Bonjour,
Je souhaiterais engager la discussion à partir de cette citation de Michel Aigle, généticien à l'université de Bordeaux, trouvée sur le site de la cité des sciences:
Je suis globalement d'accord avec cette intervention, mais j'apporterai cependant quelques nuances sur la phrase suivante:Envoyé par Michel Aigle,Généticien, université de Bordeaux
Je pense que cet argument est erroné et qu'il est révélateur d'une tendance fortement inscrite dans notre manière de penser, de justifier l'histoire, de justifier un passé ou des événements passés, à l'aide d'outils actuels qui n'existaient pas par le passé. Ceci est valable en sciences humaines, mais aussi en biologie comme on peut le constater.La question présente ne semble donc pas être de savoir si l’homme est propriétaire ou non des génomes des autres espèces, il l’est, de fait, et depuis longtemps.
Si les hommes ont sélectionné les plantes, les ont classifiées, et ont pratiqué une agriculture pragmatique depuis des siècles, c'est une erreur de justifier cela par le concept tout récent de "génome", qui semble bien anachronique quand on parle de l'histoire de l'agriculture.
Le génome n'existe pas en soi, absolument, et de tout temps: c'est une invention conceptuelle historique basée sur des expérimentations, qui a modifé notre vision du vivant. Dire que le génome a existé de tout temps (position matérialiste forte) ou dire que le génome a été créé par les scientifiques de l'époque (position subjectiviste forte) sont des positions toutes deux intenables.
Il est alors sans aucun sens de décrire l'histoire de l'agriculture en terme de génomique, car ce serait privilégier une approche épistémologique (évoquée plus haut) plutôt qu'une autre, les deux étant incorrectes.
Cette erreur de raisonnement valide, en fait, l'idée que nous nous approprions le vivant depuis les débuts de l'agriculture, alors qu'il ne s'agit en fait que de domestication. Les concept d'appropriation et de propriétarisation sont assez récents dans l'histoire, et ont été portés à leur comble avec l'arrivée des théories dialectiques et marxistes, prenant leur source dans la philosophie allemande de fin XIX début XXième siècle, en réaction à l'idéologie capitaliste.
L'homme n'est pas propriétaire du génome des espèces depuis longtemps, comme l'affirme Michel Aigle, il se l'est approprié de manière très récente.
On peut lire ceci sur le net:
C'est faux, car le brevet ne porte pas sur la matière vivante, mais sur des procédés de fabrication de la bière par fermentation.1873 : Louis Pasteur obtient le premier brevet pour un organisme vivant. Il s’agit d’une souche de levure utilisée dans la fabrication de la bière.
La transgénèse quant à elle, touche à la constitution même du vivant, et les brevets associés portent sur les organismes vivants issus de cette technique.
Le premier brevet portant sur une technique de transgénèse est accordé en 1980:L'appropriation du vivant par le biais des brevets est donc très récente, et ce premier brevet accordé en 1980 a laissé la porte ouverte à toue l'industrie transgénique, par la suite.par cinq voix contre quatre, l'arrêt Chakrabarty de la Cour Suprême des Etats-Unis renverse une centaine d'années de jurisprudence constante qui considérait le vivant comme non brevetable, (« puisque c'est vivant, ce n'est pas brevetable ») et admet le brevet d'une bactérie génétiquement modifiée pour dégrader des hydrocarbures.
Il est clair, que dans ce contexte, alors que le vivant a toujours été un patrimoine commun de l'humanité, une minorité de décideurs s'accaparent maintenant la propriété d'organismes vivants issus de techniques de leurs laboratoires, et qu'ils imposent à tout le marché mondial par des biais économiques.
Les variétés de plantes protégés par les conventions de propriété intellectuelles UPOV sont de même assez récentes et destinées à promouvoir la sélection et l'amélioration spécifique de certaines espèces. Ces protections (Certificats d'obtention végétales (COV)), pour faire un parallèle, s'apparentent plus au Creative commons, alors que les brevets s'apparentent plus au Copyright pur et dur.
L'appropriatation du vivant est donc une activité très récente de la part des industriels destinés à avoir la main-mise sur les marchés agricoles et à promouvoir leur activité selon l'idéologie qu'il n'y a aucune barrière à la propriété intellectuelle et que celle-ci s'applique à tout notre espace vital.
Au passage, comme l'explique Joêl de Rosnay sur sa petite vidéo sur la trasngénèse végétale, l'utilisation de cette technique sucite de nombreux problèmes éthiques et de société. M De rosnay explique que ces questions sont traitées sur le site de la cité des sciences.
Or cela fait maintenant plusieurs mois que j'ai signalé l'indisponibilité des documents concernant le thème "A qui appartient le vivant?" au sujet des pays en voie de développement à la cité des sciences, ainsi que les nombreux liens brisés, mais je n'ai jamais eu de réponse...
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