Bonjour,
Stagiaire en animation nature, je m'intéresse à un domaine que je maîtrise peu: l'herpétologie (étude des Amphibiens et Reptiles).
J'ai dernièrement observé (par beau temps !) plusieurs reptiles, et je me demande si leur présence peut servir d'indicateur écologique (qualité du site, de l'environnement...)
Voilà mes espèces observées:
Lézard vert Lacerta bilineata
Couleuvre à collier Natrix natrix
Vipère péliade Vipera berus
Merci pour vos infos !
Guil'
salut Guil,
concernant la couleuvre à collier, je crains qu'elle n'indique pas grand chose. Pour les autres espèces, il faut voir dans quel région (département) elles ont été vues (par ex, dans la Marne, le lézard vert, c'est le must. Mais si t'es en Ardèche...)
M'enfin, d'une manière générale, il y a mieux comme taxons bio-indicateurs...
Hello
Je suis sur le littoral breton (Côtes d'Armor). Nous sommes assez "pauvres" en reptiles comparé au sud de la France, et même par rapport au sud Bretagne; je pense ausi tout à fait comme toi que cette indication permettra une meilleure information; désolé de ne pas y avoir pensé plus tôt !
Guil'
salut,
la principale menace pour les reptiles, c'est la destruction de leur habitat..
..le fait que tu trouves la Vipère péliade sur ton site, ça montre qu'il est relativement bien préservé. Dès qu'on modifie les conditions d'un milieu où elle est présente, ça va normalement être le premier reptile à payer les pots cassés.
Après, disons que le lézard vert est un peu un degré en dessous. Quant à la couleuvre, c'est la moins difficile de toutes.
Par contre, je connais pas très bien les Côtes d'Armor. Mais bon, plus les espèces vont y être considérées rares, plus leur présence sur ton site sera remarquable.
Et là, le lézard vert approche franchement la limite nord de son aire de répartition... même s'il n'indique pas vraiment grand chose du point de vue qualité de site, ça pourrait quand même être la plus remarquable des trois, vu l'endroit.
Salut,
Les reptiles comme pas mal d'autre groupes peuvent constituer de bon bio-indicateurs. A quelques restrictions près cependant :
Il est assez difficile d'obtenir (selon un protocole simple) des données suffisantes pour ce groupe taxonomique. Leur observation directe reste dépendante de paramètres nombreux comme la météo, les plages horaires favorables, la saison, la température, la bonne acuité de l'observateur… Si tu compares avec les oiseaux c'est un rapport approximatif de 1/3-400 (bien sûr selon l'époque de l'année). En conséquence de quoi tous les éléments recueillis sont intéressants, y compris ceux concernant les espèces "communes" comme la Couleuvre à collier ou le Lézard vivipare, à la condition de prévoir des modalités pertinentes sur les fiches de terrain.
Une autre limite passe aussi par le faible nombre d'espèces présentes en France.
L'évaluation d'un milieu me paraît plus "réaliste" en croisant les données obtenues sur plusieurs groupes, par ex. entomo, avifaune, reptiles, chiroptères…, (un maximum de groupes si les compétences sont disponibles au niveau local) et surtout une caractérisation préalable des habitats (approche phytosociologique). Évidemment ce n'est plus la même charge de travail !
Reste aussi le problème de l'échelle spatiale sur laquelle tu veux travailler. Les reptiles seront de bien meilleurs indicateurs à l'échelle de micro-habitats que sur de vastes districts, plus hétérogènes, où oiseaux et chiroptères me paraissent certainement mieux adaptés.
Enfin pour déterminer ces bio-indicateurs il conviendrait d'intégrer une hiérarchisation spécifique, qui bien entendu variera selon la localisation géographique : Une espèce, un groupe d'espèces ou même un habitat pourront être considérés bons indicateurs selon leur statut, éventuellement particulier, soit :
* "Sensibilité" intrinsèque du taxon au plan local, national ou européen (directives européennes, listes rouges …)
* Aspects quantitatifs
* Limite d'aire de répartition, espèces en sympatrie
* Dynamique, fragmentation des populations
* …/…
Pour ce qui concerne Lacerta bilineata il me semble que des hiatus dans sa distribution connue subsistent en Bretagne, notamment dans le centre-nord. Au plan national, cette espèce pourtant thermiquement "peu exigeante" est localement en déclin, surtout vers le Nord de son aire de répartition (destruction et/ou fragmentation des habitats pour l'essentiel)
@+
Bufo v
Hello
Merci pour ces conseils très intéressants.
La météo en effet est un des facteurs "clés" je dirais, en ce moment; car les reptiles ne pointent plus le bout de leur langue le long des chemins depuis ces derniers jours (très pluvieux).
Ajoute à celà un regain de fréquentation pour l'arrière lande sur mon site, ce qui fait que je n'ai hélas pas recroisé de reptiles dernièrement.
J'ai une autre question: ma couleuvre à collier était un individu mélanique. Quelle est le taux d'individus mélaniques chez les couleuvres à collier ?
@+
Guil'
Hello Guil,
Sympa comme observations.
Si tu veux faciliter les obs de reptiles, tu peux utiliser un système que j'ai vu à Chizé (tu peux contacter l'équipe du centre de recherche, je pense qu'ils pourront te donner de bons conseils): placer des plaques de tôle onulée, sous lesquelles les reptiles viendront se placer douillettement (après yapluka soulever la plaque rapidement et regarder ce qu'il y a dessous). (bon évidemment c'est pas très joli, mais ça marche bien dès qu'il y a un peu de soleil).
K.oluber
Nomina si nescis, perit et cognito rerum.
Salut Kinette
En effet c'est assez efficace. Mais ! (y en a toujours un) ces plaques se font facilement carotter par les petits bricoleurs locaux, et c'est assez cher à l'achat !Envoyé par kinette
Après pour les relevés il conviendra aussi de tenir compte de l'heure et de la saison, de l'ensoleillement direct ou non de la plaque. Trop froid pas bon ... et trop chaud non plus !
(Il est d'ailleurs intéressant de placer sous la plaque une "pastille" d'indication ou d'enregistrement de la température afin d'optimiser les tournées)
Enfin les diverses espèces fréquentent les dessous de plaques de manière assez inégale.
@+
Bufo v
Hello
Merci Kinette pour l'idée ! C'est dommage que mon stage se termine; sinon j'aurais pu monter ce petit protocole.
Les infos sont bonnes à reprendre en tout cas !
PS: je l'ai vu faire en plus une fois pour les orvets sur une île il y a deux ans, en effet Bufo v si un p'tit malin passe, adieu l'installation ! Mais sur cette île, c'était assez tranquille
