Salut tout le monde,
J'ouvre cette discussion pour partager avec vous le résultat d'une longue et laborieuse étude que j'avais mise en suspens jusqu'ici.
Il s'agit de définir, lors d'une chute radiale depuis l'infini, ce que vont voir : l'observateur éloigné, l'observateur immobile en r et celui qui chute.
On trouvera en illustration leurs repères respectifs, de droite à gauche et, au dessus, ce qui est réellement vu.
On s'intéresse aux croisement entre des immobiles (en bleu) et les chuteurs (en vert). Les immobiles sont situés en 1,45Rs, 1,84Rs, 2,19Rs, 2,52Rs et 2,82Rs.
Je donnerai ci-dessous les calculs de quelques exemples, pour suivre la logique, dont les valeurs en gras pourront être retrouvées sur la figure.
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Repère de Schwarschild : ce que voit l'observateur éloigné (droite)
On suit ici l'exemple de l'immobile à 1,45Rs. On sait calculer le redshift gravitationnel en r G=1/rac(1-Rs/r)=1,79
Ca veut dire que l'observateur éloigné va voir l'immobile en r compressé radialement de 1/G=0,56 et étiré verticalement (dans le temps) de G.
A cette valeur de r, un chuteur va à une vitesse locale de B=rac(Rs/r)=0,83 soit un facteur de Lorentz Y=cosh(atanh(B))=1,79 et un Doppler Z=(1+B)Y=3,28
On note au passage la similitude entre les valeurs G et Y, propre à la chute radiale depuis l’infini.
Le repère de Schw va "déformer" ces valeurs en opérant la même déformation que pour l'immobile, ainsi on trouvera des valeurs "coordonnées" :
La vitesse B'=B/G²=0,26 et le facteur de Lorentz Y'=Y*G=3,21
La compression radiale est toujours l'inverse de la déformation verticale (temps) pour que chaque volume mesure toujours 1, c'est vrai pour tous les parallélépipèdes de toutes les figures.
Ensuite on trace des rayons lumineux pour obtenir ce qui est réellement vu et on trouve la figure du dessus dans laquelle on peut lire :
Le décalage de longueur d'onde vu X=Z*G=5,87 (compression 1/G=0,17) et la vitesse apparente
Celle ci s'obtient en prenant la vitesse apparente de RR w=B*Y/Z=0,45 et en lui appliquant la "déformation" liée au r soit W=w/G²=0,14
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Repère de Schwarzschild "r" : ce que voit l'immobile en r (milieu)
Pour faire une transformation de l'infini vers r il suffit de prendre toute la figure de Schw et l'étirer radialement de G et la compresser verticalement de 1/G
Une illustration ici qui isole ce sujet https://forums.futura-sciences.com/a...ml#post6280295, on passe simplement de gauche à droite par "morphing".
En bas on est dans le repère de l'immobile en 1,84Rs et son G=1,48. Par exemple, il voit l'observateur éloigné étiré de G et blueshifté de 1/G.
Localement, pour l'immobile tout est normal, la lumière va à 45°. Les valeurs coordonnées du chuteur qui le croise sont celles de la RR :
B=rac(Rs/r)=0,73, Y=cosh(atanh(B))=1,48 et Z=2,57. La vitesse apparente est w=B*Y/Z=0,42. Tout comme en RR.
A distance c'est différent, si notre observateur immobile regarde l'immobile en 1,45Rs, il le verra :
Étiré verticalement (ralenti) de G'=G1,45/G1,84=1,21 et compressé radialement de 1/G'=0,82
Et s'il regarde celui qui chute et qui croise l'immobile en 1,45Rs, il aura, en coordonnées, une vitesse B'=B/G'²=0,56 et un Y'=Y*G'=2,17
Il le verra avec un redshift X=Z*G'=3,97, compréssé de 1/X=0,25 et ayant une vitesse apparente W=w/G'=0,31
Attention les dernières valeurs de B, Y, Z et w sont celle du premier paragraphe.
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Repères hybrides : ce que voit celui qui chute depuis l'infini (gauche)
En bas on ne peut pas vraiment parler de repère, chaque interaction avec l'observateur en 1,84Rs est exclusive
Il s'agit de déformations de repères de Minkowski selon chaque rapport G' obtenu avec les autres immobiles.
Pour le chuteur, localement, c'est exactement le symétrique du rapport entre l'immobile et celui qui chute, simple changement de repère RR.
Cette fois notre chuteur va regarder ce qui se passe à 2,82Rs.
L'immobile a la même vitesse relative que la vitesse locale du chuteur (0,73c) mais il est déformé du rapport G'=G2,82/G1,84=0,84
Ainsi les valeurs coordonnées pour l'immobile sont B'=B/G'²=1,04 et Y'=Y*G'=1,24
On note une vitesse coordonnée >1, c'est lié au fait que le repère est déformé et que la vitesse "coordonnée" de la lumière est elle aussi >1 (cf Shapiro)
Au final, le chuteur voit l'immobile avec un redshift X=Z*G'=2,16, compressé de 1/X=0,46 et avec une vitesse apparente W=w/G'²=0,59
Quant à celui qui chute quand il croise l'immobile en 2,82Rs, on commence par évaluer sa vitesse relative avec notre observateur
B=tanh(atanh(B1,84)-atanh(B2,82))=0,25 soit Y=1,03, Z=1,29 et w=0,20
Les valeurs coordonnées du chuteur sont alors B'=B/G'²=0,36 et Y'=Y*G'=0,87
Enfin, il sera vu avec un redshift X=Z/G'=1,09 et une vitesse apparente W=w/G'²=0,28 !
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Cette fois ce qui est vu n'est pas ce qui se trouve au dessus mais ce qui est en dessous, car jusqu'ici dans ce dernier cas, on décrivait des évènements synchronisés
alors que ce qui nous intéresse sont des évènements simultanés (vus en même temps, sur un même cône passé).
On doit donc prolonger les trajectoires des immobiles et de la lumière (pas à 45°) pour obtenir la position réellement vue
celle qui correspond à la déformation par aberration de la lumière (RR) de ce qui était vu par l'immobile en 1,84Rs.
C'est en quelque sorte une vérification de la validité de ces figures.
Ce que je trouve amusant, en conclusion, c'est que le chuteur (notre dernier observateur) va voir le lieu 1,45Rs
à une distance "visuelle/angulaire" lointaine et les immobiles y seront fortement blueshiftés
Ça veut dire que le chuteur voit les lieux de coordonnée r, en dessous de lui, très loin, se rapprocher très vite et très bleus.
Qu'en pensez vous ?
Merci d'avance pour vos réactions,
Mailou
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