En quoi avez vous confiance en la science ?

[invite0bad6322]

La question n'est pas si facile. Il est aisé de trouver en quoi nous n'avons pas confiance en la science (certains diront l'éthique, les OGM, le nucléaire etc) mais il est plus dur de trouver sur quels points nous avons confiance globalement, sans citer chaque objet qui nous entoure (j'ai confiance en l'electricité, j'ai confiance en l'ampoule électrique ...).

Je pensais déjà dans un premier temps, à évaluer la question sous l'angle des applications quotidiennes de la science, en lesquelles nous avons -quasiment- tous confiance, mais j'ai du mal a développer d'autres axes de réflexion.

Je pensais éventuellement à réfléchir sur la confiance a accorder à la science dans l'avenir, ou dans le domaine de la santé, ou les avis sont mitigés.

Merci de vos réponses
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[invitec35bc9ea]

cette question a deja été debattue et ça n'a mené a rien de bon. fais une recherche!

j'ai comme une impression de deja vu

[invite0bad6322]

non justement, j'ai trouvé un sujet "faites vous confiance à la médecine" mais pas plus précis, ou alors j'ai du louper quelquechose.

J'ai beau essayer de rechercher, je ne trouve pas de topic qui soulève cette question.

[invitec35bc9ea]

http://forums.futura-sciences.com/po...95.html#875295

[A voir en vidéo sur Futura]

[invite0bad6322]

merci. Cependant, ce topic débat surtout autour des points dans lesquels vous n'avez pas (trop) confiance.

Y a t'il des points ou vous avez totalement confiance ?

[invitea4a042cf]

Moi, j'ai relativement confiance dans le fonctionnement de la science. A savoir des résultats publiés et vérifiables par tous, un jugement par les pairs, une remise en cause des résultats précédents quand de nouveaux résultats viennent les contredire, indication du domaine de validité et des marges d'erreurs, ...
Ce fonctionnement a néanmoins ses faiblesses : course à la publication, effets de mode, financements pas toujours judicieux, ...
Je regrette aussi la faible implication des chercheurs dans l'aspect éthique de leurs recherches. Je pense que ça peut jouer dans le manque de confiance.

Quant aux domaines de recherches en lesquels on peut avoir confiance... c'est plus difficile à dire. Chaque domaine peut avoir ses points positifs et négatifs. Je dirais que j'ai plus confiance dans les domaines ayant le moins d'implications industrielles, car il y a moins de pressions extérieures. Pour moi, dire "j'ai confiance en l'électricité" ne veut rien dire : elle a ses bons et ses mauvais côtés. (et ce n'est pas une science)

[shokin]

http://fr.wikipedia.org/wiki/Confiance

On peut y lire entre autres :

Fondée sur le sentiment, et non sur la raison, la confiance peut (...)

Et puis, la confiance doit être entretenue.

Shokin

[invite78d2ef62]

Dans l'expression du problème au départ, vous semblez confondre un peu la science, la technique et l'industrie.
Le clonage et la transgenèse sont par exemple des questions scientifiques. Leur application à l'homme ou à l'agriculture deviennent des questions éthiques, économiques, politiques... mais pas spécialement scientifiques.

Mon raisonnement est assez simple. Le cerveau humain se pose la question du pourquoi et du comment des choses. Dès qu'on est tout petit. Et sans doute dès les origines de l'humanité avec son cerveau actuel.

Pour répondre à cette question du pourquoi et du comment des choses, vous avez à mon avis des systèmes de croyance et des systèmes de connaissance. La religion fait partie des premiers, la science des seconds. La différence entre une croyance et une connaissance réside dans la justification rationnelle de leur construction et de leur partage.

J'ai confiance en la science parce qu'elle fait l'effort de justifier toutes ses affirmations dans un cadre universel, cohérent, accessible à la critique rationnelle de chacun. Un cadre capable d'évoluer lui-même par l'autocritique. Je n'ai pas confiance dans les croyances parce que vient toujours un moment où une telle critique n'est plus possible et où il faut abdiquer devant un argument d'autorité, c'est-à-dire une opinion non justifiée, non accessible à la critique, opinion dont dépend en général tout le système de croyance en question.

Mais bon, c'est assez basique comme approche et je crains que l'on m'objecte que la logique elle-même, ou les mathématiques, procèdent finalement au départ d'une croyance comme une autre. Ensuite, il faudrait développer sur la capacité relative des différents systèmes à expliquer le pourquoi et le comment des choses, pour montrer que même dans l'hypothèse où il y aurait une croyance à la base de la science, cette croyance se révèle beaucoup plus féconde que les autres si l'on en reste au domaine de l'explication du réel.

Je crains que l'on ne se perde en débats épistémologiques assez complexes

[JPL]

Par hasard tu ne nous demanderais pas de faire un de tes devoirs ?

