Bonjour,
Prendre en considération l'évolution des normes d'isolation, de la performance énergétique, et de leurs aboutissements actuel dans le concept des bâtiments passifs, oblige à revoir l'utilité réelle, la nécessité, et le cas échéant la conception du stockage thermique inter-saisonnier de chaleur solaire.
En effet, il semble qu'à ce jour, le stockage inter-saisonnier de chaleur pour le chauffage d'une habitation n'offre plus aucune utilité s'il n'offre pas la possibilité de dépasser un taux de couverture du chauffage par énergie solaire de 80% sur l'année complète. Ce taux est effectivement à ce jour atteint grâce à des installations de type PSD dans des maisons conçues avec des normes d’isolation de type passif.
Le stockage inter-saisonnier n'a donc aujourd'hui de sens que s'il permet d'aider à se passer complètement de tout apport d'énergie complémentaire, c'est à dire de couvrir 100% des besoins de chauffage grâce au rayonnement solaire. Un vrai défi!
Le projet Sebasol de M. Jaquier, 187 m² habitables en Suisse, 15m2 de capteurs solaire, et aucun stockage thermique autre qu'un ballon tampon de 1600 litres chargé en outre de la production de l'eau chaude sanitaire, suffit à ce taux de couverture de 80% en faisant usage d'un chauffage par le sol dont le principe est de conserver en permanence une température de dalle proche de 20°C . Ce qui suffit à maintenir le bâtiment à la température de consigne. Les 20% d'énergie restant sont fournis par un poêle bouilleur à bois de 10kW, raccordé au ballon tampon. La consommation d'énergie annuelle résiduelle pour le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire est de 0,71 stère de bois.
Le mérite, et non des moindres, d'une telle installation est aussi sa relative simplicité.
Si une telle réalisation était généralisée à tout le territoire suisse et sa population, ces 0,71 stère, qui profitent à une famille de 4 personnes, pourraient être fournis par la forêt suisse à elle seule,
http://forums.futura-sciences.com/at...er-sebasol.jpg
Plus d'information chez Sebasol ici: http://sebasol.ch/realisations.aspx?id=1078&r=&edit=
et ici sur Futura Science: http://forums.futura-sciences.com/ha...inertie-2.html
Un stockage inter-saisonnier complémentaire, dans le meilleur des cas ne permettait donc que d'économiser ces 0,71 stère de bois, tout au plus (et encore, il est fort peu probable qu'il soit capable de produire l'eau chaude sanitaire).
Un stockage inter saisonnier, on s'en rend compte à la lecture de cet exemple, perd quasiment complètement son utilité au niveau purement économique. Il reste par contre très valable, et peut être bien même important, de s'affranchir de toute énergie autre que solaire (ou renouvelable hors biomasse) pour le chauffage, et de pouvoir ainsi conserver la biomasse à ses usages les plus nobles: le bois d'oeuvre et le retour à la terre qu'elle enrichi et améliore notamment en terme d'humus. Brûler de la biomasse ce n'est pas idéal du tout si cela se généralise.
D'autre part ces 20% à combler sont justement les 20% les plus questionnant dans la problématique des énergies renouvelables. Le stockage des énergies renouvelables est le grand défi du temps présent et à venir. Il n'est donc pas inutile, même pour 0,71 stères de bois, de continuer à envisager ce type de solution, mais en percevant bien le cadre, très étroit, de son application.
Un stockage inter-saisonnier qui permettrait d'économiser 30, 40, 50 et même 80% de l’énergie nécessaire au chauffage, n'a tout simplement plus aucun intérêt aujourd'hui, et est donc à considérer comme un type de projet dés à présent dépassé, mort né. Il doit viser au-delà des 80% d'autonomie.
Ceci bien compris, de nouvelles perspectives s'ouvrent aussi en termes de possibilités de tels stockages . Elles découlent justement elles aussi directement de ces nouvelles logiques de performances thermiques et énergétiques.
Dans la mesure ou il suffit, dans le cadre d'une habitation isolée selon les meilleurs termes à ce jour, de maintenir à 20°C les sols de l'habitation, un stockage inter-saisonnier peut se permettre de travailler à vraiment très basse température, ce qui rend les capteurs solaires particulièrement efficaces, et limite très fortement les pertes du stock. En outre, il ne doit plus concerner que 20% de l'énergie annuelle, elle même déjà très limitée, nécessaire au chauffage.
Dans ce cadre, un stockage par exemple directement dans le sol sous l'habitation (comme par exemple pour le tunnel à galets) (re)trouve un certain intérêt, sinon un intérêt certain. Il suffirait de s'assurer que ce sol conserve à sa surface, côté intérieur de l'habitation, une température constante d'environ 20°C toute l'année, alors qu'il est déjà à une bonne dizaine de façon naturelle en profondeur, pour parvenir à l'autonomie totale. Activer ce sous sol, gratuitement à disposition, serait un défi fort intéressant à relever.
Mais, au risque de me répéter, le jeu n'en vaut la chandelle qu'en visant l'autonomie complète.
Si une telle recherche intéresse quelques uns par ici, je serais heureux qu'un échange fructueux s'établisse.
J'étudie depuis quelques mois la faisabilité d'un tel stockage pour trois bâtiments, dont deux à rénover complètement (une maison existante et une étable à transformer en maison neuve ) et un à reconstruire (un atelier/bureau).
Au plaisir de vous lire
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