement l'"idéologie de la gravitation", puis de conclure que Newton est un "âne bâté" (comme Engels l'avait déjà estimé avant lui)." Ces conclusions peuvent s'appliquer aussi bien au nouveau lauréat, à ceci près, d'une part, que la "petite cohorte" dont nous parlions a grossi, au fur et à mesure que le "politiquement correct" s'installait à l'université et dans le monde de la recherche, et, d'autre part, que les commentateurs de la presse, impressionnés par le nombre et les positions que ses membres occupent parfois (l'un d'entre eux est professeur au muséum d'histoire naturelle...), se laissent de plus en plus souvent abuser par de telles inepties. La seule différence, peut-être, est qu'A. Langaney est un peu moins radical et systématique qu'A. Jacquard, ce qui justifie, sans doute, que l'un ait eu le prix six ans avant l'autre...
André Langaney dit dans Les Hommes. Passé, présent, conditionnel : "La notion de race est (...) dépourvue de fondements et de réalité scientifique, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un grand succès dans le vocabulaire courant." La phrase est globalement fausse, mais elle ne justifierait pas, à elle seule, l'attribution du prix Lyssenko, qui demande encore l'emploi de "méthodes et arguments idéologiques". Ceux-ci sont nombreux, disséminés dans les ouvrages de l'intéressé, mais un passage, entre tous, doit être cité ici. Il figure dans le livre d'A. Langaney consacré à l'exposition qu'il a organisée au Musée de l'homme en 1992, sous le titre : "Tous Parents, tous différents" :
"(...) on peut remarquer que la pratique des classifications raciales, qui a culminé, comme chacun le sait, aux Etats-Unis, dans l'Allemagne nazie et en Afrique du sud, ne s'est guère répandue en dehors des pays colonisateurs (...).
"Clairement, la notion de races humaines est une façon imprécise de désigner des populations chevauchantes, dont l'incroyable diversité ne se prête à aucune classification simple et scientifiquement acceptable. Les seuls à avoir voulu, à tout prix, en faire une notion scientifique , sont ceux dont l'objectif avoué était d'établir des hiérarchies, de justifier des inégalités ou des oppressions économiques, quand ce n'était pas, tout simplement, de supprimer les autres. La science des classifications raciales était celle de la ségrégation raciale aux Etats-Unis (...), de la génétique raciale du IIIe Reich (6 millions de morts), de l'apartheid (...), et de la France coloniale, dont certains militaires mesuraient et classaient les "sauvages" entre deux soûleries dans les garnisons lointaines.
"(...) Nous avons hérité l'usage commun des mots "races humaines" d'une histoire sinistre et d'une science dévoyée."
L'outrance de ces propos, qui relèvent d'un amalgame généralisé et du terrorisme intellectuel le plus odieux, ne serait excusable que s'ils avaient été rédigés au cours d'une de ces soûleries dont parle Langaney. Hélas, ils figurent dans un document quasi officiel, patronné par le Muséum d'histoire naturelle, pour une exposition qui s'est tenue au Musée de l'homme ! (On remarquera la délicatesse de l'auteur, qui a choisi ce cadre pour injurier et salir l'œuvre coloniale de la France...)
L'argument par les intentions est typiquement lyssenkiste. Il importe peu, aux yeux de la science, qu'un savant soit colonialiste, voire raciste ou nazi. Seule compte la valeur intrinsèque de ses arguments. Hors de cette règle, qui découle de la nécessaire distinction des jugements de valeur et des jugements de connaissance, il n'y a pas de science possible. Au demeurant, il est totalement faux que seuls des savants "racistes" - ou taxés de racisme par les militants d'extrême gauche - aient cru à la réalité des races. Théodose Dobzhansky, généticien fort réputé et très "progressiste", déclarait à ce sujet :
"Certaines "personnes compétentes" (...) proclament que les races humaines n'existent pas et que le terme "race" lui-même devrait être banni du vocabulaire. Cette proposition est souvent motivée par un désir louable de contrecarrer la propagande raciste. Mais faut-il pour cela nier l'existence des races ? Ou bien une telle dénégation aura-telle pour seul effet de réduire le crédit des hommes de science qui la soutiennent ?"
Nous aurons une pensée, aussi, pour le démographe Hervé Le Bras, prix Lyssenko en 1991, parce qu'A. Langaney a volé à son secours, à l'époque, et qu'il ne cesse de le citer avec faveur dans ses ouvrages. Il l'a soutenu, de même, dans la controverse qui l'a opposé au directeur de l'I.N.E.D. et à la quasi-totalité des chercheurs de cet institut. En 1993, revenant à la charge sur le sujet, à l'occasion de la sortie du livre de Le Bras, Marianne et les lapins, il attaquait violemment l'Alliance nationale Population et avenir, association reconnue d'utilité publique, dans un article de Charlie Hebdo intitulé spirituellement Nazional-Démographie, où il procédait aux amalgames habituels. Ce papier lui a valu d'être condamné pour délit de diffamation, jugement confirmé en appel. Le tribunal correctionnel de Paris déclarait notamment : "M. Langaney n'a pas hésité à caricaturer de manière outrancière les thèses défendues par ses adversaires, en les qualifiant de nazies, manifestant à l'égard de ces derniers une véritable volonté de nuire, liée à un conflit ancien. (...) Ainsi, les propos incriminés apparaissent comme un règlement de comptes personnel de M. Langaney à l'égard d'une association dont il ne partage ni les buts ni les opinions." (14 septembre 1994)
Le style très personnel de M. Langaney s'épanouit dans un ouvrage intitulé spirituellement Le Sauvage central, et dont la couverture est ornée de la photographie d'une superbe bouse de vache. L'illustration donne le ton du livre, qui fait la part belle à la scatologie : nous avons droit, ainsi, à trois pages sur les cabinets à la turque et les mœurs des primates dans un zoo. Ce ne sont, il faut bien le dire, que d'innocentes gamineries, mais il y a pire. Après avoir affirmé, "(...) pour moi, le nouveau-né isolé n'a rien de spécifiquement humain" , notre auteur n'hésite pas à ajouter : "Dans ces conditions, il convient de s'interroger sur les raisons qui empêchent les parents, en particulier la mère qui se lance dans un allaitement éprouvant, de jeter le nouveau venu dans la première poubelle à leur portée !" Ou bien, dans un passage où il évoque les mutilations sexuelles, il ose affirmer : "Les circoncisions ont sans doute tué, dans le passé, plus d'enfants que les plateaux labiaux du Tchad ou d'Amazonie. Les rabbins ou imams, qui glorifient ce genre de barbarie, égalent en cynisme les papes qui prêchent l'amour aujourd'hui, sans avoir renoncé à se présenter comme héritiers des tortionnaires toujours canonisés de l'inquisition." Cette caricature insupportable de la religion témoigne d'un bel "humanisme", qui qualifiait M. Langaney pour donner des leçons de morale "antiraciste".
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