Bonjour,
Je suis en lien proche avec une personne ayant récemment fait un mémoire sur les limites dans la transmission des savoirs en théorie de l'Evolution. Et beaucoup de questions me sont venues depuis que je l'ai lu, et depuis que j'ai consulté certaines sources que j'ai trouvé extrêmement pertinentes pour traiter ce genre de sujet.
Bien-sûr, notre compréhension repose sur des mots, ainsi il faut utiliser un vocabulaire clair et précis afin de savoir de quoi on parle. Or voici une des premières limites d'une bonne transmission de cette théorie, car on sait qu'il existe, même au sein des enseignants, une manière de vulgariser avec un langage simplifié, ce qui induit des biais, à la fois chez les étudiants mais aussi chez les enseignants eux-mêmes. Il est donc facile de tomber dans les classiques finalisme, essentialisme mais aussi et souvent l'anthropocentrisme. J'ai pu moi-même le constater sur ce forum.
Un gros soucis qui a été identifié par certains chercheurs, c'est la non incorporation de la sociologie dans les sciences dures du vivant, et le fait qu'il ne soit pas permis de parler de sociologie sur ce forum en est une belle illustration. La sociologie c'est pourtant ce qui étudie les comportements sociaux des individus sociaux, c'est donc pleinement une science du vivant. Mais bref, ne parlons pas de sociologie au risque que ce message ne saute...
Ce qui me dérange le plus, personnellement, c'est le fait qu'il existe un essentialisme très présent au sein de la communauté des chercheurs (du moins ceux que j'écoute ou que je lis), où justement la place de l'humanité ne semble pas avoir été comprise comme étant une espèce parmi d'autre, justement du fait que les sciences humaines ne soient pas prises au sérieux par les sciences naturelles. J'ai l'impression qu'il subsiste toujours une frontière entre les sciences biologiques et les sciences humaines. Bernard Lahire tente dans son ouvrage "Les Structures Fondamentales des Sociétés Humaines" de réconcilier justement ces différentes disciplines et parle surtout aux sociologues qui placent l'être humain à part. Il est aussi question de la barrière nature-culture qui évidemment n'a pas de sens en science.
Tout cela rejoint les travaux de vulgarisation de Guillaume Lecointre, et je pense surtout à son livre "Démystifier le Vivant" ou encore "Le Guide Critique de l'Evolution" qui ont été d'une grande aide pour ce mémoire. Dans ces ouvrages, on comprend que l'être humain n'a pas de place spéciale dans le vivant.
Sur ce forum, on m'a par exemple déjà dit que l'agriculture n'a rien à voir avec la théorie de l'évolution. Or l'être humain étant produit de l'évolution naturelle des espèces, je ne comprends pas pourquoi un tel essentialisme sur l'être humain.
Voilà, j'aimerai bien discuter de cela scientifiquement, mais en sortant le plus possible de l'essentialisme pour essayer de se concentrer sur le monde réel, affranchi de toutes les cases qu'on a pu créer pour essayer de comprendre nos objets d'étude. Je ne veux braquer personne ni enfreindre les règles, j'aimerai simplement comprendre si c'est moi qui ai un problème ou si effectivement il existe bien un souci de cet ordre là sur ce sujet.
Merci beaucoup pour vos réponses !
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