[invite986312212]

j'ai envie d'interpréter la question dans ce sens restrictif: peut-on avoir confiance en un résultat scientifique donné? Je pense qu'il faut toujours lire un article scientifique en gardant un esprit critique. Beaucoup d'études très faibles sont publiées (à l'inverse de Cécile, je ne fais pas beaucoup confiance au jugement par les pairs).

Par contre, si un certain nombre de résultats erronés sont publiés, ces erreurs finissent par être découvertes et corrigées, soit que l'on arrive à une contradiction, soit plus fréquemment que d'autre équipes cherchent à reproduire une expérience et n'y arrivent pas. Si bien qu'on peut avoir confiance sur le long terme en la science.

Pour finir, je dirai que j'accorde très très peu de confiance aux résultats annoncés dans la presse généraliste: "des chercheurs ont montré que...". J'ai même une expérience personnelle là-dessus: un article auquel j'avais contribué a été condensé par la "com" de mon institut et transmis aux agences de presse et a fini par être repris par un journal heureusement assez obscur avec un sens opposé à nos conclusions!

[invite06fcc10b]

Bonjour,

Pour finir, je dirai que j'accorde très très peu de confiance aux résultats annoncés dans la presse généraliste: "des chercheurs ont montré que...". J'ai même une expérience personnelle là-dessus: un article auquel j'avais contribué a été condensé par la "com" de mon institut et transmis aux agences de presse et a fini par être repris par un journal heureusement assez obscur avec un sens opposé à nos conclusions!

Oui, et j'inclus personnellement dans le lot des revues de vulgarisation comme "La Recherche". Ce n'est probablement pas le cas général, heureusement, mais je me souviens d'un article dans lequel il était écrit que le problème de la segmentation d'images était résolu .... Or, je travaillais à l'époque dans ce domaine et beaucoup de chercheurs continuent de travailler sur le sujet ... on se demande bien pourquoi faire ! Ceci dit, les auteurs de l'article sont autant à blâmer dans cette affaire que la revue elle-même et les auteurs étaient des chercheurs honorables ...

De manière plus générale, je pense que la science a atteint un degré de complexité tel (au moins dans certains domaines) qu'il est difficile d'y voir clair et que le paradigme qui fait consensus dans la communauté scientifique résulte autant de la rationnalisation des choses que du contexte historico-socio-culturel dans lequel celui-ci s'établit. Et donc, il faut rester extrêmement prudent et réservé, en particulier lors de la transmission des connaissances aux jeunes chercheurs, ainsi qu'au grand public.
Je pense par exemple aux calculateurs quantiques, à la cosmologie, à l'I.A., aux théories sur le fonctionnement du cerveau ... Je ne parle pas bien entendu des observations qui sont avérées car reproductibles, je parle des grands paradigmes pour l'interprétation de ces observations.
En général, d'ailleurs, cette retenue scientifique existe bien, mais les quelques dérapages qui existent font pas mal de dégâts (exemples qui me viennent à l'esprit : Searle, Penrose, Gould .... Ces derniers ont manifestement manqué de réserve).
Autre cas plus complexe, la cosmologie : il y a 20 ans, on lisait dans tous les bouquins qu'il ne pouvait y avoir que 2 cas : le big crunch ou l'expansion ralentie mais infinie. Maintenant, il semble qu'on soit sur une expansion accélérée ! Et demain, ça sera quoi ? Manifestement, c'est un domaine où il faut un peu plus de réserves sur l'interprétation des résultats.

Cordialement,
Argyre

[invite78d2ef62]

Il est clair que le peer-review est un moindre mal et non la panacée, même au-delà des fraudes ou rétractions. Et comme le dit bien ambrosio, la dimension temps est importante, ce que les médias ne peuvent structurellement intégrer (ils ont besoin d'événements).

Dans les domaines que je suis le plus, combien d'annonces fracassantes sur "les gènes de ceci", les "hormones de cela", le "cerveau de trucmuche". En allant lire l'étude, on constate dans 80% des cas un échantillonnage très faible et des différences à la limite de la significativité. Mais tout cela est amplifié, dès le communiqué du labo en général, et simplifié pour créer un événement. Comme je constate un peu la même chose depuis que je m'intéresse à la climatologie, je suis porté à penser que c'est désormais la règle courante, au moins dans les domaines de recherche les plus médiatisés.

De manière un peu provocatrice, je dirai que la confiance dans les résultats de la science est de toute façon une question qui ne se pose pas vraiment pour 80% de la population. Les gens décrètent une confiance ou une méfiance en raison de leurs opinions, de manière assez indépendante de la méthode scientifique elle-même et du contenu réel de ses travaux. D'un point de vue sociologique ou psychologique, la confiance dans la science à une époque donnée me paraît un sous-produit d'autre chose, par exemple la confiance dans le progrès ou dans l'avenir (pour l'opinion majoritaire).