A priori non, aucun problème démographique dans le monde "moyenâgeux", enfin, ce qu'il en reste. Quelle partie du monde n'est pas touché par la mécanisation notamment??? Par capillarité (tourisme, délocalisation, diaspora, aide humanitaire....), les bidonvilles les plus sinistres des pays du quart monde sont influencés dans leur mode de vie par celui des plus riches occidentaux.
En terme de consommation de ressources, pas seulement agricoles mais générale, la France aussi est largement surpeuplée pour son train de vie. Notamment énergétique (et ça concerne la bouffe au premier chef vu les passerelles entres ces deux pôles de consommation de ressources).
Certes, il y a des endroits ou on cumule faim et faible contrôle des naissance, mais c'est pas forcément ces gens qui vivent le plus au dessus de leur moyen en terme de ressource par habitant.
Les cimetières, c'est peanuts, certes. Par contre, quelle quantité de phosphore perdue dans nos déjections, celle de nos animaux et dans nos déchets? Si on récupérait tout ça efficacement pour l'agriculture ça donnerait quoi comme économies sur les gisements de phosphates? Parce que, d'après ce que j'ai compris du cycle du phosphore, les déjections animales (dont humaines) sont un vecteur important. Avec un calcul rapide on voit que la production de phosphate annuelle dans les selles humaines représente 12% de l'extraction mondiale dans les gisement. Et si on considère la quantité de protéine végétale qu'un boeuf doit ingérer pour produire le kg de steack qu'on mangera, on suppose qu'il y a pas mal à récupérer dans leurs selles (et c'est déjà en partie fait) avant que le boeuf ne finisse dans nos toilettes...
Pour ce qui est de la redistribution, effectivement, c'est aussi simple que inapplicable à nos sociétés telles qu'elles sont. En gros, ça revient à dire que toutes les matières organiques produites par une terre doivent lui revenir, ou l'équivalent. Si on ne veut pas des chaines logistiques très énergivores, qui sont une impasse également, c'est antinomique avec la spécialisation des territoires: sur qqs hectares on travaille, sur qq hectares on stock nos déchets et achemines nos déjections déjà lessivées par l'eau, sur qqs hectares on dort et on a nos loisirs, sur qqs hectares on produit des céréales, sur qqs hectares on produit du bétail..........
Cette organisation est liée à la mécanisation qui a réduit les distance et libéré les hommes du travail de la terre. Le résultat c'est qu'on peut bouffer des agneaux de nouvelle-zélande là où on bouffait des agneaux qui venaient tout au plus de qq dizaines de kilomètre il y a moins d'un siècle. Et oui, cette organisation touche l'Afrique, qui est largement urbanisé, dont l'activité économique (agriculture comprise) est en bonne partie liée à nos besoins.
Par contre, non, c'est pas cela qui induit une hausse de la natalité. Par contre, ça peut induire une baisse de la mortalité qui nécéssite une adaptation de la natalité. Comme on l'a connu sur le siècle dernier.
Quand il était impensable de faire faire aux matières courantes des milliers de km, on avait une utilisation beaucoup plus locale des matières et un potentiel de recyclage bcp plus important. Même si on fait du joli compost avec nos déjections et déchets, on va pas l'envoyer en collisimo en nouvelle zélande pour "compenser" l'agneau qu'on à bouffé à Pâques, c'est impensable. Et pourtant, c'est bien ce problème qu'il faut solutionner. Et personnellement, vu le défit énergétique qu'on a par ailleurs, il me parait plus logique de travailler en amont, sur l'organisation des territoires et les flux. Il ne s'agit pas de renvoyer tout le monde à vivre avec son potager, son champ, son pré, sa basse cour et sa vache. Il s'agit de voir comment on essaye de produire une société de notre époque et tenant compte de ces enjeux vitaux. On a plus les intrants pour faire du "hors sol" tant au niveau agricole qu'énergétique ... et donc au niveau sociétal.
Non, je dis que les intrants et la mécanisation permettent de décorréler le niveau de ressources vivrières locale de la population. ça peut se traduire par une hausse de population qui ne se régule pas par la famine, ça peut aussi se traduire par de l'urbanisation ou de l'artificialisation des sols en zones densément peuplées. Par extension, à l'échelle du monde, ça permet de faire des gosses VIABLES sans avoir les moyens de les nourrir localement. ça permet aussi, et c'est une autre façon d'abaisser le potentiel vivrier local, de ne pas recycler les nutriments.
Oui enfin c'est plus compliqué que ça. On ne produit pas pour faire des gosses, certes! Par contre, on produit plus en global pour cause d'extension du régime carné, d’accroissement des besoins de certaines populations (ça concerne les obèses comme ceux qui mangent pour deux pour être des athlètes à la force "inutile"), parce qu'on gaspille plus, parce qu'on est subventionné à la production, parce qu'on se doit de croître...
