Bonjour,
je vais prendre un sophisme que Sénèque donne en exemple dans une de ses Lettres à Lucilius :
« Un rat est une syllabe, or une syllabe ne mange pas de blé, donc un rat ne mange pas de blé »
De nos jours, nous ne voyons plus aucune difficulté à ce sophisme, car nous le corrigeons comme suit :
« << RAT >> est une syllabe, or une syllabe ne mange pas de blé, donc << RAT >> ne mange pas de blé --- mais un rat, éventuellement oui »
(Bien entendu, le sophisme est plus trompeur en latin, car << RAT >> et << un rat >> se disent également "mus", aux guillemets près)
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Que constatons-nous simplement ? Qu'il a suffi d'introduire la notion métalinguistique de "guillemets" pour résoudre l'affaire.
On pourrait aussi considérer le problème du menteur (<< la présente phrase est fausse >>) et introduire une théorie des types...
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Au final, résoudre un problème de logique ne revient-il pas, à chaque fois, à introduire une subtilité supplémentaire dans le formalisme
(c'est-à-dire généralement, une notation qui n'était pas jusque là apparente, comme << X >> qu'on ne distinguait pas encore de X ?)
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Un mot pour conclure :
Dans ses lettres à Lucilius, Sénèque met son ami en garde contre les questions de peu d'intérêt soulevées par les logiciens.
Pour lui, il est plus important de s'intéresser au sens de la vie.
À quoi bon se poser ces questions grammaticales, à croire qu'un livre va manger ses récoltes !
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