Critères de choix Energie / Société
Différents sujets de la rubrique "Environnement & Ecologie" abordent les choix énergétiques, c'est notamment le cas de "Chauffage électrique".
Des avis contraires s'y expriment, basés sur des critères auxquels chacun n'accorde pas la même valeur.
Il me semble donc utile de traiter des critères de choix que doivent faite nos sociétés dans le domaine énergétique.
Ces critères peuvent-ils se déduire de façon linéaire de notre passé récent (du début du siècle dernier à nos jours par exemple) ?
Je ne le crois pas car bien des paramètres ont changé.
Les questions d'ozone atmosphérique (cet ozone qui nous protège des UV autant que l'ozone de basse altitude produit par la pollution), les questions de GES, de graves pollutions de certaines zones maritimes, de perspectives de montée importante du prix du pétrole ou de diminution importante et généralisée des stocks de poisson, de disparition accélérée d'espèces .... et bien d'autres sujets pèsent lourdement sur notre devenir, bien plus lourdement que jamais.
Sans savoir exactement où nous mènent ces évolutions inquiétantes nous pouvons supposer qu'elle ne nous conduiront pas vers des améliorations de l'état de notre biosphère, lequel état aura des conséquences importantes, voire dramatiques, sur nos conditions de vie.
Or toutes ces évolutions inquiétantes sont imputables à nos conditions de vie, et plus généralement à la façon que nous avons de nous imaginer certaines formes de confort et de "bonheur", ou à la vision que nous avons des "bonnes pratiques" pour faire ceci ou cela.
Illustrons cette question des "bonnes pratiques" par un échange tiré de la discussion sur le "Chauffage électrique" :
Envoyé par jc_mSi l'on considère qu'il serait indispensable de réduire de façon importante les émissions de GES dues aux transports dans les plus brefs délais et que la pratique des flux tendus constitue l'une des sources importantes de transports par camions, que ces flux tendus ne s'accommoderaient pas du ferroutage, on en déduira que ces flux tendus sont une pratique néfaste du point de vue des GES (entre autre nuisances que génère le transport routier massif par camions).Envoyé par wizz
Signalons au passage que rien ne s'oppose a priori à ce que plus d'entreprises pratiquent les flux tendus et donc rien ne s'oppose a priori à ce que le nombre de camions croisse encore sur nos routes, puisque c'est "le marché" qui régit cet effectif.
C'est en substance ce qu'illustre la réponse de r1777 :
Flux tendus et hyper-centralisation des productions, importations lointaines de denrées périssables non indispensables et bien d'autres activités auxquelles se livrent des entreprises peuvent donc être considérées comme de "mauvaises pratiques" selon plusieurs critères (surconsommation d'énergie, pollutions diverses ...).Envoyé par R17777
Or un certain nombre d'études prospectives nous indiquent une probable impossibilité de continuer à agir comme nous le faisons aujourd'hui : augmentation forte du prix du pétrole, des émissions de GES que nous devrions réduire etc ...
Que se passer-t-il si le baril coûte soudainement bien plus cher ?
Impossibilité de se déplacer et de travailler (et de se chauffer correctement) pour beaucoup de monde, agriculteurs (prix des engrais et des carburants), camionneurs et pêcheurs dans les rues pour demander des aides que l'état ne pourra peut-être même plus fournir, industries en faillite ...
Voici un critère à prendre en compte pour établir des choix de société dans le domaine énergétique.
Ici le critère n'est plus "les entreprises veulent ceci ou cela qui leur est indispensable (flux tendus et camions par exemple)" mais "que faire pour que les entreprises puissent continuer à remplir leur vocation si tel ou tel phénomène qui n'est pas improbable se produit (moins de flux tendus et ferroutage par exemple)" ?
Les équilibres de nos sociétés sont assez fragiles : quels sont les seuils de rupture ?
Pourrions-nous modifier ces équilibres afin d'en reculer le seuil de rupture ?
Il me semble donc que les critères qui permettraient de définir ce que nous devrions faire dès aujourd'hui sont assez éloignés de ceux que nous pouvions encore utiliser hier, et qu'ils doivent tenir compte de paramètres qui définiront des points d'inflexion, d'où la non linéarité que j'évoquais au début.
Les tensions croissantes sur les marchés du pétrole et des matières premières, qui n'esquissent pas une tendance à l'assouplissement, ainsi que bien d'autres indicateurs devraient nous inciter à réviser nos "bonnes pratiques" du jour ...
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