Gagné !
Alors en deux mots : les premières tentatives de formaliste ont été faites par Lewis avec les fameuses structures de Lewis, dans lesquelles on place des doublets liants et non liants selon les règles du duet et de l'octet. Mais il n'y a pas d'interprétation plus poussée de la raison de l'existence de la liaison chimique, et pour cause : les bases de la mécanique quantique n'ont pas encore été formulées (1905 contre 1926, grosso modo).
Une fois l'équation de Schrödinger et autres notions de mécanique quantiques définies, une autre approche, très différente dans l'approche, émerge : l'électron est une particule soumise aux lois de la mécanique quantique, il convient donc de le décrire en terme de densité de probabilité de présence. La notion de liaison (localisée) n'est alors pas forcément très claire. C'est les débuts de la théorie des orbitales moléculaires, en partie menée par Mulliken (d'où son concept d'électronégativité avec des grandeurs atomiques).
Pendant ce temps, l'idée de Lewis a fait son chemin. On apprécie de pouvoir représenter facilement les électrons par des liaisons localisées, et ce mode de représentation, bien plus commode que les densités issues des OM, est encore très répandu aujourd'hui (cf les mécanismes réactionnels en chimie organique). Toutefois cela présente des limitations, qui conduisent notamment à développer la théorie de la mésomérie. Dans le même courant de pensée figure la théorie de l'hybridation.
Pendant une relativement longue période (des années 1930 aux années 1950), s'ensuit une lutte entre la théorie des OM, et la théorie Valence Bond (VB), puisque c'est elle dont il s'agit. VB est notamment soutenue par Linus Pauling, très charismatique. Les OM sont alors en second plan. Mais Pauling pêche par excès, et veut appliquer sa théorie à toutes les molécules. Vient alors le cas du cyclobutadiène, qui marque les deux camps : VB le prévoit comme stable, les OM non. Et la preuve expérimentale arrive, le cyclobutadiène se distort (il n'est pas carré).
La communauté se tourne alors massivement vers les OM ... Ce n'est que bien plus tard que VB réapparaît vraiment, au point d'avoir maintenant une théorie compétitive face aux OM, les difficultés calculatoires (liées à la non-orthogonalité) ayant été surmontées. Nous sommes donc en voie de réconcilier les deux théories historiques. Cela permettrait sans doute de clarifier un certain nombre de raisonnements, puisqu'à l'heure actuelle on utilise des structures VB (liaisons localisées dans les structures de Lewis ou les formes limites de résonance) pour représenter les molécules, mais on interprète beaucoup plus souvent en termes d'OM.
Voilà, je suis désolé de ne pas avoir réussi à faire plus court, mais c'est tout de même une partie d'un siècle de recherche qui est survolée ! Je suis à votre disposition pour toutes questions à ce sujet, puisque c'est actuellement l'objet de mes réflexions.
Merci de m'avoir lu jusqu'ici !
Nox
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