Epidémies et évolution

[invite8915d466]

Bonjour

j'ai lu dans le numéro de Pour la science de ce mois ci un article sur l'évolution des espèces par "fusions", c'est à dire par un certain nombre de mécanismes où une espèce "absorbe" tout ou partie du matériel génétique d'une autre pour en donner une nouvelle (parfois en remplaçant une des deux si les hybrides les concurrence). Dans l'article, il est dit que 10 % des gènes de l'humanité viendraient de l'insertion de génomes de retrovirus, comme il se passe actuellement pour le virus du SIDA, ce qui m'a paru énorme. Du coup je me suis demandé si certaines évolutions ne pourraient pas se faire lors d'épidémies du même genre, où un virus se répandrait dans une population, éventuellement assez létal pour beaucoup d'individus, mais laisseraient les survivants transformés, avec des parties nouvelles du génome qui pourraient éventuellement donner d'autres évolutions après d'autres mutations avec lesquelles elles interagiraient.. ce serait une sorte d'évolution "par sauts " lors d'épidémies, est ce que ça a été envisagé?
-----

[invite986312212]

effectivement il y a des hypothèses qui ont été émises sur le rôle de cet ADN viral dans l'évolution de la barrière placentaire chez les mammifères. Il faudrait que je retrouve les références. Mais attention, qui dit virus ne dit pas nécessairement pathogène. De plus pour que du matériel génétique viral soit incorporé de façon durable au génome de l'hôte, il faut qu'il atteigne les cellules de la lignée germinale. Ce n'est pas le cas pour le VIH par exemple. En tout cas c'est évident que du point de vue du virus, c'est le mode de transmission idéal .

[invitec0b62935]

effectivement il y a des hypothèses qui ont été émises sur le rôle de cet ADN viral dans l'évolution de la barrière placentaire chez les mammifères. Il faudrait que je retrouve les références.

Direct Involvement of HERV-W Env Glycoprotein in Human Trophoblast Cell Fusion and Differentiation

Jean-Louis Frendo,1 Delphine Olivier,2 Valérie Cheynet,2 Jean-Luc Blond,2 Olivier Bouton,2 Michel Vidaud,3 Michèle Rabreau,4 Danièle Evain-Brion,1 and François Mallet2

HERV-W est un retrovirus endogene. Il utilise une proteine de fusion pour penetrer les cellules de l´organisme et cette proteine a ete reutilisee par les mammiferes placentaires chez qui elle permet la formation du placenta. Il y egalement d´autres retrovirus essentiels chez les mammiferes placentaires, notamment un qui permet d´abaisser legerement les defenses immunitaires de la mere pendant la grossesse pour que l´embryon ne soit pas elimine.

[invite5321ebfe]

Le transfert horizontal d'informations génétiques est en effet fréquent dans la nature. La "championne" de cette "évolution symbiotique" est la biologiste Lynn Margulis.

Ton hypothèse me paraît intéressante, mais je ne me souviens pas avoir lu de travaux en ce sens sur l'évolution humaine. Le "saut" en question (mutation d'insertion liée à une épidémie virale) a de bonnes chances de ne pas être un très grand saut non plus – de concerner le détail d'une fonction de la cellule immunitaire, par exemple.

A mon avis, tu peux plus facilement imaginer qu'une épidémie a un effet important sur l'évolution humaine par la classique sélection darwinienne et verticale : si 90% d'une population disparaît, les traits des 10% restant se trouvent amplifiés dans leur descendance (effet fondateur). Si les 10% ont survécu à cause d'un certain comportement (face à la maladie) ayant une base génétique, alors ce comportement et ses gènes associés sont d'un seul coup amplifiés dans la population descendante.

[A voir en vidéo sur Futura]

[invite14397db8]

Au passge, je crois qu'on m'a dit à un cours de génétique, que l'hypothèse inverse est envisagée: à savoir que les rétrovirus seraient dérivés de portion de génome devenues capables de passer de cellule en cellule (un über-transposon en somme ).
Mais je dis de mémoire, si quelqu'un a des publi sur le sujet

[invitec0b62935]

Au passge, je crois qu'on m'a dit à un cours de génétique, que l'hypothèse inverse est envisagée: à savoir que les rétrovirus seraient dérivés de portion de génome devenues capables de passer de cellule en cellule (un über-transposon en somme ).
Mais je dis de mémoire, si quelqu'un a des publi sur le sujet

Un retrovirus, c´est essentiellement trois genes gag-pol-env, gag etant une proteine dite structurale, pol portant l´activite reverse transcriptase + integrase et env etant une proteine de fusion permettant au virus d´entrer et de sortir des cellules. Si un retrovirus perd le gene env; il devient donc "prisonnier" de la cellule dans laquelle il se trouve et on obtient donc un objet capable de se multiplier et de s'integrer a divers endroits du genomes, tout en etant transmis aux cellules-filles lors de la division cellulaire --> C´est devenu un retrotransposon. A l´inverse, si un retrotransposon avec gag-pol "capture" un gene codant pour une proteine d´enveloppe, il devient capable de se propager de cellules a cellules et devient donc un retrovirus. Le passage de l´un a l´autre est sans doute "relativement" courant a l´echelle de l´evolution.

[invite8915d466]

Le transfert horizontal d'informations génétiques est en effet fréquent dans la nature. La "championne" de cette "évolution symbiotique" est la biologiste Lynn Margulis.

Ton hypothèse me paraît intéressante, mais je ne me souviens pas avoir lu de travaux en ce sens sur l'évolution humaine. Le "saut" en question (mutation d'insertion liée à une épidémie virale) a de bonnes chances de ne pas être un très grand saut non plus – de concerner le détail d'une fonction de la cellule immunitaire, par exemple.

je precise qu'a priori je ne parlais pas que de l'évolution humaine, mais ça peut aussi la concerner bien sûr.

[invite986312212]

le rôle d'un virus dans l'évolution humaine a été évoqué en ce qui concerne un allèle de résistance au HIV (chercher les mots clé CCR5, delta 32). Cet allèle est relativement répandu en Europe du nord, moins en Europe du sud, et très peu en Afrique. Il pourrait avoir été sélectionné par le virus de la variole car le gène en question est impliqué dans la résistance à la variole, et que les épidémies de variole ont surtout touché l'Europe du nord. Mais on a évoqué aussi la peste (due à une bactérie).

il ne s'agit pas ici d'insertion de matériel génétique viral, mais de sélection comme indiqué par skept.