J’ai repris le calcul vérificatif que j’avais fait, en affinant quelques hypothèses, et en prenant un coefficient de fluage de 0.8 (locaux non chauffés) au lieu de 0.6 (locaux chauffés), et en tenant compte de la flèche d’effort tranchant. Toujours en bois de classe structurale C24. Le § A de mon post # 17 est modifié comme suit :
A) Ferme B Situation actuelle avec solives, plafond et isolation du RdC, sans aménagement comble
Taux de travail en flexion charges permanentes seules : 8.9 / 11.1 = 80 % OK
Déformée active maxi (fluage) : 7.3 mm soit L/680
Déformation net finale : 17.1 mm soit L/290 < L/200 OK
Taux de travail en flexion avec CP + neige seule : 11.9 / 14.8 = 80 % OK
Taux de travail en flexion avec CP + vent + 0.5 neige dissym : 16.2 / 20.3 = 80 % OK
Déformée active maxi côté gauche entrait : 14.6 mm soit L/ 340
Déformation net finale : 24.1 mm soit L/207 < L/200 OK
Les remarques sont :
La zone de déformations et contraintes maximales se situe sous le pied d’arbalétrier et de la jambe de force, du côté le plus long entre mur et poteau (L = 5 m)
A 80 % de taux de travail (un peu plus que mes précédents 72 %), c’est conforme mais c’est beaucoup, surtout vis-à-vis des charges permanentes.
Petite explication sur le fluage du bois. L’EC5 donne des coefficients fixes (0.6 – 0.8 – 2) selon l’hygrométrie des locaux, mais ne tient pas compte de la contrainte de flexion.
Ceci contrairement à ce que faisaient les règles CB 71 où l’on voyait le coefficient de fluage augmenter en fonction de l’humidité et de la charge.
EC5 est plus simple, mais CB 71 devait serrer de plus près la réalité. Il est donc vraisemblable que le fluage réel soit plus important que celui calculé EC 5 dans ce cas, qui est de 7.3 mm sous les seules charges fixes actuelles.
D’où une part certainement des déformations observées
D’autres facteurs liés à la réalisation peuvent jouer sur la déformation, tels que les glissements d’assemblages, des irrégularités de matière, classe structurale exacte du bois, etc ..
Par contre, les solives sont surdimensionnées pour simplement le plafond ; elles peuvent porter un plancher habitable (à condition de revoir leurs appuis), et leur déformation propre actuelle de l’ordre de 2 à 3 mm est négligeable sur le total.
En étant aussi près de la limite avec mon analyse indicative non professionnelle, basée sur des données et hypothèses non certifiées, je ne peux malheureusement pas vous dire si un expert faisant un calcul plus fin trouverait votre charpente conforme ou pas, au niveau des fermes.
Par rapport à l’état actuel, sans un quelconque aménagement des combles.
Notamment, au niveau de la flèche net finale sous vent + neige où il faudrait sous-pondérer dans le calcul, le poids des éléments « qui remontent » (voir le dessin #17) et s’opposent à cette flexion, on pourrait passer de < L/200 à > L/200 pour 3 ou 4 mm ; je n’ai pas fait ce calcul.
Quelques questions pour ma meilleure compréhension.
Les déformations qui vous inquiètent sont-elles apparues brusquement ou petit à petit ? Vous pouvez les dater ?
Pourriez-vous repérer vos observations sur le plan du RdC ? Voit-on des déformations genre affaissement en toiture aussi ? (on devrait).
Et pour votre action éventuelle en responsabilité décennale :
Comment a été établie la réception des travaux : PV écrit daté ? Ou informelle par entrée dans les lieux, DAT en mairie, solde factures ? Quelle date précise ?
Que vous devait le charpentier au niveau du « grenier » indiqué sur le plan ? Des indications de charges précises pour les aménagements et l’exploitation ? ou rien n’est indiqué dans le marché ?
En matière d’assurances : je suppose que vous n’avez pas de dommage-ouvrage ? Avez-vous l’attestation RD du charpentier - et de l’architecte ? Avez-vous une assurance protection juridique qui n’exclut pas les litiges construction ?
Que prévoir en réparation ?
Il ne sert à rien de suspendre les entraits aux pannes : cela ramène la charge sur l’arbalétrier, qui la reporte sur l’entrait, et en plus cela fait fléchir les pannes (avec répercussion supplémentaire sur les sablières). A mon avis, même, c’est plutôt nocif.
Je n’imagine pas de remplacer les solives par de plus légères : le gain serait négligeable.
Si un renforcement structurel est à envisager, ce sera en donnant aux entraits la résistance qu’ils auraient du avoir dans la mesure où l’architecture a contraint à cette disposition peu naturelle d’arba qui force sur l’entrait.
Comment le faire ? Avant c’était facile : de plus fortes sections d’entrait. Après, c'est-à-dire maintenant, je n’ai toujours pas trouvé la bonne solution.
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