De la fac éco à la fac de science, vos avis?

[canismejoris]

Bonjour à tous, et merci d'avance a ceux qui prendront le temps de me lire.

J'ai 21 ans, je suis actuellement en l2 économie gestion.
Après un parcours chaotique et une assez longue période de déscolarisation (j'ai arrêté le lycée en première pour des raisons que je ne citerai pas) j'ai finalement décidé de reprendre les cours, j'ai eu mon bac, j'ai validé ma première année de fac sans trop de soucis et me voilà maintenant en l2.

Depuis mes 11-12 ans, je suis amoureux de l'espace (comme bon nombre d'entre vous je suppose), j'ai passé un temps considérable à me gaver de vulgarisation scientifique et de reportage en tous genres.
J'ai toujours été un élève assez fainéant, les seuls efforts que j'ai fournis pendant ma scolarité étaient consacrés aux quelques seules matières qui me plaisaient
Durant les périodes où je réfléchissais à mon orientation, je n'ai jamais envisagé sérieusement d'étudier la physique, car j'ai toujours cru ne pas avoir le niveau (en math) et ne pas être assez travailleur.
J'ai donc fait un bac stmg (le niveau de math est bas dans cette filière) juste histoire d'avoir un bac sans effort et donc de pouvoir rentrer à la fac économie.
Ma première année de fac m'a permis de me rendre compte que je suis capable d'être très travailleur, et surtout le plus important, que je ne suis finalement pas nul du tout en mathématiques!

Donc après cette première année de fac, les remords sont arrivés.
Pourquoi n'ai-je pas fourni des efforts plus tôt? j'aurais très bien pu me bouger les fesses, faire un bac S, et étudier la physique! j'étais jeune et fainéant, je me mettais des barrières, j'ai été clairement stupide.
J'ai l'impression de rater ma vie, de me vouer à étudier et travailler dans un domaine qui ne me plaît pas spécialement, et à côté de ça, raté la possibilité d'étudier un domaine qui lui, me comblerait littéralement de bonheur
Cette situation me rend très malheureux, toute ma famille me dit que c'est une énorme connerie de me ré-orienter, car j'ai validé une année d'éco et ce serait " tout foutre en l'air" selon eux!

Ma question est la suivante:

Le domaine de l'astro-physique (plus précisement la cosmologie) est il accessible via la faculté? Si je décroche une licence physique et que je pars sur un master spécialisé, ai-je une chance de travailler dans l'astrophysique? ou est-ce reservé aux diplomés d'écoles d'ingé?

Merci d'avance...
-----

[aro31]

tu as un bac S ou un bac ES ? si je comprends bien tu as un bac ES. donc c'est mort, ou plutot cela te demanderait énormément d'efforts.
très clairement l'astro physique c'est un domaine trou de souris et tu pars avec bcp trop de handicaps, et un temps certain de retard (3 ou 4 ans,)

[canismejoris]

J'ai un bac stg (général & technologique), donc encore moins bien adapté pour ce domaine qu'un bac ES..
Quels domaines pourrai-je envisager avec un cursus physique en faculté?

[aro31]

avec un bac STG, tu ne survivras pas à la L1 de physique, qui est en général multidisciplinaire maths/physique/info/méca...

[A voir en vidéo sur Futura]

[canismejoris]

On me disait pareil pour la L1 eco étant donné le faible niveau de mathématique de la filière stg, mais je me suis quand même très bien adapté et j'ai fini avec 14 à mon partielle de math, la licence physique est elle réellement inenvisageable? ou envisageable mais très difficile?

merci pour tes réponses!

[Hermillon73]

Bonsoir,

Le domaine de l'astro-physique (plus précisement la cosmologie) est il accessible via la faculté?

Oui.

Si je décroche une licence physique et que je pars sur un master spécialisé, ai-je une chance de travailler dans l'astrophysique?

A quel type de master pensez-vous?
Avec un master astrophysique seul, non (voir plus bas).
Avec un master pro (microélectronique, électronique, instrumentation, mécanique, informatique...), oui, comme IE (ingénieur d'études) a priori, mais les places sont rares. Et la licence de physique n'est pas le meilleur itinéraire dans ce cas, visez plutôt une licence type "science pour l'ingénieur" avec une coloration dans la spécialisation qui vous intéresse, ou informatique. Cependant cela reste un parcours très très risqué dans votre cas (voir plus bas).

ou est-ce reservé aux diplomés d'écoles d'ingé?

Non.

