Bonjour à tous,
Après avoir lu de nombreux posts sur ce forum en tant que visiteur, je me décide à ouvrir une discussion.
Je suis en train de prévoir la rénovation d'une bâtisse du 15ème siècle en "pierres dorées" dans le Beaujolais (pierres calcaires avec mortier de chaux). Pas d'isolation par l'extérieur possible (zone ABF, bâtiment à forte valeur patrimoniale, interdiction de toucher aux façades si ce n'est le remplacement des menuiseries).
J'ai lu de nombreux articles et documents sur le sujet de l'isolation et des risques de condensation, des études (Hygroba), aux articles du blog Ubakus en passant par les articles et vidéos de Claude Lefrançois et les fiches techniques des fabriquants. J'ai aussi discuté avec les artisans que je consulte pour ces travaux d'isolation.
Et j'ai été très perturbé par le décalage entre :
- ce que j'ai lu sur internet, via les études et sources ci-dessus qui, dans la grande majorité des cas, préconisent un pare-vapeur dans le cas d'isolation de murs anciens pour éviter la condensation. Avec même le conseil d'avoir un sd à l'intérieur 5 fois plus élevé que celui de l'extérieur.
- les discussions que j'ai eu avec 4 artisans différents (tous recommandés avec une excellente réputation des des années dans le métier), qui me regardent avec des grands yeux quand je leur explique que j'envisage un pare-vapeur pour éviter la condensation dans la paroi. Leur réponse "arrêtez de regarder les bêtises d'internet et faites confiance aux professionnels qui ont 20 ans d'expérience dans la rénovation de maisons en pierre dorées et qui n'ont jamais posé de pare-vapeur, sans jamais aucun problème".
Donc :
- ces artisans ne veulent pas poser le pare-vapeur en rénovation, trop compliqué,
- je lis qu'il faut un pare-vapeur, mais que si il y a le moindre de trou c'est la cata et c'est pire
- mais si je ne le fais pas, je cours à la catastrophe comme l'indiquent les simulations ubakus.com
Justement à force d'explorer le site ubakus.com, je me suis rendu compte qu'il existe des articles indiquant notamment que la méthode de calcul est très simplifiée et, de l'aveu même d'ubakus.com, qu'elle est souvent fausse car elle ne tient pas compte des capacités de capillarité des matériaux par exemple. Et qu'au contraire, l'impact du pare-vapeur est surestimé car il ne tient pas compte des "infiltrations de flanc" y compris dans le cas où le pare-vapeur est parfaitement posé. Donc si ubakus.com simule de la condensation, il n'y en a en réalité pas forcément, et il faut creuser via d'autres outils plus précis. Ubakus.com donne notamment l'exemple de la laine de bois dont les propriétés hygroscopiques sont ignorées. Je alors compris que la plupart des calculateurs utilisent la méthode de Glaser, et qu'elle n'est pas forcément pertinente pour des matériaux aux capacités hygroscopiques. Puis je suis tombé sur une étude d'un universitaire Grenoblois, je crois, qui explique qu'en réalité le pare-vapeur est contre-productif, via différentes simulations. De quoi me perdre encore plus !
En relisant l'étude Hygrobat, j'ai noté qu'ils considèrent également qu'un simulateur utilisant la méthode de Glaser ne peut pas être pertinent pour des murs anciens, ils utilisent pour leur part WUFI 2D qui permet d'utiliser une méthode de calcul dynamique, qui tient compte entre autres de la capillarité des matériaux et représente mieux les capacités de séchage des matériaux. Je télécharge donc la version d'essai de WUFI (pas la 2d) et simule de nouveau mon mur (1m20 de mur en pierre, 12cm de laine de bois, placo) et là un équilibre hygroscopique se crée et le taux d'humidité des différents matériaux varie autour du "taux d'humidité de construction" sans empirer. Lorsque j'ajoute un pare-vapeur, il est contreproductif et l'isolant met plus de temps à trouver un équilibre.
Voilà où j'en suis de ma réflexion, complètement perdu entre ces avis contradictoires, et cette dernière simulation qui semble aller dans le sens d'un équilibre cohérent sans pare-vapeur (ce qui m'arrangerait bien, mais je ne suis pas un expert et je ne suis pas sûr d'interpréter correctement les résultats).
J'ai étudié aussi la possibilité d'une lame d'air ventilée, mais pas simple à mettre en place et je perds les capacités de mon mur, mais pourquoi pas.
Qu'en pensez-vous ? Je sais que la question a été posée mille fois et que la plupart du temps la réponse est de mettre un pare-vapeur, mais n'est-ce pas "par sécurité", "au cas où" ? Comment faire quand aucun artisan ne veut le poser (probablement de se voir reprocher la moindre fuite sur un bâtiment complexe à encapsuler dans une membrane) ? N'est-ce pas étonnant que dans la réalité aucun pare-vapeur ne soit jamais posé et que cela fonctionne bien (y compris dans ma maison actuelle rénovée il y a 7 ans sans pare-vapeur). Est-ce que la capacité hygroscopique et la perméance à la vapeur d'eau d'un isolant biosourcé au contact d'un enduit de chaux et d'un mur en pierre et chaux n'est pas suffisante pour évacuer le trop plein de vapeur d'eau et d'éventuelle condensation comme semble le démontrer l'analyse via WUFI ?
Désolé pour ce très long post et ce sujet sûrement pas très passionnant pour la plupart d'entre vous, mais cela fait des jours que j'essaie de comprendre ce décalage de point de vue ! Merci d'avance pour votre avis !
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