Tu as du mal comprendre car l'usage dont je fais référence depuis le début est surtout dans le langage, il est est social. D'ailleurs, plus haut j'ai bien explicitement fait référence aux "jeux de langage " de Wittgenstein.
Sorry mais je dois me citer:
"Ces situations particulières d'usage conventionnel des mots, Wittgenstein appelle cela les "jeux de langage"; un peu comme pour l'enfant qui joue, le baton de bois est son épée..."
L'usage que nous faisons de toute chose est inconsciemment réglementé par le langage, des normes silencieuses, des cadres dans lesquels nous effectuons nos actes.
Pour l'exemple de la "table"; le fait de manger à table, est bien un acte social, par lequel nous nous distingusons de l'animal. L'homme mange à table avec des couverts, les animaux mangenr par terre, dans leur gamelles.
On peut de cette façon te donner quelques exemples d'usage du mot rouge: "Donne moi mon pul rouge", "je vois rouge"... Sans la reconnaissance de l'usage conventionnel, tu ne saurais pas distinguer le fait que l'un est littéral (donne le pulover rouge), l'autre est métaphorique (je suis fâché). Pourquoi? Car rien dans la syntaxe ne permet de savoir qu'il faut la prendre au pied de la lettre ou au second degré.
Cela étant, il m'est impossible de parler de la même façon pour l'expérience mentale que j'ai du rouge car celle-ci n'est pas identifiable au type auquel envoie le mot "rouge". Pourquoi? Car il peut arriver qu'il y ait un phénomène de dissociation entre l'expérience mentale et le concept auquel elle se rattache.
Or, tu me demandes l'usage du "rouge" en tant qu'expérience mentale (pas la mot), mais cette question là n'a pas de sens car il se peut que mon expérience du rouge soit différente de la tienne. En effet, il se pourrait que pour le même type "rouge", j'aie une expérience mentale telle que mon spectre soit inversé alors que toi tu aies l'expérience "normale". Si tu me demandes le "pulover rouge", je te le donnerai, même si pour ce que nous appelons "rouge" nous voyons des choses différentes.
Ainsi, il est impossible de la communiquer le contenu de mon expérience mentale, ce n'est pas "ce dont je fais usage" mais "ce qui m'apparait". Par contre le concept "rouge", cela je peux en parler, c'est "ce dont je fais usage".
Ainsi,
Je partage à 100% cet avis. D'ailleurs, toutes les autres théories ont échoué jusqu'à présent. Pour n'en citer qu'une: les recherches aux USA sur la "grammaire universelle" (cfr. Noam Chomsky...) réalisées dans les années 70-80 ont abouti sur un échec lamentable. En effet, la théorie de la "grammaire universelle" étaient ne permettaient pas d'expliquer et était en contradiction avec la façon dont l'enfant apprend le langage.
Mais dans ce cas, la question était bien celle de la définition d'une table, donc "comment le mot s'accorde t'il avec l'expérience mentale de la table?". On avait soulevé le fait qu'il y avait des idées prototypiques des choses qui entraient en compte lors de la reconnaissance. Et on pouvait argumenter du fait que c'était insuffisant sans l'usage, a moins que l'usage fasse partie de cette idée prototypique. Dans tous les cas l'usage est nécessaire.
En faisant intervenir l'usage conventionnel (et donc en reconnaissant les conditions de possibilité pour que l'usage soit possible), on peut comprendre comment on reconnait la table comme telle, mais si on s'y refuse, l'entreprise devient plus que difficile (cfr. les expériences en sciences cognitives).
Il devient alors difficile de définir dans l'énoncé "connaître ses tables" si:
- "tables" = présentation méthodique des multiplications sous forme de liste...
- "tables" = les meubles d'un restaurant désigné par le serveur et qui, par méthonymie, renvoient aux clients....
Dans ce cas, comprendre la phrase nécessite une contextualisation, c'est à dire de reconnaitre l'usage conventionnel qui convient.
Derniere exemple: en montagne, il m'est arrivé d'utiliser comme table une grosse pierre qui n'avait pas la morphologie type de la table de cuisine (pas plane, pas horizontale, pas de pieds...). Mais c'était bien notre table à manger car nous mangions dessus. Il s'agit bien d'un "jeux de langage" par lequel nous disons "ceci est la table sur laquelle nous allons manger". Et c'est ainsi que nous avons fait. Encore une fois, si on enlève l'usage, il devient difficile d'expliquer ces faits.
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