ça c'est pour la production en quantitatif, pour ce qui est du rendement à l'hectare, c'est probablement à aller chercher du côté de la baisse relative du coût des denrées alimentaire, de la nécessité de produire vite de la viande (et donc de lui fournir de l'alimentation riche), de la pression foncière...
Néanmoins, ça n'enlève rien au fait que beaucoup de gosses ne bouffent pas assez, d'autre mal, d'autre trop. Le lien entre production "quantitative" et "qualitative" et les besoins physiologiques de la population (pas ceux du marché hein) est loin d'être un simple lien de cause à effet, quelque soit le sens....
Le fait est qu'aucune des deux ne sait DURABLEMENT nourrir la population telle que le monde tourne actuellement. Dire que l'agriculture conventionnelle est viable parce qu'on a pas fini de vider les réserves de phosphates reviens à dire que l'agriculture bio l'est aussi, pour peu qu'on se donne la peine de faire pousser du compost conventionnel à base des ces même phosphates. On pourrait aussi cultiver bio sur des parcelle déforestée et planter de la forêt conventionnelle avec intrants sur les terres laissée à l'abandon. C'est absurde mais ça marcherait un temps, pour le moment.
Mon point de vue c'est que cette société est organisée pour consommer des ressources et les rentre impropres à la consommation, globalement. Quelque soit les ressources, quelque soit la taille des gisement, ça tend forcément vers toujours plus de problème de déchets et d'approvisionnement en ressource.
Alors, on peut dire qu'on doit faire avec cette société et trouver la potion magique pour transformer un puits sans fond en mare au canard. Mais mon sentiment c'est qu'il vaut mieux renoncer à combler le puits sans fond et creuser une mare. Est-ce que c'est simple? non, c'est le même genre de problème (et d'ailleurs pour partie les mêmes solutions) que pour l'énergie et le changement climatique.
Se dire qu'on garde la société qu'on a et qu'on doit se préparer à fonctionner avec bcp moins d'intrants c'est comme garder le principe de la voiture individuelle mais ne pas vouloir consommer d'énergie ou presque. A un moment, faire 50km par jour en moyenne avec 800kg de véhicule, ça ne se fait pas avec 100L de gasoil par an. Peu importe la technologie.
Pour moi, parler de changement de société, c'est pas des plans sur la comète, c'est la recherche d'une solution crédible.
Et quand on dit "on peut rien faire avec cette démographie", il faut voir que l'activité actuelle des gens est de consommer des ressources. Si on occupe les gens à recycler ou économiser des ressources, ça change les choses.
Par exemple, qqun qui se divertit en faisant son potager n'a pas tout à fait le même impact que qqun qui s'amuse avec des gadgets technologiques renouvellés tous les 6 mois ou un tapis de course électrique au bord de sa piscine et sur sa terrasse dont la surface et la consommation d'eau sont équivalentes au potager... Est-ce que c'est moyenâgeux de dire qu'on à plus le droit à toute la panoplie des iProut et qu'on doit un peu bouger son cul pour manger?
Et après, si on suppose qu'on peut par exemple faire ses crackers sur ses 3 heures de télé quotidienne pour économiser de l'huile de palme et ses artères et ne manger de la banane ou de l'ananas que très rarement, est-ce qu'on ne règle pas une partie de la question alimentaire dans les pays du sud?
Notre société se comporte comme un trou noir, chercher comment la nourrir durablement à satiété est une hérésie au regard de la physique. Si on la réorganise comme dans les années 50 (donc après Einstein quand même!) et qu'on capitalise sur les acquis technologique et de l'expérience, il me semble qu'on peut vivre très confortablement avec un niveau de pression sur le milieu largement amoindri. Il n'est pas question de moyen age, juste, pour les 30-40 ans, de vivre comme on vécu leurs parents pendant leur enfance mais avec plus de technologie, notamment de communication.
Pour les pays du sud, évidemment, c'est à décliner différemment, mais l'idée reste la même: vivre avec son temps et en accord avec ses ressources... Et qu'on ne vienne pas me parler d'espérance de vie. Il y a largement de quoi gratter dans les loisirs (télé notamment) et les temps de trajet en bagnole pour dégager du temps pour faire plus de choses qui préservent les ressources. ça nous rammène à des vieux problèmes déjà déconcés dans les années 68 où on avait par exemple calculé que le temps passé à payer sa voiture la rendait finalement plus lente que le vélo. Maintenant, du fait que les voitures sont plus accessibles (délocalisations entre autres) et qu'on fait des trajets plus péri-urbains que urbain (étalement) la voiture est un poil plus rapide que le vélo tout compris, mais bon, ça reste une organisation sociétale stupide. On a le même genre de paradoxes pour la bouffe.
Vincent
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