Quand protéger l’Amazonie et les petits paysans mène à la mort
La missionnaire de 74 ans naturalisée brésilienne Dorothy STANG a été assassinée le 12 février 2005. Elle avait mis en place un projet de développement durable sur 120 000 hectares dans l’état du Para au Brésil. Ce projet permettait aux familles de paysans sans terres de cultiver des lopins de terre tout en participant à la préservation de la forêt amazonienne, notamment par la plantation d’espèces végétales menacées.
Mais ces terres sont revendiquées par les fazendeiros, les grands propriétaires terriens brésiliens. Francisco Alberto de CASTRO, propriétaire 3.000 hectares de terre et Directeur régional de la Fédération d'agriculture et d'élevage de l'Etat du Para et du syndicat des éleveurs de bovins a déclaré: "Il faudrait vivre de la cueillette comme les indiens. Cela n'a pas de sens. De plus, le paysan n'est pas propriétaire. C'est le communisme (…) Dorothy STANG n’est pas une sainte et est responsable de sa propre mort pour son soutien aux paysans sans terres", s'indigne-t-il avant d’ajouter en s’en prenant à la politique du Président brésilien LULA : « Pourquoi créer des réserves écologiques ? »
Selon le journal Estadao de Sao Paulo, 2000 soldats ont été mobilisés dans l’état du para et les tueurs à gage responsables du crime (Rayfran das Neves Sales dit Fogoió, et Uilquelano de Souza Pinto, connu sous le nom d’ Eduardo) ont été arrêtés. Reste à retrouver ceux qui les ont payé pour commettre cet acte odieux. Deux syndicalistes ainsi qu’un paysan sans terre ont également été assassinés.
Pour mémoire, la zoologiste Dian FOSSEY, qui passa 22 années de sa vie au Rwanda à étudier le comportement et l’écologie des gorilles des montagnes, a subit le même sort : En 1985 elle fut trouvée assassinée à son terrain de camping. Elle était très engagée dans un combat pour arrêter le braconnage des gorilles et autres animaux en Afrique. Grâce à son amour de la nature et à son engagement, les gorilles de montagne sont maintenant protégés au niveau national et international. Wangari MAATHAI, Prix Nobel de la paix 2004 et fondatrice du Mouvement de la Ceinture Verte a également reçu des menaces de mort pour son combat contre la déforestation au kenya. Le succès du programme lancé par la Kenyane est tel qu’il s’étend dans d’autres pays d’Afrique comme la Tanzanie, l’Ouganda, le Malawi, le Lesotho, l’Ethiopie ou le Zimbabwe. Elle déclare aux Courriers de l’UNESCO : « Si nous voulons sauvegarder la nature, commençons par protéger les êtres humains (…). Pour beaucoup de dirigeants de la planète, le développement continue malheureusement de signifier culture extensive de denrées agricoles exportables, barrages hydroélectriques ruineux, hôtels, supermarchés et produits de luxe, qui contribuent au pillage des ressources naturelles. C’est une politique à courte vue qui ne répond pas aux besoins essentiels des gens: une alimentation suffisante, de l’eau potable, un toit, des hôpitaux de proximité, de l’information et la liberté (…) La paix sur Terre dépend de notre capacité à protéger notre environnement vivant ». Puissent ces paroles être entendues par les fazendeiros du Brésil. Chaque année, entre 14 à 16 millions d'hectares de forêts tropicales sont détruites et converties à d'autres fins, principalement agricoles.
Par Tenacatita
Pour en savoir plus sur le lien entre Démocratie, Paix et Environnement :
UNESCO - Wangari MAATHAI– Aux arbres citoyens ! http://www.unesco.org/courier/1999_12/fr/dires/txt1.htm
Question : A votre avis protéger l’environnement, est-ce protéger l’homme ?
Attention, conformément à la charte du forum, je ne souhaite pas que le débat s’oriente vers des débats de politique politicienne mais qu’il soit plutôt centré sur une réflexion scientifique et sociologique sur la place de l’homme dans la biosphère.
-----