Le singe frondeur
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Le singe frondeur



  1. #1
    noir_ecaille

    Le singe frondeur


    ------

    Bonjour,

    Idée en l'air que je présente ici en guise d'amorce pour en apprendre plus sur nos origines


    Et si le proto-humain avait été un singe frondeur ?

    On constate autant chez l'homme que chez d'autres primates une capacité à saisir les objets mais peut-être plus encore à s'en servir comme projectiles. Le chimpanzé par exemple intègre ce geste dans des parades agressives. Si le geste paraît banal pour Homo sapiens, il semble peu répandu chez les autres animaux, du moins à ma connaissance.

    Les homininés et en particulier H. sapiens sont-ils des singes frondeurs ?

    Contrôler le point d'impact d'un projectile requiert certaines aptitudes :
    - puissance (= force + vitesse)
    - organes de visée (vision binoculaire, acuité visuelle, spatialisation)
    - précision du mouvement (une généreuse dose de neurones contrôles moteurs)

    Une fois ces capacités réunies, reste à trouver une cible et un projectile.

    Maintenant, pourquoi lancer de la "patte" plutôt que de la gueule ? Quelques raisons possibles :
    - stabilité des organes de visée afin de conserver un meilleur contrôle de la visée jusqu'au lâcher.
    - chez les homininés, le bras étant plus long que le cou, pour une vitesse angulaire identique on obtient plus de puissance au bout du bras qu'au niveau des mâchoires.
    - la main étant un organe spécialisé dans la préhension, meilleur contrôle du positionnement et du lâcher.
    - en position bipède, le lancé à une main autorise à se servir de l'autre bras comme balancier pour stabiliser le lanceur en mouvement (essayez le bowling avec vos deux bras, puis un attaché dans le dos). Dans les cas extrêmes, le lanceur peut même amplifier l'élan avec ses jambes (comme un lanceur de base-ball).

    Autre aspect intéressant : plus il y a de neurones contrôles moteurs, plus le mouvement bénéficie de précision et de dosage de puissance. C'est ce qui explique qu'un oiseau ne volant pas ni ne grimpant comme l'autruche possède un volume cérébral proportionnellement plus faible qu'une outarde ou un flamant rose. Cela expliquerait peut-être l'accroissement du volume chez les hominidés, ceux-ci ayant en parallèle affiné leurs talents d'outilleurs jusqu'à créer ou combiner des outils pour mieux fabriquer/améliorer/réparer d'autres outils.

    En fait à force de lancer des cailloux, on aurait finit par frapper des cailloux puis tailler des cailloux


    Quoique ce soit vraiment une vision simpliste et lacunaire... Éclairez-moi

    -----

  2. #2
    inviteccac9361

    Re : Le singe frondeur

    Bonjour,

    Citation Envoyé par Noir_ecaille
    On constate autant chez l'homme que chez d'autres primates une capacité à saisir les objets mais peut-être plus encore à s'en servir comme projectiles. Le chimpanzé par exemple intègre ce geste dans des parades agressives
    Tout à fait,
    le jeune chimpanzée est capable de saisir de manière innée un baton pour le lancer vers une menace.
    Ceci dit, je ne sais pas vraiment quelles conclusions on peut en tirer.

    Sinon, il existe aussi une différence entre l'utilisation et la confection des outils selon que les singes sont en captivité ou à l'état naturel.

    Citation Envoyé par Ethologie.unige
    [TOC-80] Les chimpanzés sont les seuls singes à utiliser des outils en nature. Ni les gorilles, ni les orangs-outans, ni même les bonobos ne le font!

    Par contre, en captivité, les orangs-outans sont d’extraordinaires utilisateurs d’outils. Ils font même des méta-outils: des outils pour fabriquer des outils (comme faire une lame pour couper une corde qui sert à prendre de la nourriture).

    Il en va de même pour les bonobos.

    Les chimpanzés captifs utilisent une immense variété d’outils et d’instruments (cf. Jody), jusqu’aux jeux vidéo!!!

    Il y a là quelque chose à creuser... A ce jour cette différence entre nature et captivité reste inexplicable. Il n'y a pas de différences d'écologie suffisantes entre ces quatre espèces pour expliquer leurs différences d'utilisation d'outils en nature, surtout qu'ils en ont les capacités en captivité! Comme le disent TOC-88:

    In all, there must be an interesting evolutionary story to tell about the tool use of nonhuman primates, but at present we don't know what that story is.

    Nous reviendrons plus tard sur l'idée qu'éventuellement toutes ces espèces disposent des capacités cognitives adéquates, mais que c'est l'immersion dans une culture (où on utilise, ou non, des outils) qui instancie ces capacités en utilisation d'outils.
    http://ethologie.unige.ch/etho4.08/p...2008.11.03.htm

    Le cerveau a une certaine plasticité permettant via l'usage des mains de faire un certain nombre de choses.
    Dans une "culture" dans laquelle la manipulation d'outils est sporadique, et non déterminante sur les capacités de survie (et de la capacité à fournir une descendance de manière plus générale), des capacités physiques et mentales plus performantes permettant de mieux manier ces outils n'ont, à mon avis, pas lieu d'être sélectionnées.

  3. #3
    noir_ecaille

    Re : Le singe frondeur

    Citation Envoyé par Xoxopixo Voir le message
    Le cerveau a une certaine plasticité permettant via l'usage des mains de faire un certain nombre de choses.
    Dans une "culture" dans laquelle la manipulation d'outils est sporadique, et non déterminante sur les capacités de survie (et de la capacité à fournir une descendance de manière plus générale), des capacités physiques et mentales plus performantes permettant de mieux manier ces outils n'ont, à mon avis, pas lieu d'être sélectionnées.
    Certes. Si un caractère n'est pas soumis à sélection (positive ou négative), rien ne favorise ni n'empêche sa transmission à sa descendance en tant qu'exaption

    Il pourrait s'agir d'un trait extrêmement vieux alors ; au sens qu'il remonterait au dernier ancêtre commun à la lignée des homininés, puisqu'il n'est a priori pas soumis à une évidente sélection positive -- auquel cas existerait aussi la possibilité d'une apparition multiple plus tardive de ce trait au sein des lignées soumise à un moment ou un autre à une contrainte commune promouvant ce type de caractère.

    Le cerveau étant un organe assez (très ?) plastique, peut-être que l'apparition d'un grand pool neuronal initialement dédié à une fonction octroie le potentiel d'utiliser tout ou partie de ce même pool pour d'autres fonctions/usages, éventuellement émergents/nouveau. Puis s'il y a sélection, de nouvelle spécialisation et de nouvelles émergences peuvent apparaître et se stabiliser au sein d'une population.

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