Je souhaite apporter ici une base de discussion sur un thème trop longtemps inabordé : la Réduction Des Risques pour les personnes séropositives qui refusent le préservatif. Aides a ainsi mis en place récemment un atelier “RDR” et le sujet est à la une du site seronet dirigé par Olivier Spire. Je suis en couple sérodiscordant et nous ne mettons pas de préservatif, or j’ai appris au mois d’Octobre l’existence d’un rapport établi par un ancien président de la Conférence internationale du sida , le Docteur Bernard Hirschel, qui répond à certaines de mes préocuupations, mais pas à toutes. Par exemple, quelle est la vitesse de remontée de la charge virale en cas d’interruption de traitement.
J’ai appris par ailleurs que ce rapport et ses “soupçons” étaient un secret de polichinelle depuis bien longtemps dans les milieux médicaux. Comment se fait-il que je rencontre autant de séropositifs qui ne soient pas au courant, alors que beaucoup d’entre eux ne mettent pas de préservatifs avec des partenaires pas toujours stables ? Avant d’obtenir certaines réponses, voici l’un des documents que je livre en copié collé, et je dispose des références des publications établies par diverses équipes internationales appuyant le rapport Hirschel.Les militants britanniques : « La preuve scientifique n’est pas complète, donc nous ne pouvons pas suggérer que la transmission, à partir de personnes bien traitées, est impossible. Depuis longtemps nous savons qu’un traitement efficace réduit le risque, mais nous savons également que le taux de virus dans le corps peut augmenter entre les visites médicales. »
* * *
Professeur Bernard Hirschel : « La preuve scientifique restera toujours « incomplète », car il est impossible de prouver l’absence de risque. Si vous savez depuis longtemps qu’un traitement efficace réduit le risque, pourquoi n’avez-vous rien dit ? Parce que, je suppose, la preuve est incomplète. Vous vous enfermez dans une position qui sera difficile à changer, même confronté à des évidences qui convaincraient la plupart des gens. »
D’autres médecins ne sont pas d’accord : « Cette prise de position ne reflète pas ce que pensent la plupart des médecins. »
Pr B. Hirschel : « Est-ce que vous les avez questionnés ? Avez-vous pris la peine de distinguer ce qu’ils disent en privé de ce qu’ils disent en public ? Ce qu’ils disent en public est influencé par l’opinion de leurs collègues et par ce que j’appellerais l’asymétrie dans l’estimation des risques : le déni d’un risque qui finit néanmoins par se manifester met en danger votre carrière, tandis que l’erreur opposée ne porte pas à conséquence. Ce n’est donc pas étonnant que la plupart des médecins, en tout cas quand ils parlent en public, pêchent par un excès de prudence. »
Au sujet de la stabilité de la virémie (quantité de virus dans le sang, encore appelée charge virale plasmatique ou sanguine) : « Nous savons également que le taux de virus dans le corps peut augmenter entre les visites médicales. »
Pr B. Hirschel : « Chaque étudiant qui a passé un examen de médecine le sait : quand la question est « peut », la réponse est « oui ». Presque tout peut arriver en médecine ; mais est-ce probable et important, ou au contraire improbable et sans importance ? La plupart des médecins serait d’accord : si trois mesures successives de la charge virale, couvrant une période d’au moins six mois, sont négatives, et si le patient continue à prendre toutes ses pilules, la probabilité « que le taux de virus dans le corps augmente entre les visites médicales » est petite. Une des raisons pour une telle remontée : la présence d’inflammation génitale secondaire à des maladies sexuellement transmises, comme discuté dans le papier [les articles dans la presse suisse]. »
« Absence de virus dans le sang » ne veut pas dire « absence dans les secrétions génitales » : 5 à 10% (selon certains : jusqu’à 25 %) des personnes dont le virus est indétectable dans le sang vont avoir des taux détectables dans le sperme, les secrétions vaginales et dans le tissu anal. »
Pr B. Hirschel : « Cela est erroné. La meilleure des études, provenant de P. Vernazza à St. Gallen (2), montre du virus détectable chez 2 de 114 individus avec virémie indétectable. Et les deux exceptions sont très intéressantes : le premier ne fut traité que pendant 8 semaines par une combinaison de stavudine, saquinavir et ritonavir, tandis que le deuxième était sous ddI, stavudine et hydroxyurée. Les deux venaient donc de commencer la trithérapie, et ni l’un ni l’autre prenaient une trithérapie considérée comme efficace en 2007. La mesure du virus dans les secrétions vaginales est, elle, difficile ; l’évidence disponible suggère qu’une trithérapie efficace rend la majorité des mesures négatives (3 et 4). Concernant le tissu rectal, voir ci-dessous. »
« D’autres chercheurs ont montré que les charges virales dans les secrétions génitales sont plus élevés que dans le sang et que certains, avec une charge virale sanguine indétectable, ont une charge virale détectable dans leurs secrétions génitales. Taylor a appelé ceux-ci des « super-disséminateurs ». »
Pr B. Hirschel : « Je suppose que ceci est en référence au papier de Taylor publié dans Annals of Internal Medicine (10). Cette recherche fut effectuée au Brésil, où les patients recevaient des bithérapies ou trithérapies. Selon la Figure 1 dans l’article, après 6 mois de traitement, 44% avaient toujours une virémie détectable dans le sang, et 25 % dans le sperme. Ces patients ne recevaient pas de trithérapie considérée efficace en 2007. Donc aucune conclusion ne peut être tirée quant à la présence de virus dans le sperme sous trithérapie efficace. Concernant les « super shedders » : ils n’étaient pas traités. »
« La charge virale indétectable dans le sang n’est pas forcément associée à une charge virale indétectable dans les secrétions sexuelles. Cela est démontré depuis de nombreuses années déjà... »
Pr B. Hirschel : « Il y quelque chose à redire sur « depuis de nombreuses années déjà ». En effet, ces articles sont anciens, et concernent des patients qui reçoivent ou bien aucun traitement, ou bien des traitements démodés. Tous montrent en fait une excellente corrélation entre la virémie, et le taux de virus dans les sécrétion génitales. Voir ci-dessus ainsi que (18). »
-----