Agrégation ou post-doc?

[lafaf]

Bonjour,
Je suis actuellement en troisième année de thèse de physique, et je me pose pas mal de questions... J'hésite pour l'année prochaine à faire un post-doc ou faire 1 an de préparation à l'agrégation. J'ai pu durant ma thèse enseigner 2 ans à la fac et ça ma vraiment beaucoup plu. La recherche m'a intéressé mais moins que l'enseignement. Ce que je n'ai pas trop aimé dans la recherche, c'est tout ce qu'il y a à côté de la recherche pure: écrire des articles, faire des conférences... J'hésite donc à tenter l'agrégation, mais je me dis que ça doit être très différent d'enseigner au collège/lycée qu'à l'université. Je recherche des témoignages de personnes qui ont fait un parcours du style thèse + agrégation car ils ne voulaient pas spécialement continuer en recherche. Est-ce qu'ils regrettent leurs choix, ou au contraire sont très satisfait? Et comment ont-ils vécu l'année de préparation à l'agrégation?
J'aimerai bien être maître de conférences, mais je n'ai pas envie de faire 5 à 10 ans de post-doc, pour au final trouver un post dans une université à Maubeuge (je n'ai rien contre Maubeuge hein, mais c'est pas la ou je rêve de vivre ). Sinon s'il y a des gens qui ont hésité entre passer l'agrégation et faire un post-doc leurs avis m'intéresse aussi!
S'il y a aussi des gens qui peuvent me donner des conseils, je suis preneur
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[Hermillon73]

Bonjour,

Il est assez délicat de vous répondre, mais je vais vous rapporter mon expérience personnelle (en bref) :

- Thèse de physique puis longs post-docs.
- Nouveau départ dans l'enseignement secondaire en Suisse (regardez les pages du DIP Genève si vous êtes mobile, peut-être que d'un seul coup l'agrégation vous intéressera moins...)
- Puis opportunité (chanceuse!) de revenir comme enseignant-chercheur, option que j'ai finalement choisie

Pourquoi? Honnêtement, j'ai beaucoup aimé mes courtes années d'enseignant auprès des ados. C'est évidemment un métier très différent de l'enseignement dans le supérieur, car s'ajoute à l'aspect transmission du savoir un aspect éducatif global qui fait partie intégrante du travail quotidien. Les aspects "sociologiques" sont aussi importants : gestion des "cas sociaux en réinsertion", prise en compte des problèmes familiaux (violence, viol, divorce, suicide), gestion des cas particuliers (maladie, handicaps, hyper-actifs, etc). Ce n'est pas pour vous effrayer, mais un enseignant du secondaire n'est pas dans son petit cocon, mais prend de plein fouet et très vite tous les problèmes sociétaux. Bref, il faut une fibre "assistant social" (pour faire un gros raccourci) et une empathie certaine avec les élèves (des ados en plus!), mais c'est un aspect que personnellement je trouvais intéressant (mais ce ne sera pas le cas de tout le monde, d'où parfois les déceptions de jeunes capétiens/agrégés).

Donc, pourquoi suis-je revenu sur l'enseignement et la recherche : pour le long terme : j'ai vraiment eu peur de l'usure que peut emmener le métier d'enseignant. Encore une fois cela est très individu dépendant : j'ai vu dans la salle des professeurs des quasi retraités absolument passionnés par ce qu'ils faisaient, mais il y a aussi la réalité des profs usés par les années. Usés par l'aspect un peu répétitif (la physique enseignée dans le secondaire n'évolue pas beaucoup au fils des années - si ce n'est pour réduire l'aspect formel au profit d'un vernis culturel me semble t il en France), et usés par les aspects "sociologiques" que je mentionnais plus haut.

Enseignant-chercheur, vous aurez l'opportunité de varier les plaisirs en changeant de cours de temps à autres, de les approfondir (et donc d'apprendre vous même des choses), et bien sûr vous restez connecté sur l'aspect recherche en perpétuel évolution. L'aspect sociologique reste présent pour peu que vous vous intéressiez un minimum à vos étudiants et discutiez un peu avec eux. Mais globalement vous avez devant vous un public privilégié, et la charge "émotionnelle" sera moins forte qu'avec des 12-17 ans, dont certains peuvent vivre des trucs assez moches.

Bref, cela me convenait mieux, mais encore une fois cela est vraiment dépendant d'un individu à l'autre, et reste une expérience personnelle. Donc, point de conseils, si ce n'est : réfléchissez aussi dans une perspective à 10 ans, 20 ans...et à vos gouts et inclinaisons personnelles.