On me disait pareil pour la L1 eco étant donné le faible niveau de mathématique de la filière stg, mais je me suis quand même très bien adapté et j'ai fini avec 14 à mon partielle de math [...]

D'abord félicitation. Ensuite, il est strictement impossible de vous répondre autrement que statistiquement. Et statistiquement, vos chances sont de 0%. Mais après la virgule, il y a toujours effectivement quelques cas particuliers.

Cependant: en imaginant que vous arriviez à survivre : serez-vous dans les tous meilleurs ? (vous voulez faire de l'astrophysique, ok, c'est le top 10 chaque année de L1, L2, puis le top 1,2 en L3, M1, M2. Pas les années à 10.2 de moyenne.)
Puis, après votre master d'astrophysique, il vous faudra faire une thèse, car il n'y a pas de boulot en astrophysique pour un master dans cette discipline : vous ne saurez encore rien faire d'utile. Pas sûr que votre dossier inhabituel ne soit pas un gros frein (concurrence : étudiants de l'ENS, de l'X, et tête de promo masters physique fondamentale, aux dossiers académiques impeccables).
Imaginons encore que vous arriviez à décrocher une thèse malgré votre âge "avancé" et votre dossier particulier : et après? Les postes dans ce domaine sont ultra-rares, et les reconversions très très nombreuses...


Du coup, ma question à moi est un peu différente : êtes-vous prêt à tenter un parcours en sciences (donc repartir à zéro), sachant que vous aurez déjà "perdu" trois ans, et en mettant de coté l'aspect "astrophysique", qui est plus du domaine du rêve que du projet professionnel raisonnable?
Si oui, je vous conseille :
- une année de remise à niveau scientifique. Si cela se passe mal, retour fac éco en L3 (vous aurez validé votre L2)
- cela se passe bien : partir plutôt sur une filière courte (BTS / IUT) : vous assurez vos arrières avec un diplôme permettant d'avoir du boulot. Attention : dans votre cas, votre CV ne sera pas simple, même avec ce type de diplôme.
- si vous marchez bien : tenter une école d'ingénieur. Si moins bien, éventuellement une licence pro.
- avec ce titre d'ingénieur, tenter des concours d'ingénieurs d'études dans un domaine connecté à l'astrophysique si c'est possible, pourquoi pas.

C'est à mon avis le parcours le moins "casse gueule" que vous puissiez imaginer. Partir en licence de physique/ physique pour l'ingénieur, c'est un risque énorme, sachant qu'il n'y a pas de diplôme très utilisable sur le marché du travail avant le niveau Master II (sauf à bifurquer en L3 pro).

Dans tous les cas, cette reconversion resterait un pari, et il vous faut vraiment bien réfléchir. (Je serais même tenté de dire qu'il faut peut être décaler votre projet d'un an : si vous obtenez une L3 en éco, il y aurait finalement un plus dans votre CV : - pas d'échec - un début de double compétence qui compensera un peu votre âge). Car tout ceci vous amène à licence éco à 22 ans, diplôme bac +5 en sciences à 27 ans, 28 si remise à niveau scientifique.

Bonne réflexion,

Cordialement.

[johnnyjet]

Je voudrais te faire part de mon témoignage car je me reconnais dans ta question. J'ai obtenu un bac STT (ancien nom de ST2G) en 2003 après un parcours assez chaotique. J'ai sauté mon CP, connu diverses exclusions temporaires et une définitive en quatrième, et j'ai même fini par redoubler ma première STT en ZEP pour cause d'ennui mortel et de désintéressement total. Comme toi, j'étais passionné de vulgarisation scientifique, fasciné par la relativité restreinte notamment, mais je ne faisais tout simplement pas le lien avec les cours. Je préférais faire de l'informatique chez moi sans me soucier de mes résultats scolaires.
Après mon bac, j'ai quand même voulu tenter l'aventure à la fac, m'étant vu refuser mes demandes en IUT informatique pour cause de dossier très peu reluisant. Il y avait à Versailles une année d'adaptation qui s'appelait l'année d'initiation et d'orientation, qui permettait aux non bac S de rattraper leur retard et de découvrir des notions non vues comme les nombres complexes ou des éléments de chimie. J'ai par la suite décidé de me lancer dans une licence de physique.
J'en ai chié, si je puis me permettre, notamment en maths où je n'ai jamais tout à fait rattrapé mon retard, mais je pense m'en être bien sorti. J'ai fait un master 1 de physique général, puis un master 2 recherche en physique subatomique. Cette fois, j'avais visé trop gros niveau mathématiques : j''ai décroché en M2 et abandonné durant mon stage, ne voyant pas d'avenir là dedans. J'étais agacé que mes collègues fassent leurs calculs sans ne plus rien comprendre au fond des choses, ce qui était absolument nécessaire pour moi. J'ai enseigné ensuite un an les mathématiques en collège et refait un master plus appliqué en calcul scientifique et modélisation. J'ai achevé ma thèse de doctorat en janvier dernier, et je suis actuellement chercheur post doctoral dans un laboratoire à l'Inserm où je travaille dans le traitement des images médicales. Je pense avoir fait une bonne thèse, avec de bonnes publications et j'ai, selon la plupart de mes supérieurs, de bonnes chances d'obtenir un poste d'enseignant chercheur dans les prochaines années.

