Bonjour,
Je souhaite ouvrir à nouveau ce type débat sur le forum suite à une discussion que j'ai eu avec une collègue à laquelle je faisais part de mes doutes quant à la possibilité qu'une guerre nucléaire conduise à l'extinction totale de l'espèce humaine, doutes motivés d'ailleurs par certaines des discussions que j'avais suivies sur ce forum il y a 4 ou 5 ans. C'est alors qu'elle a évoqué un "politologue au journal télévisé" qui aurait témoigné du fait que le nombre de bombes dans l'arsenal nucléaire mondial serait 150 supérieur à celui nécessaire pour "détruire la planète".
Puisque ma collègue était incapable de m'en dire plus quant à cette source et que je trouvais la formule franchement exagérée, je me suis mis à la quête d'une source fiable.
Je suis tombé sur cet article de presse daté du mois de mai 2017 : Négociations sur le nucléaire : la nuit de la marmotte se répète à Vienne
On peut y lire ceci :
L'étude de novembre 2013 citée tente d'estimer les conséquences d'un conflit dit régional entre l'Inde et le Pakistan durant lequel 100 têtes nucléaires d'une puissance de 15 kT (la limite haute de la puissance attribuée à la bombe larguée sur Hiroshima) seraient échangées entre les aires urbaines les plus peuplées des deux pays (soit 50 missiles balistiques chacun). Apparemment, d'après des études publiées depuis 2007, principalement par Alan Robock et ses collaborateurs, les études précédentes, datant principalement de la fin des années 1970 et du début des années 1980 (et qui faisait état des conséquences d'un échange total d'au moins 3.000 ogives), avaient sous-estimé les conséquences sur le climat de la poussière soulevée au-dessus de la troposphère et par là, les conséquences de l'hiver nucléaire sur le rendement des terres cultivées. Par conséquent, toujours d'après Robock et collaborateurs, le nombre de victimes potentiels d'une famine généralisée au niveau mondial et de la thésaurisation des récoltes par les pays producteurs nettes pourrait mener à 2 milliards de morts, pour seulement 100 explosions nucléaires de ~15 kT. Ce sont pourtant ce que prévoyaient les études américaines il y a 40 ans avec un échange plusieurs dizaines de fois plus intense avec des bombes nucléaires beaucoup plus puissantes.[...] C’est un ballet permanent entre les cinq Etats signataires du TNP possédant l’arme nucléaire et un groupe d’Etats non nucléaires, de plus en plus surs d’eux, qui en ont assez d’attendre des progrès.
Voyons le contexte : selon diverses sources reconnues de provenances diverses, il y a environ 15.000 armes nucléaires dans le monde, dont 90% aux mains des Etats Unis et de la Russie, des centaines étant déployées et prêtes à être lancées dans les secondes qui suivraient l’ordre. Ce nombre de 15.000 est clairement un progrès par rapport aux 80.000 armes nucléaires qui existaient au sommet de la guerre froide, mais au cours de conférences en 2013 et 2014, la communauté internationale apprit que des modèles scientifiques démontrent qu’une guerre nucléaire avec seulement 100 armes nucléaires lancées sur des villes, suffirait à plonger le monde dans un hiver nucléaire qui pourrait causer 2 milliards de morts et la fin de la civilisation telle que nous la connaissons.
Quand le « progrès » signifie qu’au lieu d’avoir la possibilité de détruire 800 fois l’humanité, « n’avons plus » que le pouvoir de le faire 150 fois, notre sensation de confort s’évapore quelque peu. Et de plus, la communauté des nations devrait être reconnaissante ! [...]
Étant donné que ce rapport, publié par le président de l'International Physicians for the Prevention of Nuclear War, d'abord en avril 2012, puis révisé en novembre 2013 a pour source de nombreuses publications issues d'une seule et même équipe (Toon et al., 2007 ; Robock et al., 2007 ; Helfand, 2007 ; Özdogan et al., 2012 ; Xia et al., 2013), j'aurais voulu avoir votre sentiment par rapport à sa fiabilité (au-delà du coup de gueule par rapport à l'exagération qu'on fait des publications scientifiques en général).
J'ai aussi trouvé cette publication récente (juin 2018), qui pourrait également être la source du soit-disant politologue cité par ma collègue, sur des hypothèses de travail très différentes :
A National Pragmatic Safety Limit for Nuclear Weapon Quantities (Pearce & Denkenberger, 2018)
Cordialement.
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