Bon courage pour vos choix à venir,
cordialement.

[Lucas_Levrel]

J'ajouterai que les agrégés sont susceptibles d'enseigner en prépa (bien que les postes se fassent rares en physique il me semble) où l'ambiance est bien différente du second degré.
Il y a aussi des postes dans le supérieur universitaire (dits postes de « PRAG »).

[lafaf]

C'est très difficile pour moi de réfléchir à long terme (10 ou 20 ans). Sur le long terme en effet je pense que le métier d'enseignant chercheur est moins "usant" que le métier de professeur, même si je pense que la pression sur les enseignants chercheurs a beaucoup augmenté ses dernières années. Le métier, je pense, a pas mal évolué: beaucoup plus de charge administrative, beaucoup de projets à écrire pour au final peu de réussite, et donc moins de recherche.

J'ajouterai que les agrégés sont susceptibles d'enseigner en prépa (bien que les postes se fassent rares en physique il me semble) où l'ambiance est bien différente du second degré.
Il y a aussi des postes dans le supérieur universitaire (dits postes de « PRAG »).

Oui je suis au courant des postes disponibles en prépa. En effet si je passe l'agrégation c'est pour essayer d'avoir un poste en prépa. J'ai lu pas mal de fois que la thèse était un plus pour l'attribution d'un tel poste (mais moins significatif que le classement) ce qui pourrait jouer en ma faveur.

Pour les postes de PRAG je pense qu'il ne doit pas y en avoir beaucoup à l'université. Durant mon cursus je n'ai rencontré qu'un seul PRAG et c'était en langues vivantes et non en physique. En plus j'ai entendu dire que lorsqu'il y avait un PRAG, les enseignants-chercheurs prenaient en priorité les cours les plus intéressants, les PRAG étant servis en derniers. De plus je ne suis pas sur qu'a l'avenir les PRAG intéressent beaucoup les universités (mais peut-être que je me trompe). Dans mon université, les enseignants-chercheurs ont déjà du mal à trouver toutes leurs heures, il est difficile d'imaginer le recrutement d'un PRAG, sachant qu'il fait le double d'heures d'enseignements qu'un enseignant-chercheur.

Sinon je me posais une petite question: Dans le cas ou je passe l'agrégation (et la réussi accessoirement...), est-il possible de valider l'année de stage par 1 an d'ATER? Dans ce cas cela me permettrait d'avoir une seconde expérience dans la recherche, tout en étant sûr d'avoir un poste l'année d'après.

[A voir en vidéo sur Futura]

[Lucas_Levrel]

Pour les postes de PRAG je pense qu'il ne doit pas y en avoir beaucoup à l'université. Durant mon cursus je n'ai rencontré qu'un seul PRAG et c'était en langues vivantes et non en physique. En plus j'ai entendu dire que lorsqu'il y avait un PRAG, les enseignants-chercheurs prenaient en priorité les cours les plus intéressants, les PRAG étant servis en derniers. De plus je ne suis pas sur qu'a l'avenir les PRAG intéressent beaucoup les universités (mais peut-être que je me trompe). Dans mon université, les enseignants-chercheurs ont déjà du mal à trouver toutes leurs heures, il est difficile d'imaginer le recrutement d'un PRAG, sachant qu'il fait le double d'heures d'enseignements qu'un enseignant-chercheur.

Et où est ce paradis ? Quand on pense qu'à P7 par exemple les enseignants font des heures sup non payées pour cause de détresse financière de l'établissement...

Pour ce qui est de la priorité, ça dépend uniquement de l'« ambiance » dans l'équipe enseignante.

Sinon je me posais une petite question: Dans le cas ou je passe l'agrégation (et la réussi accessoirement...), est-il possible de valider l'année de stage par 1 an d'ATER? Dans ce cas cela me permettrait d'avoir une seconde expérience dans la recherche, tout en étant sûr d'avoir un poste l'année d'après.

C'est possible légalement, mais j'ignore si ça se fait pour les agrégés déjà docteurs. Il faut que ton académie d'affectation accepte de se passer de toi (comme il y a plutôt excédent de profs de PC, ça ne devrait pas poser de problème).
Ceci dit, ATER c'est trois fois plus d'enseignement que moniteur, ça laisse peu de place à la recherche. Et demi-ATER c'est très mal payé...