Ce que je veux te dire avec tout ça, c'est que rien n'est impossible si tu t'accroches. J'ai tout à fait conscience que mon cas est rare, mais rien n'est impossible. La principale difficulté est bien sûr mathématique, mais tu peux le faire.
On n'a qu'une vie, il faut aller au bout de ses rêves.

Si tu veux, on peut en discuter davantage en MP


Amicalement,
Vincent

[agitateur]

Salut,

En transposant le cas de johnnyjet à canismejoris, il n'en reste pas moins qu'en étant en post doc astrophysique, le bout du tunnel serait encore statistiquement loin, avec une grande majorité de chance de déboucher sur ...rien ou pas grand chose dans la filière par la suite.
En outre, les math "abstraites" ont posé problèmes et en astro y'en a quand même plus qu'un peu...

Projet courageux à saluer que celui de canismejoris, mais il faut avoir le sens du risque...

[van_fanel]

Bonsoir,


Cependant: en imaginant que vous arriviez à survivre : serez-vous dans les tous meilleurs ? (vous voulez faire de l'astrophysique, ok, c'est le top 10 chaque année de L1, L2, puis le top 1,2 en L3, M1, M2. Pas les années à 10.2 de moyenne.)
Puis, après votre master d'astrophysique, il vous faudra faire une thèse, car il n'y a pas de boulot en astrophysique pour un master dans cette discipline : vous ne saurez encore rien faire d'utile. Pas sûr que votre dossier inhabituel ne soit pas un gros frein (concurrence : étudiants de l'ENS, de l'X, et tête de promo masters physique fondamentale, aux dossiers académiques impeccables).
Imaginons encore que vous arriviez à décrocher une thèse malgré votre âge "avancé" et votre dossier particulier : et après? Les postes dans ce domaine sont ultra-rares, et les reconversions très très nombreuses...

Je me permet de rebondir la dessus. Le reste du message je n'ai rien à dire mais cette partie est quand même assez exagérée. D'une part pour la licence. Pas besoin d'etre Top 10 chaque année loin de là. Il faut comprendre les notions vues et avoir des résultats pas trop mauvais en L3 (la seule année qui compte vraiment pour les admissions en M1). En gros etre dans les premiers 20-25% est amplement suffisant.
Pour la suite, l'année de M1 est importante. Le réussir est primordial pour avoir le choix du M2. Statistiquement les master d'astro sont loin d'etre les plus demandés (physique théorique, physique quantique et physique des particules sont des thématiques plus prisées des étudiants). En étant dans les 15-20% de la promo c'est suffisant pour avoir de bonnes chances d'etre pris. Pour le M2, ca dépend du M2 où l'on est. Pour certains, faire partie de la première moitié du classement suffit à avoir un financement (c'est le cas des tous meilleurs masters pour un tas de raisons). pour les master d'astro que je connais, je dirais dans les 4 premiers universitaires (car il ne faut pas oublier que la grande majorité des X et des normaliens ont leur propre système de financement s'ils n'ont pas trop merdé leur scolarité).

Pour l'après thèse, le fait de ne pas poursuivre dans l'astro est souvent vu de l'extérieur comme un échec (chose qui est assez drole quand on connait la mentalité du reste du monde sur l'après-thèse) mais pour beaucoup c'est un choix à part entière (non contraint par le nombre de postes ouverts chaque année). Le nombre de poste est famélique et il est impératif de savoir ce que l'on pourrait faire après. Les possibles reconversions sont légions. Une thèse d'astro c'est bien souvent énormément de prises et traitement de données (quand on ne fait pas de la théorie ou de l'instrumentation (type construction ou étude de détecteurs) c'est une partie importante du travail de thèse) et les compétences acquises se vendent plutot bien sur le marché du travail.